« Hé! Ne te moque pas de la masturbation!
C’est faire l’amour avec quelqu’un qu’on aime... »

̶      Woody Allen

Hier soir, j’avais le goût de fourrer. Pas de faire l’amour, non, vraiment le goût de B-A-I-S-E-R. Le genre d’envie qui te prend d’un seul coup et que tu ne sais pas d’où ça vient. Je voulais me faire tirer les cheveux en doggy style pis me faire étamper dans le mur à grands coups de va-et-vient tout en me faisant mordiller les lobes d’oreilles. J’espérais me mordre les lèvres en réaction à des délicates attentions sous la ceinture. Je voulais que ma peau rougisse suite à une fessée un peu trop vigoureuse. J’aurais aimé sentir des mains parcourir mon corps et se crisper de plaisir, sentir un souffle court dans mon cou et voir le désir brûlant dans les yeux d’un autre. C’est exactement ça que je voulais.

Comme je n’ai pas de fuckfriend ni de prétendant potentiel au titre d’homme de ma vie, je me suis dit qu’il me restait deux options : soit je me faisais belle et j’allais à la chasse dans un bar, soit que je cherchais sur Tinder.

Mais Tinder, je trouvais ça trop facile, ça manquait de challenge. Donc j’ai sauté dans la douche, je me suis rasée de A à Z, question d’être présentable et propre une fois dans ma tenue d’Ève. J’ai choisi de mettre des sous-vêtements noirs en dentelle. Tant qu’à me mettre toute nue, aussi bien de prendre un petit deux minutes de plus pour bien faire les choses et être à mon meilleur pendant qu’il m’arracherait le linge que j’ai sur le dos. Je me trouve vraiment sexy quand je porte de la dentelle. J’ai décidé de mettre une robe courte en me disant que si c’est vraiment chaud, ce serait plus facile à enlever. Ou à lever…

dirty martini verre olivesSource image: Unsplash

Je buvais un dirty Martini, avec trois olives, pendant que je me préparais. Question d’être un peu pompette quand j’allais arriver au bar. Je suis plus facile d’approche quand j’ai eu ma dose de courage liquide. J’ai abusé du mascara :  j’ai l’air cochonne quand je me fais des yeux charbonneux et une ligne de eye liner en pointe. Je me suis brossé les dents et j’ai appliqué un rouge à lèvres rouge mat sur mes lèvres. J’ai terminé par une petite touche de parfum dans le cou, sur les poignets et entre les seins avant de me regarder dans le miroir une dernière fois. Ça y est, j’étais ready to go!

En entrant dans le bar, j’ai repéré un gars : grand, mi-vingtaine, barbe, cheveux bruns. C’était mon genre pis je n’avais pas de temps à perdre alors je suis allée vers lui direct. J’étais une lionne et lui une petite gazelle. J’avais tout prévu et il n’était pas prêt pour ce qui s’en venait. Parle, parle, jase, jase. J’en ai vite su assez. Il était là avec ses amis et il n’était pas en couple. C’était le temps d’attaquer. On ne s’était pas présentés, alors je lui dis : « En passant, moi c’est Amélie. Combien d’enfants tu veux? On peut se pratiquer longtemps. » Sa face valait 1000$. Je venais de lui lancer une bombe. Il m’a répondu : « T’as un nom de danseuse. On va chez toi ou chez moi? » J’aurais dû savoir à ce moment-là que ce n’était pas un rapide celui-là. Ma tête a sonné l’alarme, mais j’ai préféré écouter mon vagin à la place. On dit souvent que les hommes n’ont pas assez de sang dans leur corps pour alimenter à la fois leur cerveau et leur érection. Je crois que les femmes peuvent être victimes de quelque chose dans le genre.

Tout ça pour dire que j’ai eu une relation sexuelle complète hier soir avec ce gars-là : pénétration, le kit complet. Je n’ai pas joui. Je pensais qu’aujourd'hui, la sexualité, c’était un peu basé sur le principe du donnant-donnant, genre si je te fais une fellation, tu me fais un cunnilingus. À l’évidence, mon partenaire n’était pas du même avis que moi. Alors il y a eu très peu de préliminaires, je trouvais ça dommage, mais je me suis dit qu’il s’occuperait sans doute plus de moi pendant la pénétration. Come on boy, un clitoris, ce n’est pas comme une sonnette : ce n’est pas parce que tu pèses plus fort dessus que la porte va s’ouvrir plus vite. Le résultat a été très décevant. Il a éjaculé, s’est tourné sur le côté pis c’était fini. Et moi dans tout ça? Mon plaisir, on n’en parle pas? Finalement, ma mère avait raison quand elle disait que les hommes sont comme des micro-ondes et les femmes comme des fours. Les micro-ondes, tu appuies sur deux ou trois pitons et c’est parti : pas prêt, chauffé et consommé en cinq minutes. Pis les femmes, c’est comme des fours. On les allume, ça doit préchauffer, ça doit chauffer longtemps pis ça reste chaud longtemps après.

Donc je lui ai dit : « Pis moi? ». Il m’a juste répondu : « Quoi toi? ». C’est à ce moment-là que j’ai compris que j’allais devoir me finir à la mitaine. Il n’avait pas trop l’air de comprendre ce qui se passait quand j’ai commencé à jouer avec mon clitoris. Je lui ai dit qu’il ne m’avait pas fait jouir, qu’il ne s’était pas occupé de mon plaisir et qu’il s’était simplement servi de mon corps pour se vider les couilles, que j’allais finir la job qu’il avait commencée. J’ai ajouté que c’était un solide manque de respect d’être aussi égoïste. C’est drôle, il avait l’air fâché quand il est parti. Avant de claquer la porte, il m’a dit : « Coudonc tu vas-tu être dans ta semaine? ». Dans ma semaine? Fuck you! Pourquoi est-ce qu’il ne pourrait pas tout simplement accepter le fait que sa performance sous la couette était médiocre? Pourquoi est-ce que l’option que j’ai seulement mal dormi la nuit d’avant n’a pas été abordée? Pourquoi est-ce que je ne pourrais juste pas être de mauvaise humeur? Anyway, après ça, pas besoin de dire que je ne vais pas le rappeler.

La suite du texte, dès demain!

Source image de couverture: Pexels
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