L’adolescence est souvent perçue comme une rupture, un moment où l’enfant se transforme en un jeune adulte.
Mais en réalité, ce passage se fait en silence, lentement, presque imperceptiblement. À travers le regard de Léa, ma fille, j’ai appris que cette transition commence bien avant ce que l’on imagine. Ce n’est pas un événement soudain, mais un processus subtil où l’enfant se redéfinit, tout en continuant à se chercher et à se comprendre. C’est aussi un chemin qui transforme les parents, car chaque étape de cette évolution nous fait grandir à notre tour.
L’adolescence, un processus en douceur
À 12 ans, Léa est officiellement une ado. Mais pour moi, ce passage a commencé bien plus tôt : elle avait 9 ans quand elle a eu ses premières règles. Depuis, l’adolescence n’a pas fait irruption d’un coup. Elle s’est installée en douceur, progressivement, presque imperceptiblement. Ce n’est pas un changement brutal, mais une transformation lente, qui se manifeste bien avant ce qu’on imagine. Léa n’a jamais été une enfant « classique ».
Elle n’était pas du genre câline ni rieuse à l’excès. Elle a toujours été sérieuse, mature, indépendante. Une enfant avec une grande sagesse naturelle, qui m’a souvent fait oublier son âge. Mais même les enfants les plus matures traversent un bouleversement profond à l’aube de la puberté. Le corps change, les pensées se complexifient, les émotions deviennent plus intenses. On passe de l’enfance à l’adolescence sans qu’il y ait une frontière claire entre les deux.
Le rôle des parents : être là, sans tout contrôler
En tant que parents, ce passage est tout aussi déstabilisant. On cherche à comprendre, à aider, parfois à contrôler… Mais c’est là qu’on se trompe. Écouter, vraiment écouter, ce n’est pas contrôler. Ce n’est pas analyser ou juger. C’est créer un espace de silence en nous pour accueillir ce que notre enfant essaie de nous dire — avec des mots, des silences, des regards. Être là, tout simplement, sans forcément avoir toutes les réponses. Je crois profondément que tout commence dans notre cœur.
Notre capacité à offrir à notre enfant un espace de sécurité émotionnelle où il peut se sentir compris, validé et libre de partager ce qu’il ressent. Leur apprendre à s’écouter eux-mêmes, à se faire confiance, à légitimer leurs émotions. Les aider à mettre des mots sur ce qu’ils traversent, sans jamais les juger.
L’enfant, un miroir de soi-même
Parce que l’adolescence, ce n’est pas seulement une question d’hormones ou de crises. C’est avant tout une quête d’identité, une recherche de soi et un besoin immense d’être reconnu pour ce qu’on est. Notre rôle, en tant que parents, c’est d’accompagner ce processus. D’être un point d’ancrage, une boussole bienveillante, mais sans tenter de tout contrôler. Mais tout cela, je ne l’ai pas appris dans des livres. Je l’ai vécu, ressenti, assimilé avec le temps.
C’est une expérience qui se vit, pas qui s’apprend à l’avance. Bien sûr, se préparer intérieurement, comprendre ses propres mécanismes en tant que parents, c’est une force. Mais avoir un enfant, c’est l’un des plus grands apprentissages qu’on puisse vivre. Et surtout, c’est un miroir, un miroir de nous-mêmes. L’enfant naît pur, merveilleux. Et plus il grandit, plus il nous fait voir — voir en nous. Il révèle nos blessures, nos peurs, nos croyances enfouies. C’est parfois déstabilisant, souvent confrontant, mais toujours porteur de transformation. Léa me fait grandir chaque jour. Elle m’apprend sur moi-même autant que je l’accompagne dans ses découvertes. C’est fou, c’est magique, et oui, parfois ce n’est pas facile. Mais quel cadeau d’évolution.
Une évolution partagée
La transition de l’enfance à l’adolescence est un chemin que l’on parcourt ensemble, enfant et parent. Chaque étape de cette évolution nous pousse à grandir et à nous redéfinir. Être parent est un apprentissage constant, et accompagner son enfant dans sa quête d’identité est un voyage aussi enrichissant que transformateur. Et vous, comment vivez-vous ce passage de l’enfance à l’adolescence avec vos enfants ?
Image de couverture de Jimmy Kovacic