Voir partie 1 ICI.

Décembre 2003

Mon amant parti pour le temps des Fêtes, j’en ai profité pour aller voir ailleurs. Parce que. J’avais beau rêver qu’il quitte sa copine pour me choisir, moi!, m’aimer, moi!, me marier, moi!, je n’étais pas si naïve que ça…

C’est donc ainsi que je me suis retrouvée dans un bar de la rue Saint-Denis. Avec mon vieil ami Christian et deux de ses collègues, dont un pas pire cute. Après ma troisième bière, il est passé de pas pire cute à très, très cute. Le problème? Sa gêne. Extrême. Une gêne qui rendait son regard évitant et sa conversation inexistante. De sorte qu’il ne prononçait qu’un seul mot à l’heure. Un simple « oui » à la question : « Veux-tu une autre bière? » Toutefois, à 2h30 du matin (heure de la dernière chance), il est passé à l’attaque.

- Dis, t’aimerais ça souper au resto avec moi, demain?

Wow! J’étais bouche bée. Une phrase complète? Venant d'un faux-muet? Qui plus est, une invitation à souper? J’étais si surprise que j'ai accepté sans hésiter. Il a attaqué de nouveau :

- Toi qui aimes la Russie, on pourrait aller au Kalinka, sur Crescent. Ça te va?

Wow. Le faux-muet avait de très bonnes oreilles. Car toute la soirée, j’avais déblatéré sur la politique russe et l’histoire russe et l’apprentissage de la langue russe et mon possible voyage en sol russe…

- Da, kaniechna (oui, bien sûr, en russe)!

- Super! Donc demain soir, disons… 18h?

- Parfait!

Le lendemain soir, au resto, le cute shy guy m’a accueillie avec deux becs sur les joues, un verre de vodka, un « salut, ça va » et ensuite… un long silence. Décidément, il n’avait pas l’art de la parole. J’ai donc pris les choses en main en lui lançant des questions de base.

- Alors… Que fais-tu dans la vie?

- Pas grand-chose.

Merde. Ça commençait mal. J’ai poursuivi.

- Ah… Et ce pas grand-chose, c’est quoi?

- Ben... J’travaille dans une usine de vis.

- De vis... S ou CE?

J'ai ri. Pas lui. Merde. La soirée s’annonçait longue.

- Ah… Quel genre de vis?

- Toutes sortes de vis.

Palpitant. Dis-m’en plus…

Ennui

Source: lecturissime.com/

Par chance, la serveuse est arrivée pour prendre nos commandes. J’en ai profité pour changer de sujet.

- T’étudies?

- Non.

- Ah bon.

Voyant qu’il n’élaborait pas davantage et qu’il ne me renvoyait pas la question, j’ai opté pour du vomi verbal.

- Et bien moi, comme tu sais, j’fais une maîtrise en science politique, mais j’ai d’abord fait un bac en littérature, parce que j’rêvais d’écrire, mais en suivant un cours de littérature russe, j’ai eu envie d’en connaître davantage sur la Russie, alors j’me suis inscrite à des cours d’histoire, de langue et de politique russes, et là, j’ai eu un flash pour la politique et c’est là que…

Et c’est là qu’il m’a interrompue. Me trouvait-il ennuyante? Du moins, il semblait vouloir me dire quelque chose d’important. Étrange.

- J’sais pas comment t’annoncer ça, Catherine, mais... en fait, j’sais pas si je te l’avais dit, mais...

Mon Dieu! Que voulait-il me dire? Qu’il avait une maladie incurable? Qu’il allait mourir demain? Qu’il était enceinte? J’ai pris une gorgée d’eau pour faire passer la nervosité.

- Vois-tu... Vois-tu...

- Non, j’vois pas là...

- C’que j’veux dire, c’est que... c’est que…

- C’est que quoi?!!

- J’ai une copine.

Cette fois-ci, une gorgée de vodka. Puis le verre au complet. Non mais! J’étais sous le choc.

- Euh… S’cuse-moi, là… Mais si t’as une copine, veux-tu ben m’dire c’qu’on fait ici, toi et moi?

- Tes lèvres.

- Quoi, mes lèvres?!

- Elles m’ont donné le goût de t’connaître.

En entendant ça, le cœur m’a levé. Ou était-ce la vodka? Peu importe. C'est que. J’étais déjà la maîtresse de quelqu’un. Cette réalité me faisait sentir assez cheap de même. Alors de l’infidélité, nul besoin d’en rajouter.

- Ok. Ç'a le mérite d’être franc. Mais lis bien sur mes lèvres ce que j’ai à te dire, parce que j’le répéterai pas deux fois : je pars.

- Mais…

Je ne l’ai pas laissé terminer. J’ai pris mon manteau et je suis partie. En lui laissant la totalité de la facture, bien sûr. Qu’il paye, pauvre con!

De retour chez moi, frustrée, j’ai pris mon portable et j’ai écrit à mon amant. Car paradoxalement, lui seul savait me réconforter lors de déceptions amoureuses.

- Mayday! Mayday! Mayday! J’ai besoin de toi.

Même si j’espérais qu’il me réponde immédiatement, je ne m’attendais pas à ce qu’il le fasse. Après tout, il était en famille, avec sa blonde… Mais deux minutes plus tard, il m’écrivait :

- J’suis là, ma magnifique. Qu’est-ce qui se passe? Raconte!

Chouette! Il était là. Pour moi. Encore une fois. Malgré la distance. L’absence. J’étais si heureuse! Si soulagée... En même temps, je savais que là résidait un de nos problèmes : il était beaucoup trop disponible pour un gars non disponible. Et moi, beaucoup trop attachée pour une fille libre…

La suite mardi prochain…

Amour_Distance

Source: twitter.com

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