Samedi, 2 heures du matin. L’heure de la baise pour certains, d’autres niaiseront sur Tinder un peu gorlot à la recherche d’une personne assez wild pour les rejoindre pour la nuit. Pis il y a moi, la fille juste assez pompette pour décider sur un coup de tête d’enfreindre mes propres convictions sur l’amour que je m’étais construites avec toutes mes plus belles croyances que j’avais réussi à préserver du monde entier jusqu’à tout récemment, où malheureusement, mes amours imaginaires de Prince pas si charmant avaient pris le dessus sur ma capacité à y croire encore.

 « …C’est à cause de notre société et la rapidité à laquelle on s’écœure des autres, qu’on se prend tout pour acquis, qu’on veut trop tout, pis rien en même temps et que c’est à cause de notre génération de bébés gâtés pis de notre désir de vouloir être libre pour toujours qui nous font si peur de l’engagement… ».

Toujours les mêmes textes redondants, les mêmes réflexions décourageantes qui reviennent en boucle, écrites par ces personnes qui jugent que l’amour, ça n'existe plus aujourd’hui, et qui me gossent dans la tête autant que sur mon fil d’actualités Facebook.

Comme si c’était mieux pour les générations précédentes. Je vous signale qu’au Moyen-Âge, les dentistes étaient des barbiers qui t’arrachaient quatre dents saines pour une mauvaise. Je sais pas pour vous, mais moi, frencher un édenté, ça n'a jamais fait partie de mes priorités.

En tout cas, je ne sais pas si c’est vrai que le Prince charmant (avec dents) n'existe plus, mais ce que je peux affirmer, c’est que ces personnes-là se sont faites briser le cœur trop souvent et ont décidé de faire « fuck l’amour, j’veux pu rien de sérieux, j’abandonne » pis d’écrire des shits pour décourager les romantiques.

Une bonne dose de relations de marde mélangée d’un soupçon de désir secret et obsessionnel à l’idée de rencontrer l’amour parfait, parfaitement parfait, qui, on ne se le cachera pas, n’existe pas, et ajoutez une petite quantité d’histoires qui se terminent mal qu’on a tous en communs les uns les autres, et vous obtiendrez le cocktail empoisonné d’un humain blasé qui vit dans une société pourrie.

D’après moi, c’est ça que j’avais bu samedi passé, d’où la raison qui m’a poussée à avoir un lâcher-prise sur mes principes.

« Pu d’amour,  juste du sexe », j’avais décidé.

Je suis jeune, je suis célibataire, je n’ai pas d’enfant qui dort à côté ni de coloc creepy qui pourrait écouter aux murs, j’ai les jambes qui  ne piquent pas trop, je n’ai pas mis une de mes grosses bobettes laites parce que mon lavage est fait (you know what I mean).

J’étais ready pour du sexe occasionnel sans engagement, avec un homme que je ne voulais pas dans ma vie mais juste dans mon lit.  Tant pis pour les soupers en amoureux pis les mots plein de miel que je n’aurais pas, mais au moins, je me consolerais en me disant que ça sera sûrement pas moi qui se réveillerait un matin avec la toile de Charlotte entre les deux jambes.

J’ai constaté que se trouver un fuckfriend, c’est dix fois plus facile que de changer les piles de mon vibrateur. Sérieusement, des fois je me dis que je devrais être une veuve noire pour venger tous les cœurs brisés de la terre. Ça serait con de même, pas besoin d’attirer ma victime dans une ruelle sombre et sinistre, tout ce dont j’aurais besoin, c’est d’un cellulaire fonctionnel pis d’un beau profil Tinder.

« Allô, veux-tu fourrer? »

« Je m’en viens ».

Ding Dong !

« Bang, je t’ai tué ».

Fin.

Je pourrais enfin réaliser mon rêve de passer à la télé, moi qui n'ai jamais eu le bronzage parfait pour participer à Nue et célibataire, au moins je me contenterais d’un Tueur si proche.

Bref, j’avais trouvé le dude par excellence.

Je l’ai surnommé Justin,  Justin pour Just.

Le « Just assez ».

Juste assez attirant, juste assez intelligent, juste assez drôle, juste toute ce que je veux, mais pas assez pour le vouloir tous les jours.

Et surtout, juste assez con pour venir dans mon hood à deux heures du matin pour du sexe… well… un garçon... (je blague).

Je l’attendais dans mon lit, un verre à la main. J’étais nerveuse, beaucoup trop même. Je n’avais jamais manigancé une baise avec un presqu’inconnu auparavant. Je ne savais pas trop quoi faire, ce n’est pas comme se faire livrer une pizza, mettons.

Plus le temps passait, plus je me demandais si c’était une bonne idée, plus je buvais le restant de vin qui traînait dans mon frigidaire et plus je trouvais que c’était une bonne idée.

Tellement que j’ai fini par être totalement en accord avec mon moi intérieur. Tout était alright…..alright…..

Pis c’est là que je me suis réveillée, en sursaut, le lendemain matin, avec un beau message texte : voir que j’suis venu pour rien, maudite agace.

Je m’excuse, je ne suis pas une agace, Just une fille qui s'endort quand elle boit du vin.

Note à moi-même: me commander une pizza plutôt que du sexe la prochaine fois.

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