Cette critique que je publie cette semaine sera différente des précédentes. Premièrement, parce qu’il s’agit de la dernière (Bouh!). Deuxièmement, parce que jusqu’à présent j’ai tenté de vous épargner les détails des intrigues des histoires pour ne pas vous ruiner le punch, mais ce dernier livre est différent. Pour ceux qui l’ont lu, vous comprendrez certainement. Pour les autres, cessez maintenant de me lire si vous ignorez toujours le sujet dont traite Biz dans son roman.

« Naufrage » raconte l’histoire de Frédérick. Homme approchant la quarantaine, il vit paisiblement avec sa femme Marieke et leur enfant Nestor. Frédérick est un employé de la fonction publique travaillant à titre d’analyste financier. Pour cause de coupures majeures au sein du gouvernement, Frédérick est retranché aux archives. Il gardera son plein salaire, mais pour ce qui est des ses tâches, il les perd toutes. Pénurie d’argent et de choses à faire pour les fonctionnaires.

Le quotidien de Frédérick est ennuyant à mourir. Biz nous fait vivre cet ennui avec lui. On la sent dans les pages l’odeur humide du sous-sol des archives. On les entend dans les virgules et les points les cliquetis frénétiques de Monique sur son clavier ou la bouche zozotante de Clément. 

naufrage biz

Source: renaud-bray.com

 

Et puis l’ennui cède sa place à la colère. Un matin, agité, Frédérick quitte la maison en mode rébellion. Il se dirige au travail avec la ferme intention de changer sa situation. Résultat? Négatif. Il termine son quart dans la même position qu’il l’a commencé. Hormis une chose, en sortant de sa voiture ce matin-là, il avait un enfant. En y retournant à la fin de sa journée, il n’en a plus.

Je savais en choisissant ce livre, il y deux semaines, que Biz y abordait ce sujet. J’étais loin de me douter cependant que la tragédie se répèterait. Saint-Jérome, le 17 août 2016, un bambin de moins d’un an est retrouvé mort dans un auto. Personne n’est indifférent à cette nouvelle. Peu importe notre statut social, religieux ou sexuel, nous pouvons tous imaginer la douleur qui accompagne la perte d’un enfant. Nous pouvons l’imaginer certes, mais nous ne pouvons pas la vivre. Nous ne pouvons pas ressentir cette pression constante sur le coeur du parent en peine.

Il n’y a pas de belle façon de décrire cette peine, mais il y a une façon juste. Je crois que l’angle qu’a choisi Biz pour en parler est le bon. Nous pouvons tous avoir notre opinion sur la situation. Un enfant est mort et c’est la faute de son père. Il ne faut pas oublier cependant que derrière ces faits cruels se cache une famille en deuil. Un père en deuil. Que les mots durs qui seront publiés sur les réseaux sociaux à son égard seront disponibles pour ses yeux et qu’ils aggraveront son chagrin.

La lecture de « Naufrage » n’est pas agréable. J’ai pleuré. Plusieurs fois. J’ai tenté de me concentrer sur le style, sur les mots, pour être objective, pour ne pas me laisser perturber par ce drame qui m’était raconté. La vérité est qu’il est impossible de dissocier les deux. C’est ce qui fait la beauté de ce court roman. Les émotions sont vraies et bien senties. Ne pas se laisser émouvoir serait contraire au propos de ce livre.

C’est donc sur ces mots que je clos le Club de lecture estival, mais ce n’est certainement pas la dernière fois que je discuterai littérature avec vous!

Ce fut un plaisir!

Accueil