Faux pas à la job

Ça vous est déjà arrivé de faire un faux pas dans une situation au travail ? Prenons une réceptionniste nouvellement arrivée à un hôtel, l’Hôtel Lévesque, par exemple. L’été dernier, elle travaillait à l’Auberge sur mer, au même poste. Première journée, ses acquis de réceptionniste sont toujours présents et tout se passe bien. La deuxième journée, elle rentre travailler et, au premier appel, elle utilise le nom de l’Auberge sur mer plutôt que de l’Hôtel Lévesque. Elle se reprend aussitôt en prenant cela à la légère par l’autodérision. Par contre, le client au bout du fil a l’impression qu’elle manque de professionnalisme et finit par se plaindre auprès de l’employée.

Permission de juger ? Pas accordée

Cette personne peut-elle vraiment juger les compétences de cette réceptionniste sans même savoir la raison de cette erreur et qu'elle n'ait pas le droit de se tromper? Non, pas à mon avis. Pourquoi? Parce que cette personne est humaine et a d’anciennes habitudes de son ancien travail qui se reflètent dans son nouveau. Si on ne peut pas prendre en riant les « faux pas » de quelqu’un parce qu’on prend la situation au sérieux en s’insultant du « manque » de professionnalisme, c’est qu’on est bien trop exigeant envers autrui, et probablement envers soi-même. En tant qu’humain, il arrive de se tromper, de déraper, de perdre la carte dans toutes les sphères de la vie puisque nous sommes en constant apprentissage.

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Le 4e mur du professionnalisme

Vous savez ce mur invisible au théâtre qui se fait appeler le 4e mur ? Pour ceux qui ne s’y connaissent pas, le 4e mur est un mur imaginaire entre les spectateurs et les acteurs qui fait une séparation entre les deux univers. Résultat: c'est comme si les acteurs ne sont pas regardés parce que les spectateurs n’existeraient pas, pour faire plus réaliste. Au travail, j’ai l’impression qu’il y a un genre de 4e mur, comme si le rôle dans lequel nous sommes ne permet pas de dire que, par exemple, une secrétaire est tout de même une personne à la base.

Il s'agit bien de la réalité qui se produit entre la réceptionniste et le client et non une pièce de théâtre puisque ce sont tous deux des êtres humains, malgré la position qu’ils occupent. Le professionnalisme est trop souvent associé à du sérieux, qu’on doit faire preuve d'expertise, qu’on doit être parfait dans la tâche qu’on exécute. Par contre, le professionnalisme pour moi, c’est autre chose. C’est de faire un suivi avec les clients, un accueil chaleureux, de faire sentir que le client est important pour notre business, d'être humain ensemble, quoi.

Des machines humaines parfaites ?

Mais si on est tout le temps parfaits, sommes-nous réellement nous-mêmes, voire digne de s’appeler humains ? Non, autant se comparer à une machine. Ce serait peut-être mieux des machines pour faire ces jobs, car elles, elles ne font pas souvent d’erreurs, mais j’vais te dire qu’à l'épicerie, si tu ne mets pas ton article dans le sac maintenant, il y a sûrement quelque chose qui va exploser à quelque part parce que la caisse libre-service y tient en s’il vous plaît. L’élément clé pour l’arrêter dans sa panique, c’est un employé qui doit venir lui susurrer des mots d’amour en cliquant sur la bonne touche. Comme quoi les machines ont besoin d’un humain, qui fait plus que seulement exécuter une tâche, qui comprend que la situation n’est pas grave et que rien ne va sauter.

On voudrait savoir avant de savoir

On ne peut pas être non plus le meilleur à notre poste si on vient de commencer puisqu’on apprend à faire de nouvelles choses qu’on avait jamais exécutées avant. On ne peut pas savoir ce qu’on ne sait pas. Si quelqu'un donne son 100% de ce qu'il est en mesure de faire, et ce 100% peut varier selon les journées, selon les événements dans sa vie personnelle, c’est tout ce qui compte réellement.

Par cette application, c’est là qu’on voit la façon de travailler de l’individu, ce qui ajoute sa couleur propre à lui, car si tout était parfait, on rirait de quoi ? Si personne ne se trompait quelques fois, on serait tous pareils et on ne pourrait pas rire des conneries de soi et d’autrui. C’est ce qui nous unit, rire et être complices. Donc, arrêtons d’exiger aussi à soi-même d’être parfaits, car il n’y a que des apprentissages, pas d’erreurs.

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Mais de quoi on a l'air si on se trompe ?

Faisons-nous confiance plutôt que de se demander de quoi on a l’air, si on est corrects de faire ça de cette façon, si notre accoutrement paraît bien, si, si, si… Et ça vaut aussi bien pour le client. Pas capable de bien formuler ta demande ? Pas de soucis, ça arrive sûrement à 1000 autres personnes, car si ça t’arrive à toi, ça arrive forcément à d’autres.

À l'école, on apprend aussi

Je parle du cadre professionnel, mais ça vaut aussi pour le cadre scolaire. Ris de toi parce que tu ne trouves pas la réponse quand le prof te le demande et assume tes questionnements en les posant devant la classe parce que ça va en réveiller une couple et même si ça le fait pas, au moins t’auras réponse à ton incertitude.

Tout le monde a le droit de se tromper pour s’améliorer après, donc le prof a aussi le droit de se tromper. Pis en même temps, pourquoi on se soucierait de comment les autres étudiants nous verraient si on n’est même pas dans leur tête pour le savoir ? Même, pourquoi voudrions-nous donner le pouvoir aux jugements des autres sur nous parce qu’on serait ignorants d’un tel sujet ? Le savoir aide, mais ne prouve pas l’intelligence d’une personne.

Alors s’il nous plaît, montrons que nous sommes humains, assumons-le. Il n’y a personne qui va nous noter sur une performance de personnalité ! Détendons-toi et apprenons à fond en se plantant. Après, on va être fiers de nous d’avoir osé et d’avoir compris tout ça par et pour nous-mêmes.

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