Avez-vous marché vendredi? Moi, oui. Et pour une des premières fois dans ma vie, j’ai ressenti de l’espoir. Pour ceux qui n’étaient pas au courant, le vendredi 27 septembre, il y avait la marche pour le climat. Les terriens d’une vingtaine de pays se sont rassemblés, ont parlé et ont réclamé des mesures de la part des gouvernements pour contrer les changements climatiques. Les organisateurs de la marche à Montréal estiment le nombre de personnes qui se sont réunies à 450 ou 500 mille personnes, selon La Presse. Des mobilisations avaient aussi lieu partout ailleurs au Québec.

Face au réchauffement climatique, j’ai été à maintes reprises déçue. Depuis que je suis sur les bancs d’école, on m’a appris que la planète se réchauffait et que plusieurs espèces étaient disparues ou en voie de l’être, comme nos populaires ours polaires et manchots qui faisaient autrefois les manchettes dans la lutte contre le réchauffement planétaire et qui attiraient la pitié des gens.

Ensuite, le temps des sacs de plastique gratuits a disparu. Dans les magasins, on a ajouté des frais pour les clients qui utilisent des sacs à usage unique et la tendance des sacs réutilisables était lancée. J’ai participé à cette tendance. En 5e et 6e année du primaire, mes camarades de classe et moi fabriquions des sacs en tissu réutilisables comme moyen de financement.

Récemment, il y a quelques années, en écoutant le documentaire Cowspiracy, dont le slogan est « le film que les organisations environnementales ne veulent pas voir » (traduction libre de The film that environmental organizations don’t want to see!) , j’ai été encore déçue, mais surtout choquée. Lorsque tu fais face toute ta vie à l’inertie de classe politique – un terme bien à la mode ces temps-ci – tu t’accoutumes malheureusement au sentiment de déception, ça devient un état normal. En regardant le documentaire, j’ai appris, voire plutôt réalisé, que la production de viande contribuait pour beaucoup dans les émissions de gaz à effet de serre – les fameux GES! La production de viande représente 72 à 78% des émissions de GES du secteur agricole qui se quantifie lui-même à 5,5 milliards de tonnes de GES émis à l’échelle de la planète, selon LeDevoir, rapport du GIEC. En fait, la production de viande et tout ce qui y est associé (pâturage, eau, production de soya pour nourrir le bétail, etc.) constituent 15% des émissions de GES mondial, soit plus que la somme des GES associés aux transports, selon CNews. Ce qui m’a choquée dans tout ça, c’est qu’une des grandes organisations reconnues dans la lutte contre le réchauffement climatique – elle fait référence à une planète verte – n’en parlait même pas à l'époque sur son site internet ou dans les bulletins hebdomadaires envoyés aux membres. Il n’est pas nécessaire de vous expliquer mon sentiment de trahison et la raison de ma résiliation d’adhésion.

Je dois aussi avouer que je suis demeurée blasée ce printemps en voyant la popularité grandissante du combat contre la paille de plastique. J’ai vu du monde commander des pailles pliables en silicone et en acier inoxydable de l’autre bout du monde pour s’assurer que nos poissons et tortues – les nouvelles têtes d’affiche - ne finissent pas avec une paille dans le gosier. Je salue les bonnes intentions des gens, mais parfois, les contradictions dans un geste perçu comme écologique font ressortir mon cynisme. Aussi, je dois dire que je ne crois plus vraiment aux petits gestes. Enfin, en fait, ils ne suffisent plus. Je pense qu’il est plus que temps de ne plus être seuls chacun de son côté à faire ces petits gestes pour la santé de notre planète, mais de demander à nos gouvernements de se mobiliser réellement. Fini les paroles, nous voulons des gestes, des actions et des mesures.

Maintenant, depuis le 27 septembre, je regagne espoir. De la petite fille sur les bancs d’école qui s’insurgeait contre le réchauffement climatique à moi, la jeune femme qui a été témoin et victime de l’inertie de la classe politique, je regagne espoir. Maintenant, il reste à voir si ce mouvement pour la planète se reflètera dans les élections de cet automne comme ç’a été le cas de l’Île-du-Prince-Édouard au printemps 2019 où pour une première canadienne, l’opposition officielle était verte (pour plus d’infos à ce sujet, vous pouvez consulter l’article de Radio-Canada).

Allez donc faire un tour aux urnes le 21 octobre prochain et faites entendre votre voix.

Source image de couverture: Événement Facebook - Montréal - Crise climatique, manifestation historique
Accueil