Cher lectorat, es-tu prêt pour une histoire épique sur un bad trip de cannabis, un chum toxique, une meilleure amie un peu folle, un passage humiliant à l'hôpital et des fous rires ? Attache ta ceinture.

Tout a commencé il y a environ trois ans. À l'époque, j'étais en couple depuis deux ans avec un gars dont j'étais très amoureuse. Appelons-le Tony. À notre rencontre, c'était le coup de foudre instantané. Littéralement. Comme une décharge électrique qui traverse le corps lorsque vos yeux entrent en contact. Durant la première année de notre relation, notre première vraie relation sérieuse à tous les deux, tout était absolument magique.

Des sorties agréables, des baisers encore plus agréables, des orgasmes de feu, un avenir prometteur, de belles attentions...J'avais tout pour être heureuse en couple. Tony était devenu ma drogue. J'étais devenue sa deuxième drogue préférée, la première étant le cannabis. Je savais que Tony était un consommateur régulier de marijuana, mais au début cela ne me dérangeait pas vraiment parce qu'il était en contrôle de sa vie et semblait responsable par rapport à sa consommation quotidienne. C'était un skateur poteux sympathique.

D'ailleurs, moi aussi il m'arrivait à l'occasion de fumer des joints. J'en avais déjà consommés dans le passé, sans jamais dépasser la limite ou que cela ne m'affecte négativement. Bref, tout allait bien durant notre première année de couple. Pour notre anniversaire d'un an, on est même allés en Europe ensemble et on parlait de s'établir à long terme.

Néanmoins, au cours de ma deuxième année avec Tony, notre relation s'est graduellement assombrie. Je ne m'en rendais pas compte à l'époque, blâmez la naïveté ou l'aveuglement volontaire, mais sa consommation de cannabis devenait de plus en plus problématique. Par problématique, je veux dire qu'il en perdait le contrôle au point où il ne pouvait plus passer une seule journée sans en prendre, sinon il devenait très irritable et n'arrivait pas à fonctionner sans.

Évidemment, je lui avais fait part de mes inquiétudes à plusieurs reprises. Je lui avais même demandé de cesser ou du moins de diminuer drastiquement sa consommation pour son bien et le nôtre, car cela le changeait pour le pire. Même s'il m'affirmait qu'il allait le faire, il me mentait et ne changeait rien à ses habitudes. C'était pratiquement non négociable. J'ai innocemment avalé la pilule, en me disant que cela faisait partie des compromis à faire en couple.

De plus, malgré toutes ses belles qualités, Tony restait un gars maladivement jaloux, possessif, égocentrique et parfois agressif au point de puncher dans un mur ou de frapper violemment le volant de sa voiture pendant qu'il conduisait, devant moi. Par-dessus le marché, sa consommation de cannabis accentuait tous les traits que je viens de mentionner. Il pouvait piquer une crise de colère parce que j'allais me faire soigner chez un physiothérapeute masculin, parce que j'avais déjà eu des relations sexuelles avant lui (j'ai été sa première), parce que je me maquillais pour aller travailler ou bien parce que j'avais envie de passer une journée seule chez moi, entre autres.

Pourquoi t'es restée avec lui debord ? Parce que l'adage l'amour rend aveugle est plus que vrai (les orgasmes de feu y sont aussi pour quelque chose rires). Il m'a manqué de respect plus de fois que je ne peux le compter, mais il réussissait toujours à me le justifier : «Je sais que je te manque de respect Bibi, mais…». Ouain, méga ark. Comme beaucoup trop de jeunes femmes peu expérimentées en amour, j'étais persuadée que personne d'autre que lui ne pourrait m'aimer et que je n'aimerais personne d'autre comme lui. Alors, j'ai tenté d'ignorer pendant plusieurs mois cette facette de lui. Jusqu'à cette fameuse nuit.

Un beau soir d'été, j'avais envie de lâcher mon fou un peu pour célébrer mon entrée à l'université. J'ai alors proposé à Tony qu'on se fasse une soirée «brownies au pot» ensemble avec son demi-frère Gab et ma meilleure amie Tess. Je travaillais jusqu'en début de soirée, alors j'ai confié à Tony la tâche de commencer la préparation de l'huile au THC pour nos brownies. Tout se passait à merveille, je suis revenue du travail puis j'ai préparé les brownies avec l'huile de THC. Les brownies étaient absolument délicieux, tout le monde était joyeux, on dansait, on jasait, on avait du fun. Tout à coup, Gab ne se sent pas bien et court à l'extérieur pour vomir ses tripes sur la terrasse. Et c'est à partir de ce moment-là que la marde pogne.

Voir Gab vomir sur la terrasse devient l'élément déclencheur qui fait tout dérailler. Tess commence à avoir terriblement froid, à greloter et à quémander une couverture d'une petite voix faible. Je commence à avoir des palpitations cardiaques et j'ai peur de vomir moi aussi. Je fais les cent pas sans être capable de m'arrêter avec la peur terrible de faire une crise cardiaque. Tess titube aux toilettes et se gratte les jambes jusqu'au sang de façon incontrôlable. J'ai peur qu'elle tombe dans les grands escaliers centraux et qu'elle se cogne la tête. Et Tony? Il est high, mais pénard. Il reste calme pendant que tout le monde commence à paniquer.

Je suis persuadée d'être sur le bord de la crise cardiaque et j'ai peur que Tess se blesse et que la situation prenne une tournure dramatique. Je demande à Tony d'appeler une ambulance, au moins pour qu'on soit entre bonnes mains. Il refuse. J'insiste. Même réponse. Je commence à hausser le ton et j'insiste à nouveau. Il m'explique que Tess et moi sommes en train de bad triper, que techniquement tu ne peux pas mourir d'une overdose de THC et que «ça va passer». J'ai quand même peur que ma meilleure amie se blesse et de faire une crise cardiaque. Je redemande à Tony d'appeler une ambulance parce que je n'arrive pas à parler. Il compose le 911, mais me passe le téléphone parce que «ça ne lui tente pas de parler au téléphone». Je prends le cellulaire et j'arrive à baragouiner une adresse.

Environ dix minutes plus tard, deux ambulanciers entrent dans la maison. Un homme chauve dans la cinquantaine et un autre plus jeune avec une tignasse bouclée et des traits asiatiques. Ils prennent des drôles de machines pour mesurer notre pouls et nous posent plein de questions. Ils demandent ce qu'on a consommé et en quelle quantité. Je n’en ai aucune idée, c'est Tony qui a préparé l'huile de THC. J'arrive juste à beugler «Scuuusez-moi ! Mes jambes sont pas rasées !». Eh boboy. Tony répond combien de grammes il a infusés dans l'huile. Je ne me souviens plus du chiffre exact, mais les ambulanciers avaient les yeux écarquillés. C'était une dose suffisante pour affaiblir un cheval. Tony n'a pas mal réagi à ce dosage parce qu'en tant que gros potteux, son système s'est habitué à des quantités importantes de THC.

Le plus jeune ambulancier me dit «En ce moment tu fais un bad trip. Sais-tu c'est quoi un bad trip ?». Je beugle encore «Ohh my gooood ! C'est comme dans le film Hangover avec le gars barbu à Bangkok !». «C'est pas mal ça», me répond-il le sourire en coin. Pendant ce temps, Gab est parti s'allonger dans son lit et Tess est une vraie épave qui pousse des sons incompréhensibles. Par précaution, ils veulent nous emmener à l'hôpital pour stabiliser les effets du bad trip. J'accepte volontiers, Tess aussi. C'est la première fois qu'on fait un bad trip et on ne sait pas à quoi s'attendre.

En plein milieu de la nuit, les ambulanciers nous transportent Tess et moi à l'extérieur et nous attachent sur des civières. Je me demande où se trouve Tony. Celui-ci décide de rester à la maison avec son demi-frère. Je suis dans les vapes, je n'arrive pas à tenir ou penser des propos cohérents. Tess est encore plus perdue que moi et reste muette, sauf pour gémir ou dire mon nom. En partant pour l'hôpital, je me dis que dorénavant tout va bien se passer.

Et pourtant, je me trompais royalement. La nuit de folie ne faisait que commencer.

À suivre

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Source image de couverture : Unsplash
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