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J’ai su résister. Je ne suis pas allée rejoindre mon amant à Paris. Pierre-Alexandre*. Car j’étais bien décidée à l’oublier. De toute façon, son invitation ne me tentait pas. Car j’avais déjà vu la tour Eiffel. Et sa tour Eiffel personnelle aussi... J’ai donc continué à profiter de mon séjour en Russie. Et de mon joli interprète russe, Mikhaïl*.

Toutefois, toute bonne chose ayant une fin, il a bien fallu que je revienne à Montréal. Et les deux pieds de nouveau dans mon ancienne vie, il m’a semblé plus difficile de ne pas penser à lui. Que faisait-il? Où était-il? Toujours à Paris ou seulement à quelques kilomètres de moi? Et si je lui écrivais un message…

Non. Pas de message. Car un message mènerait à une réponse qui mènerait à une invitation qui mènerait à une rencontre et finalement, ce serait le tsunami dans ma vie avant même que je ne m’en rende compte. Alors non, pas de message. Non, non et non!

Cependant, à force de penser à ce qu’on ne veut pas, on finit par l’attirer à soi... On s’est donc croisés « par hasard », lui et moi. Je sortais du travail. Il magasinait. Salut, salut, comment vas-tu? Content de te voir. Moi aussi. Et puis la Russie? Toi, Paris? Faudrait bien aller prendre un café! Oui. J’t’écris. Ok. J’t’embrasse. Moi aussi. XX

Ah… Ses foutus yeux bleus! Ah… Ses foutues grandes mains! Ah… Lui au grand complet! J’étais incapable de lui résister. Alors on s’est écrits. On s’est revus. Et on est retombés dans nos vieilles habitudes. Comme deux beaux niaiseux. Et moi, l’éternelle naïve, j’ai encore cru que cette fois-ci, ce serait différent. Que cette fois-ci, ce serait la bonne. Qu’enfin, je serais la bonne. Pour lui. Parce qu’il était célibataire (sa blonde l’avait laissé lorsqu’il était à Paris). Et moi aussi.

Mais Pierre-Alexandre avait un sixième sens pour détecter la présence d’un trop-plein d’espoir dans mon petit cœur. Alors quand mon pied se faisait un peu trop pesant sur l’accélérateur, lui, il ne se gênait pas pour peser sur le frein. C’est donc en un rien de temps que notre relation passait du vert… au jaune… au rouge. De moins en moins de messages. De moins en moins de rencontres… Tout indiquait qu’on n’allait pas dans la même direction. Et que moi, je fonçais tout droit dans un mur de béton.

Ça me tuait. Chaque fois. Parce que moi, je l’aimais. Je voulais que ça décolle! Qu’ensemble, on s’envole! Je rêvais à lui. À nous. Je nous voyais mariés. Parents de deux beaux enfants. Mais lui, non. Il ne voulait rien de plus que l’amitié que nous avions depuis déjà quatre ans. Quatre ans!

Source: ravepad.com

Puis un jour, lors d’un de nos breaks relationnels, j’ai fait un rêve hyper réaliste. Un rêve me laissant une si forte impression que je n’ai pu m’empêcher de le lui partager :

« Salut. J’ai rêvé à nous… J’avais 37 ans. Célibataire, je te demandais de me faire un enfant. Tu acceptais même si tu étais marié et déjà papa. Pendant ma grossesse, j’écrivais un roman. J’accouchais d’un garçon. Je lui donnais ton nom. Je terminais mon livre. Toi, tu étais un super diplomate pour le gouvernement canadien. Mon roman se vendait bien. J’étais heureuse. On était amis… »

Aujourd’hui, quand je relis ce rêve écrit il y a 10 ans, je n’en reviens pas. Car… Après des années d’une amitié parsemée d’espoirs et de déceptions, de ruptures et de retrouvailles, de rancune et de pardon, nous sommes encore amis, lui et moi. De mon côté, je suis célibataire, j’aurai 37 ans dans un mois et je travaille présentement sur mon premier roman. Tandis que lui, il est marié, papa deux fois et devenu diplomate. Incroyable, non? Aurais-je des dons de prémonition? Du moins, si je me fie à mon rêve, il ne me resterait plus qu’à lui demander de me faire un enfant… Mais ça, c’est non. Parce que les histoires de tromperie sont bel et bien finies. Promis.

* Les noms de ce texte sont fictifs sauf le mien.

Source: eligiblemagazine.com

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