Parfois, j’vais sur les réseaux sociaux, tsé, comme Instagram.

Pis là, ça commence. L’anxiété me frappe de plein fouet. Je scroll down le feed, ça y est : ma confiance en moi disparait.

J’vois que des belles filles qui vivent la vie que je désire avoir. Des filles aux lèvres plus grosses, aux visages plus fins, aux fesses plus rondes et aux styles vestimentaires hors de prix.

J’feel pas bien.

J’ferme l’application, pis j’ferme mon cell.

J’le dépose sur mes cuisses, assise dans mon lit à fixer le mur, pis j’le rallume.

J’retourne sur Instagram, en sachant que j’vais avoir mal, littéralement, à chaque fois. Mal parce que moi aussi, j’aimerais ça avoir une vie comme ça. Instagram, c'est un monde merveilleux, plein de découvertes, te faisant sentir comme étant un rien, qui vit une vie de rien. Des beautés mensongères qui nous font un p’tit lavage de cerveau qui nous amène à avoir une crise de panique :

« Omg, ma vie est plate, mes cafés ne sont pas beaux, ma chambre n'est pas assez belle , mon chum n'est pas assez beau pis même mon de bébé, que je n’ai même pas, n'est pas assez beau. »

La comparaison tue. Je me fatigue à continuellement désirer ce que les autres ont. 

D'ailleurs, tout l’monde le sait, mais personne ne l’avoue. Comment une plateforme sociale a réussi à nous faire sentir comme si nous ne vivions pas assez bien ?

Trop peur d’être inférieur à quelqu’un, parce qu’être triste dans la société, c’est comme un fucking gros handicap, tsé. Quand t’es heureux, apparemment tu connais le succès, tu parais fort et que t'as l'air d’avoir la tête sur les épaules. Pis plus tu as de likes, mieux tu parais. Plus tu as de followers, mieux tu parais.

Pis quand t’es triste c’est comme : « Man t’es-tu correct ? Viens j’vais t’liker tes photos et te follow sur Instagram, tu vas te sentir mieux. »

Source : hennkim

Pis pourtant c’est tout à fait vrai… une nouvelle notification sur Instagram, que ce soit un like, un abonné de plus ou une mention de commentaire, c’est un peu comme un boost d’adrénaline, soudain et efficace.

No lies, j'me sens déjà mieux.

On sourit toute la journée, on rit pis on a bien d’l’air heureux. Mais dès qu’on se retrouve seuls laissés à soi-même, on s’fouette à coup de critiques.

« Ta vie fait pitié, sérieux Adrie. »

« Faut que tu travailles plus fort si tu veux être comme eux-autres. »

« Si tu veux avoir une BMW dans ton entrée, faut que t’aies plus de followers que ça. »

La comparaison tue. 

Pis je déteste me comparer, pis pourtant je le fait 24h/24h, 7 jours sur 7 et 365 jours de l'année.

Quand t’as commencé à te comparer à un très jeune âge, c’est la chose la plus difficile qu’on puisse traverser, pis peu importe le temps qui s’est écoulé, ça s’en va pas, pis on pense qu’on va se sentir mieux un jour, pis c’te jour-là, on a un flash-back, pis ça y est, ça te re-frappe de nouveau :

Ta vie c’est d’la c*liss de marde.

Je ressens de l’inquiétude par rapport au nombre de "j’aime" que je vais recevoir après avoir publié une image (qui m’a pris 2 heures, littéralement, à juste prendre la photo, à la modifier, à trouver un quote full cute et les maudits hashtags). Pis si j’ai seulement 2 likes après quelques temps, la panique embarque :

« Qu’est-ce qui cloche chez moi ? »

Comparaison, Médias Sociaux

Source : isitreallysocialmedia

J’me sens laide, pas appréciée, pas assez populaire et surtout, pas désirée. Je regrette d'être tombée dans ce piège en fermant l'application plusieurs fois par semaine.

Il faut que je travaille sur mon estime, que j'accepte comment ma vie est et surtout: je dois faire le deuil d'une vie qui n'existera probablement jamais.

Source de l'image de couverture: sara-herranz.com

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