Loin de là l’envie d’étaler ma vie personnelle au grand public ou tout simplement de m’apitoyer sur mon sort. Ce texte se veut plus général afin d'interpeller les gens que je côtoie, les jeunes filles qui essaient de tomber enceinte et que dès qu’un membre de son entourage est au courant, te questionne constamment sur pourquoi tu ne l’es pas encore. Étant la plus jeune de la famille, ma sœur a frayé le chemin avant moi, avec ces deux belles cocottes, la famille se retourne assez vite pour te poser la fatidique question: Et toi c’est pour quand? Noël après Noël, les matantes te questionnent: toujours pas d’enfants? tu n’en veux pas? Et si tu embarques dans la discussion, tu ne t’en sors jamais sans cette lourdeur sur les épaules, un fardeau à traîner, un sentiment malsain qui te remet en question.

J’ai été un long moment sans vouloir d’enfant, peut-être parce que je n’avais pas rencontré la bonne personne, ou tout simplement parce que je n’étais pas prête. Le rôle de marraine me comblait parfaitement. Il y a quelque mois, tranquillement, mon fusil a changé d’épaule, une porte s’est ouverte et l’option d’essayer de donner la vie, de transmettre mes connaissances, de voir grandir un petit poupou à l’image de ses parents se frayait petit à petit un chemin dans ma tête. Il y a tant de belles choses à voir et découvrir lorsque tu deviens maman.

tomber enceinte, pression familiale, avoir des enfants Mais il y avait aussi la peur, cette peur de voir mon ventre prendre de l’ampleur, voir mon corps se transformer, mon humeur vivre des montagnes russes d’émotions et un jour me mettre en second plan parce qu’un petit être sera maintenant au premier plan. C’est difficile de comprendre quand on ne le vit pas. On a beau se faire donner mille et un conseils, de se faire mettre en garde, bref personne ne sait réellement dans quoi il s’embarque.

Prendre la décision d’enlever le «goaler» comme un dit, est une chose, mais tomber enceinte en est une autre. Plusieurs tombent enceintes facilement, d’autres en arrachent pendant des années sans même y parvenir. Pour une fille comme moi (qui a souvent eu ce qu’elle voulait parce qu’avec la détermination que j’ai, j’arrive toujours à mes fin) ce n'est pas évident. Cette petite étincelle est hors de notre contrôle et ce sentiment de défaite lorsque tu constates que le petit bâtonnet indique que le test est négatif ne s'efface pas du jour au lendemain.  Loin d’une défaite du genre «partie de hockey», mais plutôt une défaite sur ton plan personnel, ton plan de vie que tu dessines mais dans lequel tu ne décides de rien. Les gens de ton entourage ont eu des ouï-dire, ils se permettent de commenter, d’analyser et de donner des opinions qui pour eux peuvent être anodines, mais qui pour toi peuvent être blessantes.
Oui je suis une athlète, oui j’ai réduit mes heures d’entraînement, oui je m’entraîne encore surement beaucoup trop, oui mon taux de gras est adéquat pour tomber enceinte, oui j’essaie de m’enlever le stress du vouloir à tout prix tomber enceinte rapidement, oui j’essaie de me dire que ça arrivera bien quand ça arrivera, qu’il ne faut pas presser les choses et finalement, non ça n’a toujours pas fonctionné.

Ce sentiment de ne pas être à la hauteur et, pour la première fois, de ne pas avoir le contrôle de ma vie. La conjugaison entraînement et fertilité est souvent mise à rude épreuve. Le premier jugement des gens tombe facilement et on met beaucoup en question les heures passées au centre d’entraînement. Une partie de moi se doit d’y aller pour libérer le stress, l’accumulation des journées chargées. L’anxiété, le stress est aussi malsain que l’entraînement lui-même sur la fertilité d’une femme. Je suis loin d’être médecin, mais la prise d’anovulants pendant plus de 14 ans n’a surement pas aidé mon cas.

Il faut remettre la machine en marche, tranquillement me libérer du stress que l’année 2017 m’a amené, repartir l’année 2018 avec de belles choses en tête et qui sait peut-être que vous pourrez y lire un jour que l’étincelle a parti un feu de foyer.

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