Samedi soir dernier, 19 h, les affamés de Montréal avaient rendez-vous à la Société des arts technologiques (SAT). C'est avec le ventre bien vide et les papilles nerveuses qu'ils se sont présentés à l'Omnivorious party, grande soirée gourmande présentée dans le cadre du Festival Omnivore où leur était offerte une douzaine de bouchées préparées par des chefs d'ici et d'ailleurs.

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Pour espérer goûter à toutes les bouchées, il fallait être en forme, patient et ne pas avoir peur de jouer du coude pour se frayer un chemin jusqu'aux tables. Celles-ci étaient disposées en carré autour duquel circulaient tant bien que mal les centaines d'affamés. C'était peut-être un effet secondaire de ma fièvre (je vous raconte l'histoire plus bas...), mais j'avais l'impression de me trouver dans un zoo à l'heure du repas. On avait l'air d'une belle gang de chimpanzés qui se bousculaient pour avoir sa part de bananes.

Avec la musique du DJ Panton, l'ambiance avait quelque chose d'un show bien crowdé au Métropolis. Et ça fait du sens. Aujourd'hui, les chefs sont de véritables rockstars admirés par de plus en plus de gens. La gastronomie n'est plus réservée qu'à une clientèle de fines bouches un peu coincées, au contraire : c'est lorsqu'elle rencontre la bouche curieuse de nouveaux adeptes, ces foodies et autres tripeux de bouffe, qu'elle s'éclate et brille de tout son éclat. J'ai été surprise par la frénésie qui régnait à l'Omnivorious party, je ne m'attendais pas à ça, mais c'est plutôt une bonne nouvelle : la jeune cuisine d'ici se porte bien.

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Parlons bouffe, maintenant! Quels ont été mes coups de cœur? J'ai particulièrement aimé les têtes de crevettes de Matane farcies au citron confit de Sophie Ouellet du restaurant EVOO dont je ne connaissais absolument pas l'existence. Les têtes étaient servies sur du ricotta maison bien onctueux, une anchoïade (sauce traditionnellement composée d'anchois, de câpres, d'huile d'olive et d'ail), du concombre et des betteraves. C'était la première fois que je goûtais à des têtes de crevettes frites et ma foi, ça se mange tout seul. L'ensemble était savoureux, bien salé, à la fois frais et plutôt riche.

Je me suis aussi délectée des couteaux de mer (un mollusque avec une coquille allongée) que nous servait Marc-Alexandre Mercier de l'Hôtel Herman. Les couteaux étaient accompagnés d'une émulsion de palourdes bien crémeuse et d'herbes marines et servis directement sur la coquille. On n'a pas l'habitude de manger ce fruit de mer, et pourtant son goût légèrement sucré est plus qu'intéressant.

5-Couteaux
6-Martin Juneau

Lorsque j'ai vu que William Cody et Gil Macnutt du restaurant Maïs (dont je vous parlais brièvement ici) étaient sur place, je me devais de faire un arrêt à leur table pour déguster leur ceviche d'omble chevalier présenté sur une tostada bien croustillante. J'ai bien aimé, mais j'ai trouvé ce ceviche beaucoup moins recherché, autant dans la présentation qu'en termes de saveurs et de textures, que celui qu'on nous sert au restaurant. Leur ceviche de pétoncles est tout simplement hall-u-ci-nant. Celui-ci était plutôt simple. Simple, mais d'une fraîcheur et d'une exécution parfaites, je le concède.

Du côté des bouchées sucrées, j'ai goûté à la délicate et délectable guimauve au citron-lime, chocolat blanc et graham du Labo culinaire de la SAT. Un régal, parfaitement dosé, pas trop sucré. Tout à fait mon genre de desserts.

7-Guimauve

J'étais curieuse de goûter au baba mûres et gin de Mlles Gâteaux, puisque je suis déjà une grande fan de leur gâteau aux carottes (le classique délicatement réinventé, franchement réussi) et de leur CheeseCake sans oeufs et rhubarbe (fantastique, sublime, mariage superbe entre le fromage et la rhubarbe). Je n'ai pas été déçue, bien que je ne sois pas une grande fan de ce genre de gâteau mouillé. Mais la mûre et le gin, c'est un excellent duo, d'autant plus qu'en ce moment, les mûres sont particulièrement savoureuses. Elles étaient aussi à l'honneur dans la tartelette présentée par Stéphanie Labelle de la Pâtisserie Rhubarbe.

8-Baba
9-Tartelettes

En résumé, j'aurais aimé être suffisamment en forme et en appétit pour goûter à tout. Mais voilà, le jour même, j'ai commencé à me sentir fiévreuse, ce qui a légèrement altéré mon expérience et mon appétit. C'est bête. Cela dit, les amis qui m'accompagnaient ont fait le même constat que moi, même avec une température corporelle tout à fait normale : il y avait trop de gens et la disposition de la salle limitait nos déplacements. On se sentait tous coincés et la dégustation devait se faire rapidement. Je n'ai pas pu accorder à chaque plat l'attention gustative qu'il méritait. Étant donné que le coût du billet est assez élevé (environ 50 $), l'expérience se doit d'être plus intéressante pour les visiteurs.

Plus tôt dans la journée, je n'ai pas pu me rendre à la démo culinaire donnée par Marc-André Leclerc à laquelle j'avais si hâte d'assister. La fièvre, toujours la fièvre. Par contre, je n'ai pas manqué (oh non!) le party japonais de Grumman 78 de dimanche dernier avec le chef parisien Pierre Sang Boyer. J'ai même eu la chance de jaser pendant une bonne grosse demi-heure avec Marc-André... La suite demain!

Le Festival Omnivore se termine aujourd'hui. Il reste encore un maudit souper qui se tiendra ce soir à la SAT. Les chefs du Labo culinaire Michelle Marek et Seth Gabrielse seront jumelés, le temps d'une soirée, au chef invité Nicolas Darnauguilhem du restaurant Neptune à Bruxelles. Pour réserver votre place, c'est ici.

Crédit photos : Fanny Lafontaine-Jacob

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