On court tous après notre temps.
La routine, les sorties, le travail, les enfants, le chien. La liste est infinie.
C’est un marathon constant alors qu’on n’a jamais couru 5 km.
On est à bout de souffle, mais on court vers une ligne d’arrivée qui n’est jamais visible.
Plus on croit se rapprocher, plus elle s’éloigne.
Le temps, on en voudrait plus. Toujours plus. Pour dormir. Pour respirer.
Pour vivre et non survivre.
Tu sais, la fameuse phrase: quand j’aurai du temps…

Et un bon matin, ça nous frappe en plein visage. Il est arrivé.
Trop de temps.
Tu ne sais pas comment tu en es arrivée là. Ou tu sais exactement pourquoi.
La course continue pendant que toi tu es sur la liste des blessés.
Tu regardes tout le monde passer comme une spectatrice.
On te dit que c’est enfin l’occasion de faire tout ce que tu voulais quand tu manquais de ce fameux temps. Tu pourrais prendre une douche sans compter les minutes, mais tu portes le même linge depuis deux jours.
Tu pourrais faire tout ce que tu veux. Tu n’as plus personne qui attend. Plus d’obligation.
Quelle chance tu as qu’on te répète.
Pourtant, le temps est long.
Tellement long.
Tu regardes les aiguilles faire le tour du réveil-matin.
Les heures défilent en ralenti.
Tu regardes trop de séries, pis tu ne les écoutes même pas pour vrai.
Tu as juste envie d’aller te recoucher pour que la journée passe au plus sacrant. Tu te fais croire que tu vas avoir mieux à faire demain, miraculeusement.
Tu remets tout à plus tard pis tu fais des épiceries dignes que de celles que tu faisais au Cégep, un ou deux toasts, des ramens pis une pinte de lait pour boire direct dedans.
Tu as pu envie de rien.
Tu le sais, ça va revenir, mais pas tout de suite.
Ironiquement, tu dois te laisser le temps.
Après quelques semaines ou quelques mois avec toi-même, tu as pu faire le tour de la question un peu. Tu réalises que le problème, ce n’est pas le temps.
C’est ce qu’on en fait.
C’est toi, c’est nous, c’est la société.
La vie est devenue une véritable course contre la montre.

Un jour, le temps, ce sera plus un espace mort, en suspens, ou un entre-deux essoufflant. Tu vas le combler à ta manière. Tranquillement.
Pis, la prochaine fois que tu vas courir dans le vide, sois douce avec ton corps.
Tu en as juste un après tout.
Tu ne te sentiras pas coupable de relaxer avec ta bouteille de vin toute seule un vendredi soir.
C’est avec les petites actions que tu vas apprendre à apprécier cette tranquillité temporaire.
Parce que là, c’est toi qui vas avoir choisi.
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