Avec le printemps pas très beau qu’on a et l’été qui arrive (en tout cas y’est supposé, là), je te vois déjà à ta fenêtre en train de rêver de la sangria que tu vas te boire sur une terrasse avec ta gang. Parce qu’après toutes les tempêtes de neige tardives qu’on a eues, le printemps ça se prend aussi bien qu’un bol de Froot Loops à 2 heures du matin.

Du moins pour toi, humain.

Mais le printemps n’est pas synonyme de jambes dénudées et de toits ouvrants pour tout le monde. En fait, pour certains il est aussi horrifiant qu’une paire de bas blancs dans des Crocs sur Mont-Royal un dimanche après-midi. Et par « certains », j’entends ici nos amis les félins de ruelles, ces Garfield de poubelles qui ne l’ont pas eu facile depuis décembre et qui ont besoin de se changer les idées en copulant allègrement sous ton balcon pour oublier les décès prématurés de Sylvestre et Félix (l’un mort par déneigeuse, l’autre par engelures).

Et qui dit partie de pattes en l’air dit bébés, beaucoup de bébés. Certains seront mort-nés, d’autres vont à peine atteindre la maturité, car la vie dehors est loin d’être rose, contrairement à ce que beaucoup pensent. D’autres encore vont naître avec des malformations dues à la consanguinité, accrue dans les colonies. Ceux qui auront la chance de vieillir ne vont que perpétuer le problème de surpopulation. Et depuis l’automne dernier et les nouvelles réglementations de la ville de Montréal, tous ces bébés, comme leur mère-cousine-grand-mère-au-deuxième-degré (toute la même minette), sont aux yeux de la loi considérés comme illégaux. Ça, ça veut dire qu’ils risquent la capture et l’euthanasie, en clair.

La réglementation veut, sur une note plus « optimiste », interdire les chats domestiques d’aller dehors, sauf dans les limites de ta cour (pas certaine que si tu dis à Gaston de rester dans ton jardin il va t’écouter, mais bon j’ai précisé que c’était la clause optimiste). Parce que les chats errants, c’est un enjeu social (et maintenant politique). Carrément. Et un réel problème à Montréal. On connaît tous une personne qui laisse sa chatte non stérilisée traîner un peu partout et qui se déresponsabilise de toute grossesse accidentelle. Souvent, cette même personne a pour voisin un vieux frustré qui en a marre des boules de poils qui prennent son patio pour une litière et qui empoisonne tous ceux qui osent s’approcher trop près de son Ängsö quatre chaises coussinées. Bon, c’est cliché et je généralise tu vas me dire… pas faux, mais ce que je veux c’est que tu comprennes l’idée.

L’idée étant que le printemps, c’est un moment critique pour les populations félines. Parce qu’y’a pas juste Dame nature qui a des chaleurs à ce temps-ci de l’année. Parce que les gens pensent bien faire en envoyant le cinquième membre de leur famille se promener et vivre sa vie entre Gilford et Mont-Royal. Au fond, outre la négligence désolante de certaines personnes, c’est un manque de conscience, le problème majeur. On ne connaît pas la réalité de ces chats de ruelle et on pense leur rendre service en les laissant errer à l’extérieur. Qu’on se comprenne, avant de te faire sentir mal, mon but ici est surtout de te faire réaliser ce qui se passe présentement dans ton banc de fleurs. En ce moment. Comme à chaque année.

Je suis qui pour te dire ce qui est bon ou non pour ton félin? Personne, j’te le concède. Sauf que j’ai la chance d’avoir une amie qui est la fondatrice de l’organisme montréalais Adoptez un chat errant. Et d’avoir moi-même sauvé des bébés d’une mort certaine, laissés par une mommy dépourvue, dans la neige en pleine tempête. Mes petits à moi, ils avaient une semaine et un niveau de déshydratation critique. Mes chances de les sauver s’élevaient à un faible 50/50. Après les avoir nourris au biberon pendant deux mois, j’ai sauvé les deux. Ces petits, à elle, ils ont tous les âges, sont de toutes les couleurs et de toutes les races. Ils sont borgnes, aveugles, sourds, ils ont la leucémie, le sida (yep, ça existe), des vers, des tumeurs et j’en passe. Tout ce qu’ils n’ont pas finalement, c’est un toit sur la tête et une famille aimante. Des cas trash, elle en a vu à la tonne. De l’œil qui sort de son orbite à l’absence de paupières (désolée si tu mangeais). Bien sûr, d’autres ont eu plus de chance et sont en parfaite santé. Elle les aura sauvés à temps.

Chats, Montréal, Fondations, Animaux, Printemps

Source : Caroline Perron, les photographies

Mon amie dévoue sa vie, littéralement, à sauver les chats de ruelle pour les faire adopter. C’est une occupation à temps plein. Elle le fait à ses frais avec l’aide des quelques dons du public, d’une généreuse vétérinaire et de fidèles acolytes qui la trimballent avec ses cages-trappe, son poulet entier ou ses boîtes de thon et ses transporteurs à travers la ville, des fois même en dehors. Pendant que toi et moi on Netflix and chill à 23h le mardi, elle répond à l’appel d’un Montréalais en détresse parce qu’un chat errant est en convulsion sur son gazon (j’en mets à peine).

Tout ça pour dire qu’en soutenant des organismes à but non lucratif comme le sien (je t’ai fait une petite liste ci-dessous) ou en adoptant un chat au lieu d’acheter d’un éleveur ou d’une « usine » qui vend en ligne, tu permets de sauver des vies et tu donnes à ceux qui se dévouent à la cause le sentiment que leurs efforts ne sont pas vains.

Surtout, tu t’assures d’avoir le compagnon qui te convient. Parce que quand tu adoptes un chat, la personne responsable, si elle fait bien sa job et connaît ses félins, peux te dire lequel répondrait le plus à ton emploi du temps, tes attentes et même ta personnalité. Il va être stérilisé et vacciné. T’auras juste à lui donner ben de l'amour et en recevoir en retour.

Sinon, la meilleure façon d’aider reste encore d’être alerte, d’adopter une attitude responsable et de stériliser el gato.

Je fais dans le mélodramatique su’les bords, je sais. Mais c’est nécessaire des fois un peu de drama. Comme ça tu vas te rappeler de mon article quand tu vas ouvrir ta porte pour laisser sortir matou. Peut-être que tu me juges, « parce que c’est juste des chats ». C’est encore mieux. Comme ça tu vas te rappeler de mon article quand tu vas te promener à Montréal ou dans ta ville (le problème ne se limite pas à l’île), que tu vas voir un chat, « juste un chat », en détresse et que, sans nécessairement y faire quelque chose, tu vas comprendre un peu mieux. Peut-être même que quand ta sœur va te dire que son chat « pas encore opéré » a fait sa première sortie au grand air, tu vas lui faire une remarque, tant qu’à l’avoir lu un jour sur un blogue.

Je sais que des causes, y’en a mille. On peut pas toutes les soutenir. Mais si celle-là te touche, je te laisse le lien vers la page Facebook d’Adoptez un chat errant pour y poser des questions, faire un don ou voir si ton prochain meilleur ami ne serait pas sur la liste des « disponibles à l’adoption ». Pas mal sûre que tu vas trouver de quoi satisfaire la groupie de chat en toi.

Sur ce, je te laisse retourner à tes vidéos (de chats) sur YouTube!

#nachètepasadopte

Pour en savoir plus sur la fondation Adoptez un chat, c'est ici.

Source de la couverture: Pexels

Accueil