C’est la Saint-Valentin. Ah? Je n’ai pas de chum. Ah. Mais promis. Pas de chialage ni braillage. Car je suis heureuse. Je dirais même… amoureuse. Pas amoureuse d’une personne avec qui je ne peux « m’imaginer vivre sans ». Bien que je commence à développer de quoi de pas mal fort pour le beau Patrick de District 31... Mais amoureuse de la vie en général. Et de la mienne en particulier.

En fait, non. Je me rétracte. Car oui, je suis amoureuse de quelqu’un. Pis ce quelqu’un-là… Attention, je fais mon coming out… c’est moi. Ben oui, toi. Je suis amoureuse de moi. Tu ris? Avoye, ris. Je trouve ça drôle, moi aussi. Drôle, mais surtout, vraiment l’fun. Parce qu’à 36 ans, m’aimer, il était temps.

Comment est-ce que je le sais, que je m’aime? Ah. Plein de signes qui ne mentent pas. Comment dire? C’est un sentiment qui est là, en dedans. Solide comme une montagne. Qui est là depuis toujours, mais que je ne voyais pas. Parce qu’aveuglée par mille et une conneries. Mais maintenant, je vois. Amazing Grace, c’est moi.

Amazing grace! How sweet the sound;

That saved a wretch like me.

I once was lost, but now am found;

Was blind, but now I see.

C’est une sensation aussi. Qui se situe surtout dans la région du ventre et du cœur. Une chaleur. Voire, une excitation. Qui me rend enthousiaste de me lever le matin. Curieuse de voir ce que la journée me réserve. Contente de ce qui est. Et ô joie, le sentiment de vide que je ressentais avant a été remplacé par un sentiment de plénitude. De certitude. La certitude d’être pleine de belles affaires. Qualités. Habiletés. Capacités. Bref, pleine de beauté. Et comprends-moi bien. Ce n’est pas de la vantardise que je te sers. Ni de l’ego mal placé. Au contraire. C’est avec une grande humilité et une indicible gratitude que je te partage ce que j’apprécie de ma propre personne. Sans nier mes travers pour autant.

J'irais même plus loin. Car l’amour que je ressens va au-delà de mon contenu en s’étendant à mon contenant. Parce que… Je ne pensais jamais dire ça un jour, mais je suis devenue buddy avec mon body. Oui, j’aime mon corps. Je le trouve mignon. Sensuel. Fort. À mon gym, je suis impressionnée quand je vois c’te ti-boutte de 5 pieds-là faire des mouvements d’haltérophilie. Je suis heureuse aussi de tout ce qu'il accomplit, 7 jours sur 7, 24h sur 24, sans que j’aie besoin de lui demander quoi que ce soit. Comme respirer. Guérir. Me bombarder de sensations. Un chum fidèle, t’sais. Dont je protège l’intégrité. Pour ne pas qu’il s’effondre devant les autres. Qu’il se fonde dans les autres.

J’aime non seulement ce que je suis, mais j’aime ce que je fais. Mes jobs, qui me permettent d’avoir un impact direct et positif sur des centaines de personnes. Les endroits que je fréquente. Mes relations. Mes loisirs. Mon alimentation. Bref. J’ai tout ce dont j’ai besoin. Il ne me reste plus qu'à souhaiter que cette qualité augmente en quantité.

Ce n’est pas tout. J’aime également la liberté que je m’accorde. Physiquement et psychiquement. La liberté, c’est-à-dire le droit de changer, le devoir de me transformer. Pour vivre selon mes convictions. Que ce soit en disant adieu à une relation, une manière de penser, un emploi, un clan. Ou à tout ça en même temps. Les deux pieds dans la bouette, de la broue dans le toupet, à coup de hache, je défriche. Je me déracine. Un mal nécessaire. Pour suivre ma boussole interne. Et faire mon chemin sans perdre le Nord.

Le déracinement. Un long processus. Car plusieurs années sont nécessaires pour se défaire de liens psychiques dont on est pourtant physiquement coupés. Tel un membre amputé dont on ressent encore l’existence. Mais l’amputation est parfois le prix à payer pour devenir entier. Authentique. Et enfin comprendre ce que veut dire « prendre soin de soi », « se respecter », « s’aimer ». Des termes souvent galvaudés. Vidés de leur sens. Qui pourtant, lorsque réellement compris, ressentis et appliqués, changent tout. Notre regard sur soi, les autres, le monde, la vie! De mon côté, j’y suis arrivée. Et maintenant, quand je fais silence, que je m’écoute, c’est moi que j’entends. J’entends : « Je t’aime. »

Oscar_Wilde

Source: http://www.relatably.com/

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