Je n’ai jamais été bonne, moi, pour entretenir mes amitiés. Et de toute façon, ça sonne bien mal «entretenir».

J’ai toujours été la fille relativement sociale : celle qui va à quelques sorties par mois, qui sort aux gros partys de fin de session et qui possède son petit groupe d’amis habituels. Pourtant, quelque chose de bien spécial me distingue: je change toujours d’amis. Dans le genre à chaque année ou presque. Au secondaire, j’ai changé de gang au moins trois fois, au primaire, on en parle même pas. Rendue au cégep, je pense que j’étais un peu perdue dans ma définition de l’amitié : je me suis retrouvée seule. J’étais en couple, donc ça allait. Jusqu’au moment où j’ai commencé l’université : j’ai mis fin à ma relation, j’ai perdu contact avec tous mes amis du cégep et j’ai recommencé à neuf.

Est-ce que je me suis sentie seule, vous vous demandez? Oui, comme jamais auparavant. Est-ce que j’ai regretté de ne pas avoir entretenu mes amitiés? Oui.

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Se faire des amis à 20 ans quand t’en a toujours eu et que ça fait plusieurs années que tu n’as pas dû tout recommencer à neuf, complètement, c’est difficile. Tu te demandes comment faire et tu t’imagines comme à la maternelle :

- Allo, moi c’est Éloïse
- Allo, moi c’est Sarah, veux-tu être mon amie ?
- Oui.

Imagines-tu, si on se faisait encore des amis comme à la maternelle, comment ce serait facile?

Le fait est que ce n’est pas le cas, que tout le monde a déjà des amis au début de la vingtaine (du moins j’ose le croire), et que je ne savais vraiment pas comment m’y prendre. Après quelques semaines pourtant, je me suis retrouvée avec des filles comme moi, nouvelles dans cet environnement qu’est l’université, avec des millions de questions et peu de personnes pour y répondre. Ensemble, nous avons affronté notre première année d’université, passé au travers des cours interminables, des profs qui nous demandent des trucs pas possibles et des groupes de discussion clairement non intéressants.

À la fin de la première année, je me suis demandée ce qui allait se passer. Les vacances d’hiver avaient été comme un pré-test : nous ne nous étions pas vues. L’été, c’est toujours le vrai test, parce que quatre mois sans se voir c’est plutôt long. Mais j’avais espoir, parce que dans la dernière session, nos liens s’étaient resserrés. Ensemble, on avait étudié des dizaines d’heures, on avait mangé des dizaines de fois les bons repas de mon amie, on avait eu des fous rires bien trop longs en regardant recettes pompettes (allo Éric!), on avait nos inside jokes sur nos profs et on se racontait nos histoires de date improbables!

J’avais donc décidé, que cette fois-ci, j’allais entretenir mes amitiés. Et c’est quoi, dans le fond, entretenir une amitié ? J’ai de difficulté avec ça, parce que je suis relativement indépendante. Il y en a qui ont une meilleure amie depuis toute jeune, une «sœur de cœur » avec qui elle passe la majorité de leur temps. Il y a en aussi qui ont le même groupe d’amis depuis le secondaire, même si tout le monde a déménagé ailleurs. Et il y a moi, qui suis du genre à texter mes amis aux six mois.

J’ai pourtant changé. Je suis passée de six mois à deux ou trois semaines au maximum. J’ai pris des nouvelles de mes amies plus souvent. Je me suis informée de leur projet, de leur emploi, de leur famille. J’ai appris à relativement connaître leur horaire, pour savoir quels soirs elles sont plus susceptibles d’être dispos.

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Le plus important, c’est que j’ai organisé avec mes amies des soupers ou des activités tout l’été, pour qu’on se voit et qu’on partage de bons moments. Parce que j’ai appris que c’est ça, entretenir notre amitié. Ce n’est pas de se texter chaque jour, ni de savoir chaque parcelle de la vie de mes amis,  mais c’est d’avoir de bons moments, et de les partager. On a fait du kayak à de bien nombreuses reprises, nous sommes sorties danser ou prendre un verre, on a cuisiné et beaucoup mangé, on a même fait un potluck de fin d’été!

Maintenant, mes amies sont toujours là pour moi et moi pour elles. Je suis partie pendant cinq mois pour un échange étudiant, et j’étais hyper stressée qu’on se perde de vue, surtout que maintenant qu’on avance dans notre programme, nos cours ne sont plus les mêmes. Pourtant, je ne suis pas revenue qu’on prévoit déjà notre souper du temps des Fêtes, nos prochaines sorties, et nos plans pour l’hiver. J’ai appris à avoir de vraies amies.

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