J’ai 24 ans. Pas de maison, pas de chum, pas d’emploi stable, pas même de chien, de chat ou de poisson rouge. Mais je suis heureuse. Profondément!

Je chiale souvent. Je pleure parfois. Je date. Ça merde. Je vire des brosses pis je me promets de pas recommencer. Je vis seule. Je fais pas ma vaisselle. J’empile ça sur le comptoir pis j’attends de ne plus avoir d’espace pour couper mes légumes avant de tout récurer. Des fois, je planifie d’aller m’entraîner. J’enfile mes vêtements de lycra, mais je passe la soirée à regarder Narcos en mangeant du sorbet. À 23h00, j’ai la gueule gelée et rouge pis je me couche avec un sourire plaqué au visage.

Source: Healthy Celebs

J’ai une job que j’aime, mais pas tous les jours. Je travaille du lundi au vendredi de 8 à 4. Le lundi matin, j’ai l’air bête pis le mercredi soir je me réjouis d’être passée à travers la plus longue moitié de la semaine. Je me fais une mise en plis 2 fois par semaine. 5 jours sur 7, je porte un chignon, des tresses ou une casquette. Parfois j’enfile une robe, des talons hauts pis je trace une ligne d’eyeliner sur ma paupière. Mais la plupart du temps, je porte des vêtements amples en coton avec des gougounes pis j’endure mon visage avec juste du mascara pis du gloss.

Source: Wikia

J’ai longtemps pensé que le bonheur était synonyme de stabilité, de contrôle. Que pour être heureux, il fallait être performant, intelligent, beau, actif, cultivé, bref parfait. Je pensais que l’émotivité nous rendait triste et morose. Que les échecs n’étaient pas permis. Je pensais qu’avoir des insécurités était négatif. J’admirais ces femmes, toujours bien mises, qui semblent au-dessus de tout. Celles qui ont des solutions pour chaque situation. Celles qui sont constamment en train de sourire.

J’avais 8 ans quand j’ai énoncé, pour la première fois, mon plan de vie. J’allais être une avocate réputée, me marier à 25 ans, acheter une maison pis avoir des enfants à 27 ans. 16 ans plus tard, je termine un Bac en communications et lettres françaises pis je me dirige vers une maitrise en étude féminine. Tout ça sans conjoint, loin d’être propriétaire et encore plus loin d’enfanter.

La jeune fille que j’étais aurait été découragée par ce constat. Mais la femme que je suis sait que le bonheur ne se planifie pas. Elle sait également que chaque individu vient avec son lot d’inquiétudes. Certains les laissent transparaître en public, d’autres choisissent de les vivre dans l’intimité. La femme que je suis trouve ça beau de ne pas savoir où elle s’en va. Elle se réjouit de voir tous ces sentiers sinueux devant elle et de pouvoir emprunter celui qui lui chante. Notre définition de la perfection change avec nous. Pour moi, présentement, avoir toutes ces possibilités, c’est ça la perfection!

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