Encore un débat sur le corps 

Le corps de la femme est un enjeu qui ne cesse pas d’être discuté maintes et maintes fois sur la scène publique. Depuis le début du 20e siècle, ce corps s’est émancipé, il s’est libéré un peu de toutes les restrictions et répressions qu’on s’efforçait de lui imposer. Les femmes ont pris conscience de leur importance et ont commencé à revendiquer les droits, des droits fondamentaux comme le droit au vote et à l’éducation, le droit à l’égalité et à l’équité.

Mais avec la montée des politiciens de la droite, on dirait que le féminisme connait un recul. On dirait que contre nous, nous retrouvons des mœurs misogynes, un vieux patriarcat répugnant qui dit encore et encore à la femme quoi faire ou ne pas faire avec son corps.

Ce corps, il n’appartient à personne à part aux femmes. Pourtant, des personnes se regroupent dans leur grand bureau pour leur imposer des limites, pour leur imposer des visions, des désirs. Parce que, ce corps, tu n’as pas le droit de le trop montrer, sinon tu es aguicheuse, ce corps tu ne peux pas non plus trop le cacher, sinon tu es prude, ce corps il ne peut pas être musclé parce qu’il pourrait nuire aux hommes à la masculinité fragile.

Et l'Alabama qui en rajoute

Vous avez sûrement entendu parler de la loi sur l’avortement adopter en Alabama. 25 sénateurs républicains, 25 hommes républicains, pas une seule femme ont décidé que si un bébé vit à l’intérieur de ce corps, tu dois le laisser là, même s’il est là à cause d’un viol ou d’un inceste. C’est la loi. Cette loi, la plus répressive des États-Unis en ce qui concerne l’avortement, prévoit aussi des peines qui vont jusqu’à l’emprisonnement à vie pour les médecins qui pratiquent des interruptions volontaires de la grossesse.

Comment-en sommes-nous arrivés à ça ? Je sais que l’Alabama est un État américain extrêmement conservateur ? Toutefois, je crois que tout le monde a été surpris que l’on enlève aux femmes le droit fondamental de décider quoi faire de leur corps et de leur vie.

L’organisation féministe américaine National Organization for Women a qualifié la loi d’« inconstitutionnelle ». Elle estime que sa mise en application « renverrait les femmes de l’État aux jours noirs durant lesquels les parlementaires contrôlaient leur corps, leur santé et leur vie ». L’Association de défense des droits civiques (ACLU) a annoncé d’empêcher l’application de cette loi. Son objectif est d’aller en Cour suprême des États-Unis. Cependant, avec une Cour suprême aux valeurs très conservatrices, on doute que cela ait un effet.

Sarah Kate Silverman, une actrice, humoriste, productrice et compositrice américaine a également réagi sur Twitter : « 25 hommes blancs viennent de décider ce que les femmes peuvent ou ne peuvent pas faire de leurs corps et de leurs vies. (Les hommes sont responsable de 100 % des grossesses non désirées. », a-t-elle.

Quelques statistiques

Tout ça est encore plus alarment lorsque nous regardons les statistiques de la RAINN (le réseau national Rape, Abuse & Incest), une organisation américaine contre les agressions sexuelles.

Selon ces statistiques, 90 % des adultes victimes d’agression sexuelle sont des femmes. Toujours selon ces statistiques, les femmes âgées de 16 à 19 ans sont le plus susceptibles d’être victimes de viol ou d’en être témoins. Les femmes âgées de 18 a 19 ans qui sont étudiantes universitaires sont 3 fois plus susceptible de subir un viol.

Dr. Yashica Robinson, une obstétricienne et gynécologue qui vie en Alabama pense que cette loi pourrait, plus sérieusement affecter les femmes à faible revenu et les femmes de couleur qui ont, malheureusement,  statistiquement mois accès au soin de santé aux États-Unis.

grossesseSource image : Pexel

Mon corps, mes décisions

Je trouve ça tellement dégoutant qu’après tout le chemin que l’on a fait, on se retrouve encore à discuter de ce vieux débat. Je trouve ça encore plus ignoble et déplorable que ce soit des hommes qui aient voté cette loi. Je ne dis pas que l’avortement va mettre fin au traumatisme d’avoir subi un viol, seulement, les femmes devraient avoir le choix. Des hommes qui n’auront jamais aucune idée de ce que ça fait de porter un enfant.

De quel droit se permettent-ils de décider de ce qui doit grandir ou non dans notre corps, de quel droit ne nous laissent-ils pas décider si nous sommes prêtes ou non à être maman ou même si nous le voulons?

Le corps de la femme, encore une fois, est traité comme un objet, il ne lui appartient pas, il appartient aux autres, à la société et libre à lui d’en faire ce qu’il veut. Pourquoi est-ce que c’est si facile de laisser aux hommes la possibilité faire ce qu’ils veulent faire de leur corps et si difficile de faire la même chose pour le sexe opposé ? Pourquoi les femmes ne pourraient-elles pas avoir la possibilité de décider pour les choses qui la concernent. C’est simple, non?

Image de couverture : Unsplash

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