Il y a trois ans maintenant que j’ai réussi à m’échapper (littéralement) d’une relation toxique. Ce genre de relation où tu passes par une gamme d’émotions incommensurable, où tu ne te reconnais plus. Tu carbures seulement aux miettes que la personne «aimée» te donne. Souvent tu te juges, tu te demandes qu’est-ce que tu fais là, mais tu restes.

Mais pourquoi être restée? C’est une question que je me pose encore parfois. En vérité, je n’ai jamais vraiment compris ce qui s’est passé dans ma tête. Tout ce dont je me rappelle, c’est d’avoir ressenti une violence si forte à l’intérieur de moi, comme si on m’avait bousillé le dedans et que j’avais tout simplement laissé faire la personne. Partir était assurément la solution, mais pourquoi ne pas y être arrivé plus tôt?

femme pensée difficile seuleSource image: Unsplash

Sans me vanter, j’ai toujours été LA fille avec une tête sur les épaules, rationnelle, qui donne toujours des bons conseils bien réfléchis, qui sait se mettre à la place des autres. Alors pourquoi moi? J’aurais été la première à sortir de force une amie qui aurait vécu ce genre de relation. Alors pourquoi ne pas m’être sortie de là moi-même? C’est en le vivant que j’ai compris à quel point c’est difficile de partir et à quel point la violence et l’abus psychologique peuvent être dommageables pour un être humain. Jamais j’aurais cru que je pouvais développer autant de violence et de colère à l’intérieur de moi. C’est comme du poison qui une fois bien installé dans ton corps, le quitte difficilement. J’étais en colère contre cette personne, mais aussi contre moi, de rester et d’espérer. Parfois, je me sentais coupable aussi. Aujourd’hui je me suis pardonnée.

Je me souviens avoir eu un besoin criant d’en parler. J’étais perdue, perturbée et j’avais besoin de soutien. Certaines personnes à qui j’ai raconté ce que je vivais ne comprenaient pas (avec raison) et trouvaient à la limite que j’exagérais peut-être un peu, car pourquoi rester dans cette relation si la personne était SI pire que ça? Je le voyais dans leurs yeux, dans leur silence, qu’ils ne savaient pas quoi me dire. Je ne leur en veux pas, j’étais moi-même dans le néant. Je doutais de moi et j’ai fini par croire à un moment donné que peut-être bien que j’exagérais finalement. Et puis il y a eu ces ami(e)s qui m’ont soutenue sans me juger. Certain(e)s l’avaient déjà vécu et me comprenaient et d’autres me croyaient tout simplement. Leur soutien et leur écoute étaient comme un petit cocon de douceur dans lequel t’as envie de te mettre en petite boule et d’attendre que la tempête passe.

Mon but en écrivant ces lignes n’est pas de raconter étape par étape ce que cette personne m’a fait subir psychologiquement (mensonge, tromperie, manipulation, chantage émotif, abus psychologique). Avec cette vague de dénonciations qui bombarde les réseaux sociaux, je veux simplement que les personnes qui vivent un abus psychologique de quelconque façon sachent qu’il y a un après et qu’il peut certainement être beau et plus doux. Je ne vous cacherai pas que la route pour s’y rendre est parfois chaotique et longue, mais je vous entends, je vous crois et je ne vous juge pas. Ne soyez pas trop sévère envers vous-même. Vous valez bien plus que ce que vous pensez et ce même si cette relation vous a tirée (ou vous tire) vers le bas.

coeur noir partage relation homme femmeSource image: Unsplash

La violence psychologique ne laisse aucune trace visible à l’oeil nu, elle est sournoise et laisse place à beaucoup trop d’interprétation. Encore aujourd’hui, je réalise que j’ai des séquelles ici et là qui refont surface. Étant de nouveau en couple, je suis assurément plus craintive qu’avant, probablement moins patiente aussi (j’imagine mon homme hocher de la tête avec un petit sourire en coin), mais j’ai un énorme bagage que je vais pouvoir me servir pour aider d’autres personnes. Parce qu’au fond, l’important c’est de se soutenir les uns les autres.

L’abus, peu importe la forme qu’il prend, c’est non.

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