Depuis que je suis petite fille, je me fais des scénarios sur ma vie, quelle maison j’aurai, combien d’enfants je vais avoir, qui sera mon prince charmant, avec qui je vais dire oui je le veux… Comme la majorité des petites filles qui rêvaient de château et de prince charmant, quand on grandit, on réalise que la vie est loin d’un conte de fée, mais qu’elle a son lot de bons moments qui s’y rapprochent.

On fait nos études, on se trouve un partenaire de vie, on achète une maison et on fait des enfants. Le standard a l’air de ça en gros. Mais parfois, il y a des ombres au tableau. Septembre 2019, c’est toute une ombre pour moi. C’est le mois où j’ai appris que j’étais bipolaire. Tsé le genre de mot qui fait l’effet d’une bombe dans ta vie. Un tsunami de problèmes qui te frappe en pleine face. À ce moment-là, tu te dis que, non ça ne se peut pas! Ça ne fait pas partie du déroulement de ton scénario ça!

rose rouge livre tasseSource image: Alexandra Photographe

Depuis toujours, je sais qu’y a quelque chose qui cloche, mais comme quand ton char fait un bruit, tu montes le volume et tu l’ignores, parce que tu sais que ça va te coûter cher si tu prends le temps de l’écouter. Mais tout ça te rattrape, tout ça va t’éclater en pleine face! Donc à partir de là, tes rêves tombent un à un… On te parle de petits pots de pilules magiques, de dosage, de psychothérapie, toi, la fille qui aime pas trop parler de ce qui se passe en dedans!

Y a encore ben des tabous dans notre société sur la santé mentale, trop de tabous. Étrangement, j’ai envie d’en parler haut et fort. Pour briser les stéréotypes, parce que le jugement part de l’ignorance. La solution, c’est de renseigner les gens. Comme beaucoup de coups durs dans la vie, on se doit de tourner ce qu’on peut en positif. Ben moi, c’est l’écriture qui me soulage. C’est avec des mots que je veux faire comprendre qu'il n'y a rien de honteux à avoir une maladie mentale.

Tu sais de quoi je parle, toi qui es comme moi. Tu sais ce que ça fait d’avoir des périodes de high et d’autres périodes de down. D’avoir l’impression d’être superwomen dans tes highs et d’être une sous-merde dans tes downs. Ceux qui ne savent pas, ben c’est comme si d’un coup, tu as la motivation de 15 personnes réunies et tu réalises tout plein de projets, t’es super sociable, t’as du bonheur à revendre! Bon, tu dors pratiquement pas et tu termines pas toujours ce que t’entreprends, tu t’éparpilles, mais y ressort du beau de tout ça. Et d’un coup après trois mois ou six mois à vivre dans l’excès, tu tombes. Quand je dis que tu tombes, je parle dans le fin fond du baril. Tu vas passer tes prochains mois en phase de dépression. Tu vas pleurer, dormir comme une marmotte. Tu n'auras plus aucun projet, tu vas te terrer chez toi 24/24. Les deux extrêmes quoi!

Mais il y a moyen de retrouver une vie normale, le petit pot de pilule magique! Ben oui, c’est important de prendre ta médication. En plus de réguler ton humeur, tu vas retrouver un semblant de vie normale. Comme n’importe quelle médication, il y a des effets secondaires, tu vas sûrement t’ennuyer des tes périodes de high, mais ce que tu dois te rappeler, ce sont tes périodes de down, quand tu es aux bas fonds des bas fonds! Une fois la médication ajustée, tu vas pouvoir avoir une job stable, une maison et ton semblant de prince charmant. Une vie normale comme tu avais prévu.

pilules bleues verre transparent médicationSource image: Pexels

Aujourd’hui, j'espère éveiller des esprits sur le fait que le trouble bipolaire, ce n’est pas quand une personne pogne les nerfs pour aucune raison, ou quand on jette à la volée, t’es tu bipolaire toé?! quand une personne qui était heureuse se fâche pour un rien. Non, c’est plus profond que ça. Ce n’est pas changer d’humeur en une minute, ce sont des humeurs aux extrêmes sur une longue période de temps. Nous ne sommes pas fous, ce n’est qu’un trouble de l’humeur qu’on a la possibilité de gérer.

Finalement, quand tu as mal à la jambe, tu vas chez le médecin? Quand tu as le nez qui coule aussi? Ben ce qui se passe entre tes deux oreilles aussi peut être dysfonctionnel pis tu vas aller consulter toi aussi. Comme un nez qui coule, ou un mal de gorge. Et tu vas avoir une médication, same thing! Soyons ouvert d’esprit envers la maladie mentale, personne n’est à l’abri de ça! On n’est pas fou, on n’est pas moindre, on est comme toi, Simplement, on a une petite différence qui nous empêche de fonctionner à 100%, une fois la médication ajustée, on peut dire qu’on se ressemble, toi et moi.

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