Nageuse. Longtemps, quand je parlais de moi, c'était un des premiers mots que je disais. Parce que nager c'était mon quotidien. Nageuse c'était Camille. C'était qui j'étais. Ça fait dix ans que je ne suis plus une nageuse. Mais je le suis encore. Ça ne fait pas de sens? Je comprends. C'est qu'il y a des mots qui nous définissent et nous collent à la peau et ce n'est pas si simple de s'en défaire...

On dirait qu'entre humains, on se colle facilement des étiquettes: l'avocate, l'entrepreneuse, la prof, la sportive, etc. On se catégorise. Ainsi, on sait qui on est en quelque sorte. J'ai toujours détesté les boîtes. Je m'y sens prise. Je disais souvent, plus jeune, que certes j'étais la sportive qui nageait chaque jour, mais j'étais aussi la rêveuse qui espérait vivre de sa plume, tout en étant la politisée qui oeuvrait à faire gagner un candidat à une élection à 16 ans. Ce sont tous des stéréotypes qui, souvent, ne colleraient pas à une seule personne. Pourtant, tout cela, c'était la Camille de 16 ans. Et pour plusieurs personnes, ça ne fonctionnait pas. Ils voulaient que je sois une ou deux de ces boîtes, que je choisisse qui je serais. Parce qu'on dit souvent qu'on manque de temps, alors on manque de temps pour tout être ce que l'on voudrait aussi. Je ne suis pas d'accord. Et je m'y suis toujours opposé. Mais qu'on le veuille ou non, ces mots nous collent à la peau.

Et quand on se présente à de nouvelles personnes, quand on se sent dans un argumentaire éclair d'une minute, on les ressort si vite ces étiquettes. Au gym, je me fais souvent dire que je suis puissante avec mes épaules carrées. «C'est parce que je suis une nageuse.» Facile, j'ai ma réponse. Mais je n'en suis plus une. Je ne suis plus une nageuse depuis dix ans. Plus au terme où je l'étais. Je nage. Je nage bien. Mais je nage moins d'une fois par semaine. Je ne suis plus une nageuse.

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Je suis convaincue que je ne suis pas la seule qui, même si ça l'énerve, trouve un certain confort dans ces mots qui définissent qui on est. Rapidement, on peut faire comprendre à quelqu'un comment on remplit nos journées et comment on se perçoit. En même temps, je trouve que ça simplifie de manière radicale l'être humain. Prenons une de mes amies par exemple. Elle est banquière. OK. Mais selon moi, elle est fonceuse, téméraire, aventurière. Vous voyez une différence? Moi oui. Quand je parle de mon amie, ce sont des qualificatifs qui me viennent en premier à l'esprit, pas des fonctions. Prenons notre éditrice, MC. Elle est éditrice de blogue et cheerleader. OK. Mais selon moi, elle est douce, soucieuse du travail bien fait et bonne vivante. Et si elle se définissait, elle reviendrait sûrement à d'anciens mots qui lui ont collés à la peau comme danseuse.

Ceci m'a frappée dernièrement parce qu'un ami me demandait de lui présenter des filles. Il est célibataire. Et rapidement, j'ai eu l'impression que je m'étais fait prendre dans un jeu bien étrange: je classifiais des gens que j'aime selon des mots. Comme la vente du maison. ARKE. Ces mots, bien que souvent positifs, peuvent aussi être utilisés pour rapidement nous mettre dans une case oui ou une case non.

Et j'ai choisi de changer mon attitude face à cela. Je veux maintenant plutôt m'attarder à comment nous sommes plutôt qu'à ce que nous faisons. Parce que bien que la vie est courte, elle est aussi longue d'autres manières. Et on peut se réinventer milles fois, mais nos qualités, elles nous collent vraiment à la peau. Et ça c'est beau.

Voici donc un look de nageuse si j'étais sauveteuse sur le bord d'une plage... même si je ne le suis pas.

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Le look:

Maillot - Magicsuit

Lieu - Cuba

Photos - Vikki Snyder

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