Je ne sais pas ni le où, ni le quand. À vrai dire, je ne sais même pas si tu existeras un jour réellement. Parfois j'ai peur à l'idée de donner naissance à un enfant dans le monde tel qu'il est présentement. Un monde à minuit moins une d'une catastrophe environnementale irréparable. Un monde où la démocratie est une notion plus ou moins arbitraire. Un monde où un pas en avant est souvent suivi de deux en arrière. Un monde où les différences, peu importe leur nature, sont encore sujettes à discrimination, rejet, jugement et violence. Un monde où la notion d'égalité en tout genre n'est encore à bien des niveaux qu'un beau concept pour bien paraître. Un monde qui a encore beaucoup de chemin à faire au niveau du savoir-être.

Néanmoins, quand je vois des gens se mobiliser, des voix s'élever, des mouvements et des actions se mettre en place pour que les choses changent, je dois avouer que ça me donne espoir. Espoir que le monde de demain sera meilleur que celui d'aujourd'hui. Alors à toi l'enfant que j'aurai, s'il vient le jour où tu décides de te pointer le bout du nez, voici que je te souhaite.

Je te souhaite de naître dans un monde sensibilisé, éduqué et conscientisé sur les différents enjeux de notre société. Je te souhaite de naître dans un monde bienveillant et inclusif. Un monde plus compréhensif. Je te souhaite un monde où ton apparence ne primera jamais sur ta compétence. Qu'aux yeux des autres, ta différence ne dictera jamais ta valeur ni ton importance.

Un monde où ta santé mentale ne sera jamais mise à l'épreuve par ton éducation. Où ton diplôme ne sera pas l'unique témoignage de ta capacité à ne pas craquer sous la pression. Un monde où l'appât du gain ne primera plus sur le capital humain. Un monde où les ressources ne viendront jamais à manquer si un jour tu vis des difficultés et as besoin d'être aidé.e. Un monde où jamais tu n'auras à te saigner pour payer ton minuscule 3 et demi de loyer. Où ton salaire ne te donnera pas l’impression de donner au quotidien dans l’humanitaire. Qu’au-delà de l’enrichissement économique, on ne tendra plus à oublier l’être humain qu’il y a derrière. Je te souhaite un monde qui te permettra d’aspirer à plus beau qu’un mode de vie de « métro-boulot-dodo ».

maman. enfant bébéSource image: Pexels

Je te souhaite un monde où tu pourras être ce que tu veux où le métier que tu choisiras sera dicté par tes intérêts et passions, non pas en fonction de s'il s'agit d'un métier de « fille » ou de « garçon ». Un monde où l'organe génital que tu auras entre les deux jambes ne prédéterminera pas d’emblée ton sentiment de sécurité en société. Un monde où la notion de consentement sera réellement comprise et respectée. Un monde où ton « Non » n'aura jamais besoin d'être suivi d'une explication ou d'une justification. Un monde où la sexualité cessera d’être un sujet tabou qu’on ne peut aborder en société.  Un monde où ton éducation sexuelle ne se fera pas uniquement à l’aide de sites cochons parce que les adultes auront refusé, par malaise, de répondre à tes questions. Un monde où on t’enseignera plus que les risques d’attraper une infection et la manière de mettre un condom.

Je te souhaite un monde qui aimera plus et qui jugera moins. Un monde dont l’ensemble des valeurs et mentalités auront finalement dépassé le cap des années 20. Un monde où ton orientation sexuelle ou ton identité de genre tu ne sentiras jamais le besoin de cacher par peur des regards et des préjugés. Un monde où ton estime de toi-même ne sera pas teintée par ton degré de concordance avec un très restreint standard de beauté. Un monde où le concept d’ouverture à la diversité dépassera la simple photo sur une affiche de publicité ou le bref instant de présence à la télé. Je te souhaite un monde qui t'amènera à t'aimer tel.le que tu es.

Et s’il y a bien une chose que je sais, c’est que c’est par mes propres valeurs, pensées et actions au quotidien que je contribuerai à façonner ton monde de demain. À moi de faire en sorte qu’il soit meilleur que le mien.

Source image de couverture: Pexels
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