J’ai jamais été le genre de fille à faire les choses à moitié, le fait que j’écrive cet article assise en indien sur mon lit au Japon en est peut-être la preuve. J’ai jamais vraiment eu l’occasion de voyager quand j’étais jeune. Ce n’est pas que mes parents ne voulaient pas, c’est juste qu'eux n'adoraient pas ça. Donc la seconde où j’ai eu 18 ans, que j’avais assez d’argent en banque puis que le monde ne me faisait pas (trop) peur, je suis partie.

Ok peut-être pas si simple que ça, mais presque. En fait, vu que j’ai une maman poule, je lui ai donné un ordinateur portable et je lui ai dit de choisir un site de bénévolat où elle ne ferait pas une crise de nerf si j'y allais. Ensuite venait le temps de trouver quelqu’un pour partir avec moi ! Léger hic, trouver quelqu’un à 18 ans qui a le même horaire que toi, qui a assez d’argent et à qui tu n'as pas envie d'arracher la tête après avoir passé beaucoup de temps ensemble, c’est quand même difficile. Donc je suis partie toute seule.

Je me suis inscrite pour enseigner au Costa Rica. Ma maman poule se disait qu’enseigner paraîtrait bien sur un CV puis peut-être que je finirais par parler espagnol comme du monde (mon école secondaire n'avait pas fait une super bonne job mettons). Et puis c’est là que commence ma première aventure, l’élément déclencheur de ma vie actuelle.

Je suis partie toute seule pour vivre mon premier vrai de vrai voyage. Un mois au Costa Rica, c’est pas rien quand même.

Je suis arrivée là-bas et l’organisation pour laquelle je faisais du bénévolat avait arrangé que quelqu’un vienne me chercher à l’aéroport. Je pense que je n’ai jamais vécu un aussi grand moment de doute de ma vie que quand je suis sortie de l’aéroport puis que je cherchais pour voir mon nom sur un papier, qu’est-ce que tu fais si la personne n'est juste pas là ? Aujourd’hui je sais que je m’en sortirais, mais dans le temps, ça aurait été la crise de panique assurée. Mais bon, la madame était là puis j’étais bien contente. La madame ne parlait pas anglais, moi mon espagnol se limite à un vocabulaire de genre 20 mots, donc la randonnée était pas mal silencieuse. Finalement, je suis arrivée à ma famille d’accueil chez qui j'ai vécu pendant un mois. Encore une fois, ils ne parlaient aucunement anglais, celle-là, je ne m’y attendais pas. Je  ne peux pas vous dire grand chose sur cette famille, mais mon dieu qu’ils faisaient de la bonne bouffe! Pour les premiers quatre jours de mon voyage, j’ai eu des cours intensifs d’espagnol à une école pas trop loin d'où je demeurais. Cette école-là était fantastique et m'a offert ce que j’appelle maintenant mon espagnol de survie.

J’ai eu beau me faire quelques amis à l’école puis avoir fait un court trip avec eux, c’est à ce moment là que j’ai eu mes premiers blues de voyage. On se le cachera pas, ça m’arrive pas mal à chaque fois que je voyage, mais cette fois-là, je ne savais pas trop comment faire face au problème. San José est une ville super, mais je ne me sentais pas chez moi. Ma famille d’accueil était parfaite, mais je me trouvais toute seule un peu. Donc j’ai parlé à des gens puis on a changé mon programme.

Je me rappellerai toujours l’appel que j’ai fait à ma mère qui sonnait un peu comme ça : «Allô maman…ouain…j’aime pas vraiment être en ville faque je m’en vais dans la jungle! Je te parle si j’ai de l’internet un jour! Ok, bye!» Pas sûr qu’elle m’aimait beaucoup à ce moment là, mais bon. C’est là que commence la vrai aventure.

Je suis embarquée dans un autobus pour aller faire du bénévolat dans la jungle. Pas n’importe quel volontariat, non non, travailler avec des animaux blessés ou maltraités. Je parle pas de chiens ou de chats là (malgré qu'eux aussi ont besoin d’amour!) Je parle de singes, de paresseux, de kinkajoos, de toucans puis de plein d’autres animaux à faire rêver. Donc après être arrivée à ma petite ville nowhere, je suis embarquée dans un taxi louche où j’ai vraiment eu peur de mourir puis je suis arrivée au refuge. Sans mensonge, c’était pas super glamour, mais c’est une des expériences les plus formidables que j’ai jamais vécue.

Je passais mes journées au Costa Rica à prendre soins d’animaux. Les tâches consistaient à laver les enclos (passer le râteau en gros), changer l’eau des animaux, préparer leur nourriture (en gros couper plein de fruits et légumes et suivre des recettes de bouffe de singes!!!), ou si t’étais chanceuse… tu pouvais babysitter des bébés singes et paresseux! Je vais t’arrêter tout de suite si tu penses que c’est cruel ou juste un truc de publicité. Tous les animaux dans le refuge étaient sérieusement blessés ou avaient été maltraités et habitués aux humains pour tellement longtemps que les remettre dans la nature était sérieusement inimaginable. C’était auparavant le genre d’animaux pour qui les gens payaient pour prendre des photos sur la plage, mais que les maîtres n’aimaient pas super fort… Ils finissaient aux refuges, puis nous on leur donnait tout l’amour qu’on pouvait.

Bref, si jamais ton rêve c’est de dormir dans un hamac avec un bébé paresseux ou de courir après un bébé singe qui essaie de se sauver…bin moi je l’ai fait. Puis c’était malade. J’ai rencontré des gens extraordinaires puis je pense que je suis devenue une meilleure personne à cause de ça, mais la chose la plus importante pour moi, c’est que j’ai vécu quelque chose que personne ne croit faisable. Mais ce n’est pas vrai, c’est tellement faisable si tu le veux vraiment. Tsé le si tu veux tu peux, bin c’est vrai. Je ne vais pas trop parler de cuddler des animaux parce que les photos font la job pas mal.

Je ne sais pas trop c’était quoi le but original de cet article, mais je sais ce que mon point final est : arrête de te trouver des excuses. Économise ton argent, trouve des vols pas chers, trouve un organisme qui te tient à cœur puis qui va payer ton logement et te nourrir ou fais du backpacking, mais si tu veux le faire, fais-le. Je sais que quand je vais avoir 90 ans je vais pas me dire «j’aurais donc dû… !» puis j’aimerais vraiment ça que ce soit pareil pour toi.

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