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Tout d’un coup, j’ai eu une surprise, mon chum est arrivé dans ma chambre avec un petit lit de bébé. Il la déshabille pour que je puisse faire du peau à peau avec elle. Je pleure de joie! J’examine mon corps et je réussis à trouver un petit trou malgré tous les fils pour la mettre sur moi… Est-ce que je peux l’allaiter? J’ai tellement eu de médicaments qu’il faut vérifier si c’est possible de lui donner mon lait… Ce petit moment avec eux passe tellement vite, ils doivent déjà retourner à la maternité… Je suis motivée à aller les rejoindre.

C’est le matin, une dame vient me voir pour me laver, OMG, je ne pensais pas me faire laver par quelqu’un à 34 ans… Mais en même temps, je suis clouée au lit et il me semble que ça me ferait le plus grand bien. Je vois mon corps qui ne semble pas être le mien, gorgé d’eau, j’ai le cœur gros. Au courant de la journée, j’ai eu quelques bonnes nouvelles : on me retire enfin cette voie centrale, un cathéter branché à mon cou qui se rend à mon cœur… Enfin peut-être que je vais pouvoir espérer être transférée avec ma famille. Avec un petit changement de médicaments, j’apprends que je vais pouvoir donner mon lait à mon bébé, alors je demande un tire-lait. Mon corps est peut-être bien enflé, mais mes seins sont morts, complètement vides… Je finis par réussir à tirer quelques gouttes, c’est toujours ça. Nous transférons mon lait à mon chum pour qu’il puisse le donner à notre bébé.

La journée passe et je souhaite toujours retrouver ma famille, bien que le personnel des soins soit plus qu’adorable avec moi, ma famille me manque. Ma mère vient me voir avec ma grande fille de 8 ans, mais elles doivent quitter : trop de cas lourds aux soins, et c’est 12 ans et plus. Mais au même moment j’apprends que je suis finalement transférée!!! Je suis plus qu’heureuse! Un autre petit tour en civière dans l’hôpital, la préposée ne sait pas trop par où passer. « C’est rare que nous transférions une patiente des soins intensifs à la maternité », me dit-elle. Nous rentrons enfin dans ma chambre, ma minuscule chambre privée. « Comment ils vont entrer ma civière là-dedans », me dis-je. Finalement, on me transfère de lit : enfin je suis avec ma famille… toujours clouée au lit, mais au moins je suis avec eux.

maman et bébéSource image: Nadia Tatonetti

Le lait de papa

Je réalise que je n’ai jamais changé de couche à mon bébé. C’est quand même fou tout ça! Je ris, je pleure, je passe par une gamme d’émotions. Je regarde mon chum tout faire avec la petite pis je le trouve vraiment bon, ils ont déjà leur petite routine ensemble. Quand elle se réveille, il la prend, me la donne, je la mets au sein… Elle le prend malgré qu’elle n’en récolte pas grand-chose. Après le petit lait de maman, papa complète avec la formule que je m’amuse à appeler le petit lait de papa. On me dit que chez les grands transfusés, nous avons une chance sur deux que l’allaitement fonctionne, mais je ne lâche pas prise malgré tout. On m’annonce que je vais devoir avoir une autre transfusion.

Ma gynécologue A.B vient me rendre visite lorsqu’elle apprend tout ce qui m’est arrivé. Elle m’apprend que c’est une chance sur 10 000 qu’une telle histoire arrive, que j’ai eu de la chance d’avoir de si bons médecins… Ho! Ça, je le sais et j’en serai éternellement reconnaissante.

bébé naissant tuque roseSource image: Nadia Tatonetti

Merci

J’ai finalement pris le dessus petit peu par petit peu. J’ai finalement réussi à allaiter, adieu la formule! J’en suis maintenant à plusieurs couches de changées. Je sais maintenant que ma fille est née à 19 h 37 le 8 mars, qu’elle pesait 7lbs3 mesurait 48,5 cm et son APGAR était de 10-10. Je sais aussi que si je suis là aujourd’hui pour m’occuper de ma famille, c’est grâce à notre merveilleux système de santé et aux médecins plus que compétents qui se dévouent pour sauver des vies. Il nous arrive de chialer sur notre système de santé lorsque nous attendons des heures pour notre médecin, mais je garderai toujours en tête maintenant que pendant que j’attends, celui-ci est peut-être au bloc opératoire en train de sauver une vie.

Merci à tout le personnel qui a pris soin de moi, un merci spécial à V.B, E.B et A.B pour leur travail exemplaire. Je ne vous oublierai jamais.

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