J'aurai cinquante ans en janvier, c’est de cette façon que je commence 2022. Je vais faire partie du club très sélect des quinquagénaires, autrement dit, je deviendrai une « quinqua ». On dit que la vie commence à cinquante ans, je ne sais pas si c’est vrai. Ce que je sais, par contre, c’est que mes journées commencent aux sons de mes articulations qui craquent et chantent « Snap, Crackle, Pop », comme les Rice Krispies.

Je peux maintenant faire partie de la FADOQ et avoir droit à des rabais un peu partout.  Je veux surtout économiser au rayon cosmétique, ça coûte une beurrée de camoufler toutes les petites rides qui s’invitent sur mon visage. Désormais, si je lis la revue le Bel Âge, les gens savent que je la lis pour moi, pas pour trouver des articles intéressants pour mes parents.

«À cet âge, on gère mieux les conflits: crier ne sert à rien, le poison est beaucoup plus efficace.»

On laisse les choses venir d’elles-mêmes. Pas l’choix, je ne cours plus assez vite pour courir après. En échange, on développe une nouvelle capacité cognitive qui s’appelle : l’oubli. À cinquante ans, on ne se fait plus juger si on a plus que deux chats, parce que la folle aux chats, c’est nous. Surtout si on est célibataire… Ben, c’est moi ça.

À ce qu’il paraît, la cinquantaine est une deuxième adolescence. Je me plais à dire que c’est une adolescence recyclée. Nos hormones font des montagnes russes et notre humeur aussi. On pleure pour un « oui » ou pour un « non ». On devient insomniaque, on pourrait aller dans toutes les soirées de la ville, sauf que ça nous prendrait des mois à nous en remettre. On a plus de filtre, notre bouche va plus vite que notre cerveau : « On y pense, on le dit, oups, trop tard! »

On se cherche, est-ce qu’on aime encore le domaine dans lequel on travaille? Peut-être que d’avoir sa propre entreprise serait mieux. Retourner à l’école serait bien aussi. Pourquoi pas même devenir missionnaire? L’impulsivité fait partie du quotidien, mais j’aime mieux appeler ça de la spontanéité, refaire la cuisine, partir sur un nowhere, etc. À cinquante ans, on se rapproche de la retraite, on se rapproche aussi de notre date de péremption, c’est moins rigolo.

On se questionne aussi sur notre vie de famille, être en couple ou ne plus être en couple. Si on a un conjoint, y a des bouts où on préférerait qu’il soit notre coloc, ce serait plus facile à mettre à la porte.  Si on est célibataire, on voudrait bien se trouver un chum. On s'accommoderait bien du coloc qui vient de se faire mettre à la porte.

Durant cette période de chamboulement et de réflexion, les enfants y passent aussi.

Enfants qui sont, pour la plupart, des ados qui vivent leur crise d’adolescence à fond. Si on ajoute le fait qu’on a quelques sautes d’humeur aussi, à ça fait bien des feux d’artifice dans la chaumière. Ah, les enfants! Ces chers ados, qui chialent qu’il n’y a rien à manger même quand le frigo est plein. Ils aiment nous rappeler qu’on est tellement pas dans l’coup et qu’on ne comprend rien, mais qu'ils ont besoin de nous quand ils ont besoin d’argent, d’un lift ou de faire du lavage. Mais on les aime tellement.

Y paraît qu’on devient plus sage quand on atteint la cinquantaine, est-ce que ça veut dire que je ne dirai plus jamais de niaiseries, que je vais devenir plate et beige?

En plus d’être une « quinqua », je suis aussi célibataire. Ça fait quoi une célibataire de cinquante ans? Ça cruise comment une célibataire de cet âge-là? D’abord, ça cruises-tu encore? Je devrais essayer de trouver quelqu’un de mon âge. Le problème est que la cinquantaine j’la feel pas, pis je n'en ai pas l’air non plus. Par contre, j’ai les qualificatifs pour être une Cougar.  T’sais les madames qui courent et qui, à l’occasion, couchent avec des jeunes adultes qui ont la moitié de leur âge. Disons que les jeunes hommes, même ceux qui sont beaux comme des cœurs, je dois l’admettre, quand ils gament jusqu’à cinq heures du matin et que la seule chose qu’ils trouvent à dire quand on leur demande ce qui les passionnent dans la vie c'est : « Chiller avec mes chums ». Tu sais déjà que c’est voué à l’échec.

Cinquante ans, c’est juste un nombre.

Ce qui fait vraiment la différence, c’est comment on choisit de vivre la cinquantaine, quelle sorte de quinqua on veut être: déjà vieille et amère ou épanouie et plein de vie. Comment on dit ça déjà?

« L'important, ce n'est pas la destination, c'est le voyage »  -Robert Louis Stevenson

Il me reste encore beaucoup de temps pour faire mon voyage et je compte bien en profiter. Et vous?

Image de couverture via Pixabay 

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