Invité par les Grands Ballets Canadiens de Montréal, j'ai assisté, pour Le Cahier, à la première de leur nouvelle saison, l'adaptation contemporaine d'une légende japonaise, Kaguyahime, princesse venue de la lune. Dotée d'une beauté si exceptionnelle, la princesse devient la convoitise des hommes, qui veulent tous la posséder, et même de l'empereur. S'ensuivent rivalités et batailles qui poussent Kaguyahime, symbole de pureté, à retourner vers la lune. Tirée du conte populaire japonais le Coupeur de bambous, cette légende a inspiré une foule d'adaptations, des films aux livres en passant par les bandes dessinées mangas et les jeux vidéo.

Source: grandsballets.com

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Intégralement jouée en direct par 18 musiciens, la musique occupe une place majeure dans Kaguyahime, le compositeur japonais Maki Ishii ayant créé une suite pour percussions traditionnelles japonaises et percussions occidentales. Il a d'ailleurs été le premier à considérer une adaptation chorégraphique, oeuvre du renommé chorégraphe Jiri Kylian. Cette œuvre met en scène la fusion de la danse contemporaine et de l'art réinventé du tambour japonais, où grâce et force brutale se côtoient dans une mise en scène imposante et grandiose. Une rafale de solos, de duos et de trios inspirés des arts martiaux donne lieu à des portés complexes et dynamiques où la gestuelle est finement ciselée. Les scènes où s'affrontent les prétendants sont particulièrement impressionnantes, rythmées par les percussionnistes de l'ensemble Kodo, qui sont maîtres du daiko (tambours japonais géants) et par les percussionnistes de l'orchestre des Grands Ballets. L'ensemble Gagaku, spécialiste de la musique impériale nippone, produit un son délicat et lancinant avec des instruments comme l'orgue à bouche shô et la flûte de bambou ryuteki qui accompagne bien les scènes à l'esthétique épurée où prédomine la princesse qui semble évoluer en apesanteur avec grâce et souplesse.

Source: grandsballets.com

D'une chorégraphie dynamique, toute en souplesse signée par  l'excellente technique des danseurs et d'un environnement sonore fascinant, cette oeuvre est empreinte d'une poésie toute japonaise.

Pour les personnes intéressées, Kaguyamine est présentée jusqu'au 30 octobre à la Place des Arts.

Source de la photo de couverture: grandsballets.com

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