Maudit. Ça avait bien commencé. Il était cute. Grand. Mince. Bien habillé. Il parlait beaucoup, mais bon… Pas de problème, car ce qu’il disait t’intéressait. Il t’a même fait rire une ou deux fois. Wow. Malheureusement, les choses se sont vite gâtées. Car il parlait beaucoup non seulement avec sa bouche, mais également avec ses mains. En fait, il gesticulait tellement que les gens de la table d’à côté se sont tassés. Malaise.

Trop occupé à te mimer sa vie au grand complet, l’idée de s’intéresser à toi n’a pas semblé lui traverser l’esprit une seule seconde. La preuve, c’est qu’au total, il t’a posé zéro question. Zéro! Mais le pire, c’est quand il s’est mis à te raconter ses plus grandes blessures. Familiales, amicales, amoureuses, alouette. Tout y est passé. Après deux heures à baigner dans sa négativité, franchement, tu as décroché. Car c’était un peu tôt dans la relation pour étaler tous ses problèmes sur la table, non? C’est donc avec le plus grand sourire que tu lui as servi ta phrase « sortie de secours » : « Désolée, mais je dois vraiment partir. J’ai un rendez-vous très important demain matin. »

Maudit. Maudit que ta vie amoureuse est poche! Et pourtant, ce que tu recherches n’est pas compliqué : tu veux qu’un homme te fasse rire. Parce que rire fait briller tes yeux, détend ton visage et ouvre ton cœur. Quand tu ris, tout ton corps te dit : « Encore! Encore! » Alors tu cherches un gars drôle. Un Louis-José Houde, t’sais. Ou les quatre gars de La soirée est encore jeune en un.

La soirée est encore jeune

source: http://magazine.artv.ca/la-soiree-est-encore-jeune/

Mais de ces temps-ci, tu rencontres des pas drôles. Des sérieux. Des argumenteux, critiqueux, déprimés et déprimants. Quel dommage! Quel d’hommeage. Car les hommes que tu rencontres gagneraient à être comiques. Ne savent-ils pas que « femme qui rit est à moitié dans leur lit »?

Alors ce soir-là, après ta rencontre avec le gesticulateur précoce, tu es revenue chez toi et tu as supprimé son profil. Clic et au suivant! Aussi simple et cruel que ça. Telle est la mécanique du online dating. Ça commence par Enter et ça finit par Delete. Delet. Dele. Del. De. D.

Malgré cette nouvelle déception, tu continues à croire que l’amour t’attend quelque part. Et en attendant de trouver où, tu manges des bonbons. Oui, tu manges des bonbons. Ça te surprend toi-même, car tu n’as habituellement pas la dent sucrée. Mais ces derniers temps, tu succombes très (trop) souvent à la vitrine bien garnie de chez Oscar. Ou aux allées halloweenesques du Jean Coutu… Symptôme évident d’une carence affective évidente qui te donne caries et kilos en trop. Mais bon, on se console comme on peut, hein! Alors à défaut d’être appelée Honey, tu t’achètes des bonbons au miel… Et à défaut d’être embrassée, tu te bourres la face dans les Kisses à la mélasse…

Tire Sainte-Catherine

Embarrassant. Pathétique... Mais c’est que tu as besoin d’un peu de sugar in your bowl, comme le chante si bien Nina Simone. Parce que tu es fatiguée de « fonctionner » toute seule. Fatiguée des phrases comme « je suis indépendante », « je suis autonome », « je m’aime » et « je n’ai besoin de personne ». Il y a bien des limites à l’autarcie affective, non? Des limites à apprécier la solitude de ton île déserte. Une île sur laquelle tu inviterais bien un « Il »…

Well, en attendant, tu manges des bonbons. Et tu fantasmes. Tu fantasmes sur un homme qui te demandera la banale question : « Et puis, sweetheart, comment a été ta journée? » Tu fantasmes sur un homme qui t’invitera pour un weekend à l’extérieur de la ville : « Cuty pie, je te kidnappe pour 3 jours. Hôtel, randonnée, spa… » Tu fantasmes sur une simple invitation à aller au musée, au cinéma, au resto… Bien sûr, tu peux faire toutes ces sorties entre amies, avec ta famille, voire toute seule. C’est ce que tu fais, d’ailleurs. Mais sortir avec tes amies et ta famille n'enlève pas ton envie d'avoir un amoureux. Car ça revient un peu à manger des fruits quand tu as envie de cochonneries... Ça te laisse sur ta faim, t'sais. Ça te laisse toute seule avec ton petit creux.

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