J’ai remarqué depuis un certain temps que plusieurs personnes s’identifient au voyage pour entamer une certaine découverte d’eux-mêmes, à savoir une espèce d’introspection de soi. J’avoue que j’ai déjà fait partie de ces personnes qui, accros aux réseaux sociaux, regardent des amis ou des connaissances sur Facebook ou sur Instagram qui postent des photos d’eux en voyage. Pas n’importe quel voyage, mais des voyages fous, débiles, complètement insane avec des photos d’eux dans des chutes en Thaïlande, sur le sommet d’un mont enneigé en Islande ou au Nicaragua, dans le désert du Maroc ou au bord de la mer en Nouvelle-Zélande.

Pour moi, cette rafale de photos déposée sur les réseaux sociaux et l’été qui entame son mois de juillet n’est pas une simple coïncidence. J’en fais un certain lien dans ma tête. Ce lien m’amène automatiquement à ressentir un blues d’été. Oui oui, un blues d’été. Qui ne l’a jamais vécu ce petit blues où tu restes à Montréal tout l’été, tu es un peu nostalgique de tes étés passés. Mélancolique des moments que tu aurais pu passer si tu ne travaillais pas tout l’été. Un peu déçue même, de ne pas être partie en voyage… Parfois tu te sens un peu seule, tu voudrais voir tes amies, mais pas de chance, tout le monde travaille à ce moment-là. Ce petit blues qui te fait perdre ton temps sur des photos illustrant la vie des autres. Ce petit blues où tu ressens à l’intérieur de toi un espèce de vide, un sentiment d’accomplissement qui n’est pas comblé. Ce petit blues qui te pousse à te poser plusieurs questions sur comment tu te sens, tes attentes, tes rêves, tes ambitions, tes défis, tes désirs, tes peines, tes frustrations et j’en passe.

Source: Grey and Scout

Ce petit blues qui t’amène à te demander t’en es où dans ta vie? Est-ce que tu passes à côté de la plaque? Ce petit blues est-il synonyme d’ennui? Je ne pense pas. Ce petit blues te pousse parfois à te remettre en question sur ce que tu veux vraiment et sur ce qui te rendrait heureuse. C’est l’été et d’un moment à l’autre, tu auras le temps de ressentir au moins une fois ce petit blues…

Néanmoins, j’ai compris au travers de ce petit blues (oui oui je le vis) que les personnes qui voyagent durant l’été tout comme celles qui restent à travailler dans leur ville peuvent vivre la même quête de soi. Ce n’est pas parce que ton amie qui est partie en Asie apprendre le bouddhisme durant 2 mois ce sera davantage découverte et émancipée que toi qui est restée à Montréal à servir des crèmes glaçées. Peu importe le lieu où l’on se trouve, c’est la personne à l’intérieur de soi qui change si on le décide, si on a la motivation et que l’on prend le temps d’écouter nos sentiments, nos ambitions, nos envies… L’exotisme est très prisé sur les réseaux sociaux de nos jours, c’est à la mode! C’est pourquoi oui une photo vaut mille mots, mais est-ce que la personne a fait son voyage pour le faire pour elle ou pour le paraître face aux autres.

Source: Canoë

C’est à ce moment que tu dois comprendre que même si tu n’es pas partie à l’autre bout du monde, mais que tu es bel et bien restée accoudée au comptoir du nettoyeur pour lequel tu travailles, perdue dans tes pensées à te demander si: ton choix de programme pour l’université est vraiment ton choix ou celui de tes parents, si tu devrais mettre un terme à une relation amoureuse ou si tu ressens le besoin de renouer avec une vieille passion tel que des cours de piano, tu auras pris le temps de t’écouter et de voir si tu es bien heureuse.

Les petits blues d’été ne sont pas à sous-estimer ou même à éviter comme la peste. Certes, être confrontée à soi-même, restée seule avec soi-même et se poser des questions sans réponse immédiate à soi-même peut être un moment dans une journée d’été plus ou moins agréable, voir un peu noire ou mélodramatique sous le soleil de plomb et le 35°C ressenti, mais ô combien essentiel pour faire le point sur sa vie!

Prendre le temps de prendre du temps avec soi-même, sans artifice, chez soi, par une belle soirée d’été avec une verre de vin à la main, c’est aussi un beau moyen pour faire le point sur sa vie.

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