J’en suis pas mal certaine, en fait.

C’est que je fais des cauchemars ces temps-ci quand je ne dors pas auprès de toi, comme celui qui m'a empêchée de fermer l’œil cette nuit.

Tu connais sûrement ça, quand ton premier réflexe au réveil est de vérifier systématiquement ton cell et ressentir une euphorie disproportionnée lorsque son nom s’affiche sur l’écran. C'est là que tu te vois céder au précipice sans fond qu’est l’amour à notre époque. Comme la grosse panique qui s'empare de toi quand tu rêves que tu tombes, tombes et tombes sans sembler pouvoir t'arrêter.

Et ensuite arrive le fameux moment que l'on redoute tous, le moment que plusieurs d'entre nous fuyons comme la peste. L'instant où les sentiments se concrétisent inévitablement: t’es en train de catch feeling.

T’sais, quand tu réalises qu’on vit à une ère où les gens ont moins peur de pogner une ITS que des sentiments. J'me dis que la troisième pandémie n'est pas loin.

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Source : kafam.tumblr.com

Je suis à des années lumières d’être une experte en matière de science, mais je me souviens avoir entendu dire, entre les branches, que la drogue qui rend le plus accro un humain serait un autre humain. Ça aurait rapport avec les voies neuronales et les connexions chimiques dans le cerveau, ou une affaire de même.

J’sais pas si c’est réciproque et j’sais pas si j’exagère ce que je ressens à cause du manque de sommeil. C'est peut-être une histoire de cul parmi tant d'autres. Ou c'est peut-être aussi parce que je souris trop longtemps quand je trouve un de tes longs cheveux ici et là dans l'appartement. Parce que j’aime la manière dont tu places soigneusement tes articles dans le panier d’épicerie comme si tu jouais à Tetris. Parce qu'une quantité considérable de mon bonheur quotidien vient de nos conversations textos intégralement en émojis, comme si on partageait un langage codé, genre. Et surtout, parce que j’aime penser que tu pourrais peut-être m’endurer une p'tite année.

Fait que, si toi aussi tu crois avoir des symptômes de la fièvre de l’amour, sauve-toi en courant. Ou laisse-toi éperdument gagner par la maladie, c’est comme tu le sens.

Personne s’en sauve, anyway.

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