Que représente pour vous le mois de juin? Vous me répondrez sûrement: le début de l’été, la fin des classes, le Grand Prix, les vacances, la chaleur,… et j’en passe, mais je suis convaincu que peu répondraient: la fête des Pères. Pourquoi donc? Cette fête n’a jamais été très populaire; on serait porté à croire qu’elle a été instaurée par souci d’équilibre avec la fête des Mères, célébrée de manière grandiose, avec raison d’ailleurs. Mon père disait à la blague: « Tout a été célébré et donné à la fête des Mères alors il ne reste plus rien pour moi! » Ce lien père-enfant, unique et fort, a constamment évolué au cours de ma vie et a su façonner la personne que je suis aujourd’hui.

Fils Lahjioui 2016

L’enfance

Depuis mon tout jeune âge, j’ai eu pour mon père de l’admiration; mon frère et moi voyions notre père comme le symbole de l’autorité, la force, la sécurité – la fondation de la famille. Cela n’enlève rien à ma mère, qui a mené de front une carrière d’enseignante, ses responsabilités de mère et la gestion de la maison. Cependant, la reconnaissance paternelle avait plus de poids, sûrement à cause de l’image que nous avions de lui et du fait que nous voulions être comme lui. C’était l’époque du « Mon père, mon idole ».

Fils Lahjioui 1978

 

Lors de mon adolescence, l’affirmation de mon MOI a établi nos frontières communes et c’est à ce moment-là, pour la première fois, que j’ai commencé à établir les fondations de l’homme que j’allais être en m’inspirant du parcours paternel et en choisissant minutieusement ce qui me plaisait. Je n’ai jamais hésité à lui demander conseil, et en retour, il se faisait un plaisir de me conseiller non sans m’indiquer la voie à suivre, bien malgré moi parfois. C’était alors le « Mon père, mon modèle ».

Pour lui, ce fut également une adaptation car il avait devant lui un homme, son fils, indépendant, pouvant s’extirper de l’autorité paternelle. Mais aussi une personne en qui il pouvait avoir confiance, un fils qui allait devenir un père, tout comme lui. Le fils, devenait maintenant l’apprenti.

La paternité

La naissance de mes deux filles a été et va demeurer la plus belle réalisation de ma vie. Pendant plusieurs années, le lien avec mes filles a été synonyme de responsabilité, protection, amour. Or, âgées aujourd’hui de 11 et 14 ans, je réalise que ce lien est beaucoup plus que cela. En fait, comme me l’a fait remarquer une amie, le père constitue pour elles le premier regard masculin. La joie qu’elles ressentent lorsque je les accompagne pour aller magasiner, la même question posée 10 fois de suite sur mon appréciation de leur coiffure ou tenue vestimentaire, le soulagement de savoir que je les appuie dans leurs chagrins, autant de raisons pour lesquelles la présence du père constitue à la fois un rempart et un appui primordial pour ces jeunes adolescentes. Ce fut une agréable découverte pour moi, car je n’aurais jamais cru que le lien père-fille irait au-delà de celui que j’ai connu enfant. Et vous savez quoi? Je me trouve comblé et privilégié!

Karym et ses filles

Le retour du balancier

La plus grande surprise par contre, je l’ai vécue ces dernières années. Mon père, mon idole et mon modèle, celui vers qui je me tournais pour trouver la sécurité plus jeune, me considère maintenant comme son égal et régulièrement, me demande conseil. Qui l’aurait cru? Pas moi! Et pourtant, je ne m’en plains pas, au contraire. Je retire un tel plaisir de discuter avec lui, d’échanger sur 1001 sujets, savoir qu’on peut compter l’un sur l’autre et surtout, admirer la complicité qui s’est installée entre nous deux. Pour lui, c’est l’accomplissement d’une vie de voir ses fils devenus des hommes, et surtout, que sa progéniture s’élargit avec ses deux petites-filles.

MDS2016 - Pre course - Pere et fils Lahjioui

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