De retour de San Diego. Tu étais là-bas pour un atelier de créativité et de méditation. Ta première visite en Californie à vie. Malaaade!

Tu rêvais de la Cali depuis longtemps, particulièrement depuis un séjour en Floride où la magie de Disney s’était emparée de toi. Une journée de plus là-bas et tu t’achetais une robe de princesse. Celle de Belle, t’sais, la jaune. C’est que la X-Large pour enfant t’allait à ravir… Mais tu avais résisté, sous le regard effrayé de ton amie qui disait : Euh, t’es sérieuse? Toutefois, deux secondes après, tu craquais pour un toutou de Simba, une tasse de Tigrou et un t-shirt du film Inside Out.

Source: Wikia

Après Disney, ton amie et toi étiez allées dans la ville côtière de Cocoa Beach, pour profiter de la plage, du soleil, de la mer... C’était bon, doux, vivifiant, parfait! À part ton coup de soleil de championne, quelle joie de vivre en maillot de bain, robe d’été, gougounes aux pieds all day long. Vivre léger tout comme penser léger. Car sur la plage de Cocoa Beach, ton esprit s’était vidé pour mieux se remplir du bruit des vagues. Et la seule phrase que ton cerveau enregistrait était : la vie, c’est grand. Tu répétais cette phrase comme un mantra : la vie, c’est grand. C’est ça que la puissance de l’océan et le mouvement des vagues t’inspiraient : la vie, c’est grand, c’est magique. C’est magique même sans Disney. C’est magique avec l’immensité de l’univers, la diversité biologique et culturelle, la complexité des comportements humains, l’art, le hasard! Tout ça, c’est tout simplement magique. Grand. Voilà ce que te disait l’océan Atlantique, à Cocoa Beach. Et tu trouvais ça beau. Ça agrandissait l’espace en toi, ça te nettoyait, te renforçait, te donnait envie de découvrir le monde entier! Comme d’aller de l’autre côté du continent, en Californie, pour piquer une petite jasette avec l’océan Pacifique. Car qu’avait-il à te dire, lui?

La Californie a poursuivi son chemin jusqu’à toi le jour où, entrée dans une librairie sans but précis, tu en es ressortie avec le livre Big Magic d’Elizabeth Gilbert.

Source: Elizabeth Gilbert

Pourquoi ce livre à la couverture douteuse et au titre tapageur aboutissait entre tes mains? Bonne question. Mais une petite voix à l’intérieur de toi te disait : Prends-moi, lis-moi, envoye-donc… Et tu as bien fait de l’écouter, cette voix, car Big Magic allait complètement bouleverser ta vie, dans le plus beau sens du terme. Au fur et à mesure de ta lecture, l’envie d’être écrivaine rejaillissait en toi. Un rêve d’enfance entendu à de multiples reprises et chaque fois assassiné par des phrases comme : l’écriture ne paie pas les factures, tu n’as pas de talent, tu n’as rien à dire qui n’a pas déjà été dit, pour qui te prends-tu… Toutes des phrases inhibitrices de créativité qu’Elizabeth Gilbert t’a aidée à déconstruire, pour ensuite te reconstruire sur le fondement suivant : t’accorder le droit d’écrire par plaisir, sans attente ni jugement, comme une enfant.

Un beau matin, après une séance d’écriture joyeuse, tu naviguais sur la page Facebook de ta nouvelle gouroue, lorsque cette dernière a annoncé qu’elle donnerait un atelier de créativité dans un centre de méditation à San Diego, en Californie. Wow. Créativité, méditation, Gilbert et Californie? Ce voyage était pour toi. Mais le prix… et le taux de change… et ton travail… Y aller ou pas? Deux jours plus tard, apprenant que ton ex habitait à côté de chez toi avec sa nouvelle flamme (voir Mois de marde), tu mettais fin à ton hésitation et tu achetais ton billet d’avion.

En Cali, le paradis. Ton régime quotidien? Yoga, méditation, écriture, conférence, marche, course à pied, bouffe végé. Chaque jour, tu fermais les yeux pour mieux te voir. Tu prenais conscience de la vie qui soufflait en toi pour mieux accueillir celle autour de toi. Tu te reconnectais avec ta sensualité. Une sensualité perdue à travers les années à force de vivre dans un monde saturé de sensations extrêmes trop souvent vides de sens. Mais en Californie, dans ce lieu exempt de tous stimuli superflus, tu as réappris la lenteur, la profondeur et le plaisir des sens, pour enfin goûter à la magie brute de la vie.

Après l’atelier, c’est donc sur le mode magico-senso-sensuel que tu as visité San Diego. D’abord, tes yeux et ton estomac ont été attirés par une pâtisserie qui avait tout d’extraordinaire : Extraordinary desserts.

Source: Online Home

Source: Kevin and Amanda

Ensuite, tes oreilles et ta peau ont été appelées par une boutique de lingerie fine où jouait un best of de U2. Tu as donc essayé un soutien-gorge accompagnée de With or without you... Bonne question! Et tu es sortie du magasin, les mains vides, en entendant But I still haven’t found what I’m looking for... Exactement! Tu as toutefois trouvé ce que tu cherchais dans la très jolie boutique Vo-cab-u-lar-y où des bonjour, joie, lumière, merci étaient partout écrits. Une boutique de vêtements et d’accessoires où tu as failli perdre le contrôle de ta carte de crédit et où, rendue à la caisse, tu es restée sans mots en découvrant que le top que tu t’achetais portait… ton prénom!

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Le lendemain, jogging dans le beau parc Balboa, promenade sur la riche île Coronado et finalement, souper dans un resto végé du quartier italien, le café Gratitude, où tous les plats étaient des adjectifs positifs – Happy, Gorgeous, Peaceful, Fabulous, etc. – qui devaient être commandés en disant d’abord I am… Toi, tu as pris le plat I am Grateful. Et c’était tellement vrai!

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Finalement, tu as passé la dernière journée de ton voyage à la plage, les cheveux dans le vent du large, en tête à tête avec l’océan Pacifique. C’est avec joie que tu l’as écouté te 6 dire, à l’instar de l’Atlantique, que la vie est grande et magique. Et que tu n’as qu’à ouvrir grands les yeux et dire oui, je le veux pour voir se concrétiser tes vœux.

Euh, minute Pacifique… T’es sérieux?

Le jour de ton départ, à l’aéroport, ton magic mood a été mis à l’épreuve lorsque ton vol de retour a été retardé de quatre heures. Tu es alors passée à deux cheveux de chanter que la vie, c’est de la marde et pas de la magie, quand tu t’es dit : et si la magie se trouvait justement là, dans cet imprévu? Tu t’es donc calmée et tu as observé, écrit, médité. Tu t’es liée d’amitié avec un couple de sexagénaires qui parcourait le monde. Tu t’es également posé des tonnes de questions sur le métier d’agent de bord : c'est quoi leur salaire? C’est quoi leur formation? C'tu l'fun leur job? Quels sont leurs rabais de voyage?... Et tu as noté dans ton calepin que tu aimerais, un jour, poser tes mille et une questions à un réel agent. Une semaine plus tard, tu jasais avec un gars dans un bar…

- Et toi, que fais-tu dans la vie?

- Je suis agent de bord pour Air Canada.

- ?!!

Dans ta tête, les mots Pacifique et Magique se sont agités légèrement…

Le weekend suivant, désirant avoir une belle photo de toi à joindre à de futurs manuscrits pour de potentiels éditeurs, tu magasinais un photographe professionnel. Trois jours après, assise dans un parc, un pur inconnu s’avançait vers toi, appareil photo, trépied et carte d’affaires à la main :

- Mademoiselle, il faut absolument que je vous photographie. Contactez-moi.

- ?!!

Les mots Pacifique et Magique se sont alors agités un peu plus fort…

Le soir même, tu racontais l’anecdote à une amie quand elle t’a proposé les services d’un bon copain à elle, photographe à ses heures.

- Appelle-le. En vacances du boulot, il a plein de dispos pour la photo.

- Ah oui? Quel boulot?

- Éditeur.

- ?!!

Source: Chez Maya

Cette fois-ci, les mots Pacifique et Magique en vagues énormes!

Une semaine plus tard, ton voisin te demandait si tu pouvais nourrir ses poissons et rentrer son courrier pendant son voyage. S’en est suivi votre première longue conversation.

- T’es silencieuse, j’t’entends jamais! Tu fais quoi dans la vie?

- En ce moment, j’écris mon premier roman. Et toi?

- Éditeur. Alors donne-moi ton manuscrit lorsqu’il sera fini!

Et plouch! Tout ton être soudainement emporté par un tsunami de magie! Tu es entrée chez toi ce soir-là munie d’un sourire aussi large que tous les océans. Tu as ouvert ton calepin et tu y as inscrit un souhait de haute voltige. L’ultime souhait. The One. Et il sera exaucé, tu le sais. Il apparaîtra devant toi, tôt ou tard. Comme un lapin sorti d’un chapeau. Comme par magie. Car tu l’as bien compris, ainsi est la vie.

Source: Math Forum

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