Petits mais vifs, la Terre leur a donné quelque chose que les autres doivent se battre pour avoir: des ailes. Il s'agit de leur unique arme pour se protéger de ce qu'il est advenu du monde. Perchés très haut dans les airs, à la cime des arbres, ils observent. Ils ne touchent que rarement le sol, méprisant la cupidité avec laquelle le peuple valse.

Le peuple.

Celui qui se tord de haine et s’emplit d’égoïsme. Celui qui trucide sa terre et se l’approprie sans demander la permission. Celui qui s’oppose à sa propre race pour des futilités, qui se bat, s’assassine. Ce peuple qui se suicide, à petit feu.

Celui qui signe sont arrêt de mort par soif de pouvoir, d’argent, de luxe. Qui bâtit des usines et pollue l’air, coupe les arbres où les oiseaux croyaient bien être en sécurité, loin de la terre boueuse truffée de toxines.

Lorsque les bêtes se risquent à voler un peu trop bas, ils sont frappés de plein fouet. Pas seulement par les voitures mais aussi par la rapidité du monde, son empressement maladif. Aller plus vite pour rattraper du temps qui ne nous appartient même pas.

Mais l’homme est ainsi fait qu’il croit tout posséder. Le temps comme les bêtes, l’air comme les usines. S’il peut le toucher, le voir, l’entendre ou y penser, c’est que c’est à lui.

Dans les collines les chants des oisillons sont interrompus par de lourdes pulsations, celles d’une ville en expansion qui ne s’arrête devant rien pour être plus grande, illuminée, riche.

Et alors ils quittent leurs nids pour se percher ailleurs, loin des ténèbres de l’homme. Mais l’homme semble toujours emmener les ténèbres à eux, où qu’ils se cachent.

Avoir des ailes ne leur est maintenant plus d’une grande utilité lorsque la brume noire atteint même les nuages. L’eau dans laquelle ils s’abreuvent est trouble et leur nourriture est saupoudrée de dépôts nocifs.

L’homme a réduit le sol paisible a une calamité. Et il se fait un fâcheux plaisir à contaminer aussi les airs.

Mais à travers le brouillard une relève plus consciencieuse s’est installée. Elle a vu les oiseaux suffoquer, elle les a entendus perdre la voix, elle les a écoutés. Et elle sait qu’il n’est pas trop tard pour nettoyer les années de négligence de ses prédécesseurs.

Cette relève fort critiquée saura pourtant apprivoiser les oiseaux. Leur permettre de reprendre confiance en un peuple déchu et corrompu. Dans la noirceur l’homme s’est éveillé.

Dommage qu’il ait du se rendre aussi loin avant d’ouvrir les yeux.

Source image de couverture: Unsplash
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