Il y a un an déjà que je me séparais. Depuis, je croyais même que j'allais mieux, que j'avais pris du temps pour moi, pour être seule dans la dernière année. Aujourd'hui la réalité me frappe. Je suis toujours sous l'emprise de cet homme habile en manipulations. Je suis toujours une victime de violence psychologique. Je prends encore la défense de cet homme, j'excuse ses comportements et je me sens responsable de ceux-ci. J'ai même pris sur mes épaules sa rechute dans l'univers de la drogue. Je lui ai tout laissé en partant, même mon cœur. Voici ma prise de conscience en espérant vous aider avec la vôtre si votre histoire ressemble à la mienne.

C'est un matin de mai où je crois que notre relation parentale / amicale va bien. Pour être honnête, je rêve encore qu'il me trouve assez bien et que nous redevenions une famille. Je dois me rendre au travail avec lui ce matin. L'ambiance est tendue puisque hier soir j'ai abordé un sujet financier avec lui. Comme les enfants ne sont pas de la partie, nous pourrons discuter. Parce que oui cette nuit je suis presque revenue sur la décision que j'avais prise hier. Je travaille comme une folle, j'ai un bon emploi et je n'arrive pas mais, il a besoin de faire la fête et de s'étourdir ce pauvre homme, il m'apparaît presque sensé d'attendre encore qu'il commence à me rembourser l'argent. Ça fait un an que je m’arrange sans cet argent... Qui sait, il me remerciera peut-être cette fois-ci?

J'aborde le sujet avec mille et une précautions. C'est toujours très difficile d'avoir une discussion avec lui. Mais bon c'est pour lui dire ce que je vais faire sans cet argent. Ça lui donnera sûrement le sourire! Boum! Une bombe éclata dans la voiture qui roule tout de même à 100 km/h. Les coups de poing fracassants le pare-brise, il essaie de faire la même chose avec la fenêtre de côté. Il m’injure, me rejette toutes les fautes possibles et me dit: ¨j'espère que tu es bien attachée¨. Puis il accélère et roule dangereusement. Je pleure, je suis terrifiée mais il me dit: ne pleure pas tu sais que ça m'énerve, ça va juste être pire”. J'essaie d'éteindre larmes et sanglots mais je n'y arrive tout simplement pas. Entre deux hoquets étouffés, je lui dis que je veux descendre maintenant sur le bord de la route. Il refuse catégoriquement. J'essaie de raisonner la peur en moi. Je ne suis pas au premier incident du genre, j'ai partagé sa vie plus de 15 ans. Il ne me fera pas mal volontairement, il veut seulement me faire peur. Seulement...

Arrivée à mon travail saine et sauve mais tout de même une boule dans la gorge et des larmes roulants sur mes joues, il s'excuse, il est désolé, il a une bonne raison que je n'écoute pas et sur laquelle je referme la portière. J'ai 34 ans, les gens me perçoivent comme une femme forte, travaillante, ambitieuse. Moi je me perçois comme une moins que rien, une femme faible et digne d'être rejetée. Je le mérite c'est certain. Je sais que l'argent ça l'énerve je n'aurais pas dû aborder ce sujet. En plus je m'attendais presque à un merci de lui financer ce qu'il me doit sur 50 mois sans intérêt! Mais je dois me rendre à l'évidence je suis la méchante qui l'a laissé dans la misère financière en quittant une maison sans amour, pleine de reproches et où la drogue était plus importante que moi. Il m'en veut, tellement de gens m'en veulent pour lui. Ça doit être vrai, je dois mériter ces jugements. Quelle femme indigne je suis...

Dans la journée je travaille, mais l'esprit occupé à ce matin difficile. Je me torture à trouver mes fautes, lui trouver une excuse. Mon meilleur ami s'enquiert de mes nouvelles. Je lui raconte l'incident sur un ton désinvolte, c'était anodin. Il me sort la phrase qui me hante depuis : Qu’est-ce ça te prend de plus pour te rendre compte que tu es victime de violence psychologique? J'essaie maladroitement de contourner mais sans succès. Il en a assez mon ami de me voir subir ça. Je m'en rends compte, alors je lui donne à peine raison et je suis fâchée. Je suis fâchée qu'il ait vu lui aussi à quel point je suis faible et vulnérable. Je suis fâchée qu'il m'ait dit ça. J'arrête de lui répondre, il passera à autre chose.

Ma tête tourne sans arrêt depuis deux jours. J'ai même fait des recherches sur la manipulation, la violence psychologique et la dépendance affective. J'ai dû arriver à un constat. Je dois travailler sur moi et vite. Je me sens dépassée, étourdie. Je me rends bien compte que l'homme pour qui j'ai autant de sentiments n'est pas le prince que je m'étais imaginé. Je ne peux pas le sauver. Je crois qu'aujourd'hui, c'est ce que je trouve le plus difficile de réaliser. Il n'est pas aussi bon pour moi que je le voudrais. J'écris ces lignes en me disant qu'il y a plein de belles choses pourtant en lui. Je me trouve dure à son égard en relisant... Et pourtant, ce n'est qu'un mini épisode sur plus de quinze ans. Il y en a tellement eu... Je dois apprendre à m'aimer et à me donner à moi ce que je lui ai toujours donné. Le laisser derrière moi et avancer pour vrai. Je n'ai pas encore trouvé exactement comment je me réapproprierai mon estime personnelle, mais grâce à mon ami à qui je n'ai pas encore reparlé, je vais tout mettre en œuvre pour y arriver.

Je commence donc en écrivant ce texte. En relisant je sais, je me rappelle comment je ne veux plus me sentir. La seconde chose que je ferai, c'est remercier mon ami et accepter son aide et ses ressources. Je dois, malgré mes allures de femme forte, accepter toute l'aide nécessaire afin de m'offrir mon plus beau cadeau : M'aimer et m’estimer comme je le mérite. Mes enfants auront un vrai modèle de réussite personnelle et j'en serai fière.

Signé : une femme de 34 ans qui a encore peur du jugement de son entourage pour apposer sa signature... Ça viendra!

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Source image principale : Unsplash

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