Mon rêve le plus fou serait de retourner dans le passé et de retourner à ma première game de flag football, quand j’avais quinze ans. Ce jour-là, je me suis levée plus qu’excitée d’aller jouer ma première partie avec mon équipe de feu. Ce jour-là, je ne pensais pas que ce serait le début d’un enfer. Ce jour-là, je ne pensais pas que j’allais me déchirer le ligament croisé-antérieur et le ménisque du genou droit. Ce jour-là, j’ai souffert le martyr comme jamais (je ne souhaite même pas à mon pire ennemi de subir cette douleur). C’est dur à expliquer comme douleur, faut que tu le vives pour comprendre (pis j’te jure que ça te tente pas). Je partage mon expérience avec vous, parce que je sais que plusieurs ont vécu quelque chose de semblable et qu’ils trouvent ça dur, parce que ce l’est. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait au moment de l’accident, je pensais que j’avais une entorse ou de quoi du genre et que la semaine d’après j’allais être correct.

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C’est maudit une déchirure du genou, quand tu ne sais pas ce que t’as et quand tu sais pas quel spécialiste aller voir, parce qu’après une semaine il ne te fait plus mal et tu penses être guérie. Le physiothérapeute que j’ai rencontré m’a fait deux ou trois exercices en me disant que j’allais être correct. C’est donc ce qui m’a poussé à jouer ma partie de soccer un mois après. Je dois sûrement avoir empiré ma blessure cent fois plus! Après être allée consulter un physiothérapeute, mon médecin et un ostéopathe, on m’a finalement dirigée vers le bon spécialiste : un orthopédiste. Elle m’a annoncé que j’avais le genou déchiré à 100 % (ligament croisé-antérieur et ménisque) et m’a demandé comment je faisais pour marcher, vue ma situation (je l’sais bin pas moi non plus!) L’accident est arrivé en 2010 et mon opération a eu lieu en 2012 (ça veut dire 2 ans à subir un genou qui débarque sans arrêt). L’opération, c’est deux mois en béquilles, six mois de réadaptation trois fois par semaine et un an sans sports (je fais du sport depuis que je sais marcher, alors imagine…)

Mai 2014, toute excitée de recommencer à jouer au soccer : ce jour-là, je me suis levée plus qu’excitée de recommencer le sport que j’aime le plus au monde. Ce jour-là, je ne pensais pas que ce serait la renouvellement de mon enfer. Ce jour-là, je ne pensais pas que j’allais me déchirer le ligament croisé-antérieur et le ménisque de L’AUTRE genou. Ce jour-là, j’ai souffert le martyr comme jamais, encore. À mon grand désarroi, je pensais que ma vie s’arrêtait là, je ne comprenais pas que ça pouvait m’arriver ENCORE! Une autre année à attendre une autre opération et à subir un genou qui débarque en s’enfargeant dans le tapis et en se cognant le p’tit orteil su’l coin d’un meuble. Une autre année à ne pas pouvoir faire de sport, un autre six mois à faire de la réadaptation physique (la fille en avait ras le pompon je vous le dis). Les gens me disaient: « Un c’est bien, mais deux c’est mieux! » ou bien : « Ayoye comment tu fais pour pas faire de sport? Moi je ne serais pas capable!! ». Petit A, ce n’est pas moi qui a décidé, c’est mon médecin et c’est la procédure. Petit B, si je veux guérir comme il faut, je n’ai pas le choix. C’était donc vraiment difficile de me ressaisir avec tous ces commentaires qu’on me disait.

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À travers ça, j’ai dû me redécouvrir, me trouver de nouvelles passions et laisser le soccer de côté. Je ne jouais peut-être pas pour l’équipe canadienne, mais quand c’est ta passion, ce l’est un point c’est tout et ça ne se discute pas. Il y en a plein de sportifs de haut niveau qui ont passé par là et qui ont recommencé à jouer, mais pour moi c’était inconcevable, qu’après toute la douleur que j’ai dû endurer pendant cinq ans, de prendre le risque de me blesser encore. J’ai trop souffert. Encore aujourd’hui, tous les sports pratiqués sont dangereux, je dois donc y aller avec modération, car oui j’ai des problèmes avec mes genoux et j’en aurai toujours. Plusieurs en ont ri, ne sachant pas que tout ça, c’est une étape vraiment difficile à vivre. Je sais que je ne suis pas la seule à qui tout ceci est arrivé, alors toi, à qui c’est arrivé et qui me lis en ce moment, ne te décourage pas s’il-te-plaît (je te le demande poliment en plus), c’est une épreuve comme une autre au final. J’ai trouvé autre chose qui me passionne et il y a tellement à voir dans le monde qu’un jour, tu finis par en rire et mettre ça derrière toi.

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