Vous êtes enceinte et vous allez accoucher bientôt? Vous avez peur du jour J où vous devrez laisser passer ce petit être entre vos cuisses... On s’entend, plus votre bedaine grossit, plus vous vous rendez compte que cet être va devoir y sortir un jour ou l’autre. On a peur d’avoir mal. On se dit qu’on veut que ce soit le plus naturel possible. D’autres aimeraient ne sentir aucune douleur. Bref, c’est un moment plein d’angoisse puisqu’on ne sait juste pas dans quoi on s’embarque.

Capture d’écran 2015-04-20 à 16.13.06Source : iinformedparenting.blogspot.ca

J’ai entendu plusieurs histoires d’horreurs avant mon accouchement, et vous, vous en entendrez probablement également. J’en profite aujourd’hui pour vous raconter ma belle histoire d’amour pour que justement, vous ayez aussi de belles histoires en tête. Si ça peut vous permettre de faire de la visualisation positive. Pourquoi pas?!

Un marathon...

Tout d’abord, j’avais en tête un marathon comme métaphore de mon accouchement. Je voyais ça long et souffrant, mais une souffrance positive puisque le résultat est incroyable. Vous savez, comme quand on s’entraîne. On sue, on a mal, ça pince, mais après un certain moment, les endorphines embarquent et on est bien dans notre mal. Moi, je voyais mon accouchement comme ça. Avec mon chum à côté de moi qui ferait ma meneuse de claque (cheerleader). J’avais étudié certaines positions loufoques pour aider le bébé à descendre et pour impliquer mon conjoint. Au pire, ça m’aurait fait rire. Bref, j’avais hâte et j’étais positive.

Source : WeHeartIt.com

Prête aux mille et une possibilités ...

Je m’étais dit que je voulais essayer le plus possible d’avoir un accouchement naturel avec le moins d’interventions. J’avais un plan, mais il était très ouvert et flexible. Je pense que c’est la clé. Plusieurs femmes sont très fermées et résistantes aux propositions du personnel médical en cas d’urgence. Ça peut engendrer des dépressions post-partum lorsque celles-ci se rendent comptent qu’elles n’ont pas leur accouchement tel que "planifié" ou encore pire, cela peut mettre la santé du bébé en danger. J’ai d’ailleurs lu un livre qui explique bien que les plus grandes réussites d’accouchement, sans déceptions, appartiennent aux femmes qui ne se ferment pas aux éventualités et qui embrassent ce moment privilégié. Ce livre, j’aurais aimé le lire avant mon accouchement. Disons que c’est le parfait livre pour se préparer de manière avertie et zen face à cet événement. Une Naissance Sans Déceptions, écrit par Virgnie Lanoix, une infirmière que j'ai eu la chance de rencontrer. Je n'irai pas trop en profondeur dans ses propos, puisque je pense qu'il mérite un billet à part entière. Je vous en ferai la critique dans les prochaines semaines.

Source : hercampus.com

Le sexe, ça marche ...

Pour revenir à mon conte de fées, mon accouchement, voici comment ça c’est déroulé... Ça faisait plus de deux semaines que ma date était dépassée. Le lendemain, je devais me faire provoquer. Je m’étais résignée au fait que j’aurais ma dose de Pitocin qui provoquerait de mégas grosses contractions. Ouch! Je me suis dit que je passerais ma dernière nuit avec ma famille, chez ma mère, à manger du bon filet mignon et à écouter des films collés avec mon chum. Vers 22 h, Thoma et moi, on a décidé d’aller se coucher. On s’est collé... et vous imaginez la suite. 23 h : on s’endort pour de vrai. À minuit, je sens comme beaucoup trop d’eau couler entre mes jambes. Eh oui! Mes eaux étaient crevées. J’ai eu de la misère à me rendre jusqu’à la toilette. C’est comme si une chaudière d’eau se vidait pendant que je marchais. Vous vous êtes probablement fait dire : « Quand tu vas crever tes eaux, tu vas le savoir que ce sont tes eaux ». Bien, il n’y avait pas de doute.

Source : WeHeartit.com

Toute excitée, je réveille Thoma et je lui dis que je vais accoucher et qu'on doit se rendre à l'hôpital. On réveille toute la maisonnée et on se prépare avec mille et une serviettes. Je n'ai aucunement mal, mais j'ai de la difficulté à rester au sec plus d'une minute. Je décide donc de partir en petite culotte dans l'auto (après avoir mouillé mon 5e bas de pyjama) en plein milieu de la nuit, Thoma au volant. On arrête chez Tim Hortons, service à l'auto, pour se faire des provisions, puisqu'on pense que je ne mangerai peut-être pas avant longtemps. On crie de joie dans l'interphone "On s'en va accoucher". Alors que la caissière nous demande presque "Un chausson avec ça?". On rit, on prend nos beignes et on roule vers l'hôpital Sacré-Coeur.

Arrivée là-bas, je n'ai toujours pas mal. On vérifie mes contractions. J'en ai, mais je ne les sens même pas. On me dit garde tes forces et essaie de dormir. Heuuu non! Je suis bien trop excitée de savoir que je vais voir mon bébé dans quelques heures. On me branche deux moniteurs : un pour les contractions et un pour le coeur du bébé. Pendant les 16 prochaines heures, ce seront les deux chiffres qui m'importeront le plus. Je finis par somnoler un peu.

Non, non, je ne veux pas me faire provoquer...

Vers 7 h, l’infirmière vient me voir et elle me dit que le travail ne se fait pas assez vite. Mes contractions ne sont pas assez fortes. Elle me dit qu’elle va commencer des injections de Pitocin. Je m’y oppose. Je ne veux pas. Pourquoi me provoquer alors que j’ai perdu mes eaux naturellement? On m’explique que lorsque la poche des eaux a été percée, il ne faut pas trop tarder le travail pour que le bébé ne tombe pas en détresse. Alors, on me donne une petite poussée avec la médication. Les contractions augmentent, mais très tranquillement. Je suis encore capable de déjeuner.

Vers 10 h, les contractions deviennent inconfortables. Je commence à marcher un peu partout. On me propose d’aller prendre un bain-tourbillon. Pourquoi pas? C’est magique. Je ne sens même plus mes contractions. Ça me fait beaucoup de bien. On me propose pour la première fois l’épidurale. Je la refuse puisque la douleur est surmontable assez facilement.

Vers 13 h, ça commencer à se corser. Je ne souffle plus entre les contractions, mais je commence à faire des petits "beuglements". C’est vraiment bizarre comment on devient animal lorsqu’on accouche. Je suis zen et je contrôle vraiment bien la douleur. Je l’accueille. Je permets encore à Tom de me faire des blagues entre les contractions. Pendant la contraction, je lui demande de me faire des points de pression avec la méthode Bona Pace. Ça m'a drôlement aidé à passer au travers. On me propose l'épidurale, mais je la refuse une fois de plus. Je suis dilaté à 5.

Source : giphy.com

Je ne dilate plus...

Vers 14 h, je suis encore à 5. Ça ne semble pas bouger, mais les contractions augmentent et je suis aux 1 minute : une minute de souffrance et ensuite, une minute de bonheur. Ça commence à être du sport et surtout, je commence a être fatiguée. Même mon chum semble être exténué de me voir souffrir.

Ma mère arrive et prend la relève afin de m’accompagner dans la douleur. Cela a permis à Thoma de descendre à la cafétéria et se mettre quelque chose sous la dent pour reprendre des forces. Voir la personne que tu aimes souffrir, ce n’est vraiment pas évident.

Finalement, je commence à replanifier mon accouchement. Je me dis « La douleur augmente depuis une heure, mais je ne semble pas dilatée davantage. Si ça continue comme ça, je ne pourrai pas passer à travers la douleur. » Ma docteure vient me voir. Je fais entièrement confiance en ma docteure. Je la connais depuis 5 ans. Elle me dit : « Toujours pas d’épidurale Fauve? Tu es OK? » Je lui demande si elle, qui a trois enfants, a eu l’épidurale lors de son premier accouchement. Elle me répond qu’elle ne la voulait pas, mais que la souffrance augmentait et que c’est son mari qui lui a conseillé de la prendre. Quand elle a finalement pris la décision d’aller de l’avant avec l’épidurale, ses souffrances ont arrêté et elle a pu accoucher naturellement de manière sereine. Je lui demande si cette décision pourrait affecter mon accouchement par voie naturelle. Elle me répond « Fauve, tout le travail se fait très bien. Tu vas accoucher par voie naturelle. La seule chose, c’est que si tu prends l’épidurale, tes souffrances vont arrêter. » Je lui ai dit « Bring it on ». Quel soulagement! Je savais que la douleur allait arrêter. L’aiguille me passait 100 pieds par-dessus la tête. Mon seul souhait était de ne pas passer à côté d’une possibilité d’accouchement par voie naturelle à cause de l’épidurale. J’avais été mal informée. Attention par contre... cela ne veut pas dire que j’aurais refusé l’accouchement par césarienne si nécessaire. Ma mère est passée par là ainsi que ma sœur et je l’aurais bien accueilli si cela avait été recommandé par mon médecin.

Source : eisforeducator.tumblr.com

Désolé... changement de plan

En attendant l’épidurale, je respirais profondément en sachant que bientôt je ne souffrirais plus. L’infirmière revient me voir. Elle m’annonce que malheureusement, l’anesthésiste n’est pas disponible puisqu’il est en bloc opératoire. Elle ne peut pas me dire quand il va se libérer. Je vois très bien dans ses yeux ce qu’elle veut me dire « Prends ton mal en patience. Il se peut que tu accouches à froid. » Comme dans les films. Eh oui. À ce moment-là, je peux vous dire que j’ai senti la catastrophe arriver. Psychologiquement, avoir mal par choix est très différent que d’avoir mal quand on ne peut rien n’y changer, c’est doublement difficile. Dans ma tête, j’avais toujours une porte de sortie, mais plus maintenant. La réalité était que je devais accepter rapidement que j’aurais de plus en plus mal et que je n’avais pas le choix de passer à travers.

Source : hetearsoftwinpeaks.tumblr.com

Bébé me parle ...

Je ne pouvais plus compter sur la médication, mais bien sur la méditation. Je me suis donc fait un plan de match spirituel. Je suis retournée dans le bain, mais cette fois-ci chaque contraction était comme un coup de poignard dans les reins. Toute nue, sans inhibition, je me suis convaincue que chaque contraction, chaque fois que je souffrais, c’était mon fils qui me disait "maman je t’aime, maman j’arrive, maman j’ai hâte de te voir". C’est comme ça que j’ai survécu au mal. Cela me soulageait et mettait un pansement sur mes souffrances. Ça me donnait un peu plus d’énergie pour passer à la contraction suivante. J’étais tellement exténuée que j’aurais pu dormir entre mes contractions d’une minute.

Source: eyemagination.tumblr.com

Je suis dans un rêve...

Finalement, 30 minutes plus tard, l’infirmière m’annonce que l’anesthésiste est en route. C’est comme un petit miracle puisque je n’y croyais plus. Je me rhabille et regagne ma chambre. On m’explique que je ne dois pas bouger pendant l’injection, même pendant les contractions. Je vois un bel homme flou qui entre dans la pièce. Je lui dis avec grand soulagement à quel point je suis heureuse de le voir. Il s’excuse. Étrangement, je n’ai aucune frustration envers lui. Je suis comme dans les vapes et je remercie la vie de m’avoir envoyé cette personne qui va me soulager de mes souffrances. Je me tiens bien droite et j’inspire très fort en ne bougeant pas d’un poil. Je suis heureuse et tellement reconnaissante. C’est vraiment le sentiment que j’ai... la reconnaissance. Il me dit même : « Est-ce que vous êtes professeur de yoga? J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi calme à une période si avancée du travail. » Je soupire. Les contractions persistent, mais la douleur s’atténue et en moins de dix minutes, je ne souffre plus, mais je sens tout. Je peux sentir mes jambes et même les plier. Mon infirmière vérifie mon col. Je suis complète. Déjà! Elle me propose de dormir pendant une heure pour laisser descendre le bébé un peu et qu’on poussera par la suite.

Tout le monde quitte la chambre à part Tom et moi. Il se couche et s’endort immédiatement. Moi, je somnole et je contemple le soleil d’automne qui brille et entre dans ma chambre. C’est chaud, doux et calme. Je veux dormir, mais je veux aussi profiter de ce moment de quiétude et d’excitation. Je sais que dans une heure ma vie va changer. Je me sens dans un espace entre mon ancienne vie et ma nouvelle vie. J’écoute le cœur du bébé battre et je profite de ce moment extraordinaire et silencieux. Je pense que ça doit ressembler à ça les limbes, le paradis, l’entre-deux mondes.

Source : lovethisgif.com

Être 100 % présente...

Une heure plus tard, ma mère entre ainsi que toute l’équipe médicale. On me demande si je veux un miroir pour tout voir. Oui! Pour la première fois de ma vie, voir du sang ne m’effraie aucunement. Je vois millimètre par millimètre mon fils venir au monde. Je sens les contractions venir et je pousse de toutes mes forces. On commence à voir sa petite tête rousse et on s’étonne. Entre les contractions, je me repose et je suis heureuse. Je vois tout, sens tout et je suis consciente de tout. Je vis le moment présent à 100 %.

Ça goûte maman... 

Quarante minutes plus tard, il sort. On me le met sur le ventre et on m’introduit à l’allaitement... une des plus belles merveilles du monde... C’est ce qu’on me dit : « Voulez-vous lui donner le sein? Cela va le sécuriser. Ça va goûter votre ventre, ça va goûter vous. »

Je vous souhaite de vous préparer positivement à votre accouchement. Voyez ce moment comme quelque chose de privilégié. N’ayez pas peur. « Embrassez » ce moment et ouvrez-vous à toutes éventualités. Vous, femmes chanceuses, d’être capable de donner la vie...

Source photo de couverture : elleapparelblog.com

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