Je suis scénariste pour la télévision et le cinéma.

J’écris des films, des séries de fiction et même du documentaire. Le principal défi n’est pas de trouver l’inspiration, d’écrire de bonnes histoires ou encore de trouver un sujet. C’est de ne pas avoir à justifier la diversité de corps, culturelle, sexuelle et identitaire de mes personnages. En documentaire, je suis libre de faire ce que je veux, car l’importance des faits du sujet prime avant tout.

En fiction, c’est différent. Principalement en télévision (au cinéma, il y a beaucoup plus de liberté, je l’avoue).

En série de fiction pour la télévision, je dois encore défendre ma vision en ce qui concerne certains personnages. Quand je dis « défendre ma vision », je veux dire que je dois me battre pour garder des personnages dits différents (ici, lisez, qui ne sont pas Caucasiens et hétérosexuels).

Pourquoi? BONNE QUESTION.

La facilité de ramener ça à ce qui existe déjà est très commode et facile à faire. Pas par moi, mais par les gens de pouvoir au-dessus de moi, qui décide de ce qui va ou ne va pas dans votre télévision.

Faisons un exemple simple! 

J’écris une histoire. Disons, les aventures d’une famille de cinq (deux parents, trois enfants) qui vivent à Montréal à la suite du décès tragique de la mère, qui cachait un trésor enfoui sur une île déserte (on jase, mettons!). L’image que beaucoup s'imagine tout de suite est une famille caucasienne montréalaise « traditionnelle » ; Marc et Renée, parents de Maxime, Sara et Julie (toujours, mettons). 

Alors qu'ils pourraient très bien être des Québécois d’origine haïtienne, italienne, portugaise, etc. Ils pourraient être un couple de femmes ou de trans. Un des enfants pourrait avoir été adopté d’un autre pays et un autre pourrait être autiste ou en fauteuil roulant! Cependant, ce n’est pas la PREMIÈRE image qui apparaît dans la tête de ceux au-dessus de moi et qui prennent les décisions monétaires. Pour qu’ils l’imaginent, je dois l’écrire SPÉCIFIQUEMENT dans la bible de mes personnages, afin de m’assurer que la diversité existe dans votre télé.

Cela étant dit, je suis une optimiste! Sinon, je changerais de métier.

J’adore ce que je fais et chaque petite victoire, dont vous êtes vous-mêmes témoins en regardant notre contenu québécois, est une brique de plus sur le chemin de l’inclusion. Je ne veux pas pointer du doigt et accuser qui que ce soit de ce qui a été créé par le passé. Hey! Remercions-les d’exister, ça nous permet de savoir ce qu’il manque! Il suffit de corriger le tout!

Il faut travailler en équipe, car, soyons honnêtes, je ne peux pas tout changer toute seule. C’est stimulant de côtoyer d’autres artistes qui veulent faire évoluer la télévision québécoise et de travailler avec des producteurs qui choisissent des histoires innovatrices. Mais, vous aussi, vous pouvez nous aider.

Regardez les séries et les webséries qui sont différentes!

Recommandez-les à vos proches et vos amis, partagez les bandes-annonces sur vos réseaux sociaux. ÉCRIVEZ un commentaire sur les pages des chaînes de télé, sous des publications de projets inclusifs! Vous n’imaginez pas l’aide que ces simples gestes peuvent apporter au combat pour la diversité à l'écran.

Vous m’aidez à écrire plus rapidement des personnages où chacun est en mesure de se reconnaître. De jeunes téléspectateurs pourront voir un personnage non-binaire, bien en chair ou en situation d'handicap dans une série, pointer l'écran du doigt et se dire, hey, c'est moi ça! Tout cela, sans que j'aie à écrire une quête qui JUSTIFIE le fait que mon personnage soit non binaire, bien en chair ou en situation d'handicap. Il peut exister pour exister. Que ce soit sur pleurer à l'épicerie parce qu'il n'y a plus de canne de thon ou toute autre quête plus sérieuse. 

Au nom de tous les téléspectateurs qui ne se reconnaissent pas encore dans leur télévision, je vous dis, merci d’avance!

Source de l'image de couverture : Unsplash
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