Ça fait deux jours que je me scrute la face dans le miroir de ma salle de bain à la recherche d’indices qui laisseraient sous-entendre que j’ai l’air d’une conne. Pour vrai. Deux jours, à me regarder de haut en bas, de gauche à droite, de peur qu’à tout moment, je réalise à la dernière minute que les mots «Je suis conne, baisez moi!» sont écrits dans mon front. Pis je fais aussi la même chose avec mon dos. Je suis rendue parano, je suis certaine qu’une poignée vient de me pousser dans le creux de mes omoplates. Oui, il faut croire que je suis une valise ben facile à manipuler et qui se transporte très bien jusque dans un lit.  La belle valise conne, that’s me

C’est ça, mon problème. Je dois avoir l’air d’une conne pour qu’on me prenne pour une conne, c’est tout. Sinon, comment expliquer le fait que j’ai échoué lamentablement à détecter les signes avant-coureurs d’un fucker trop lâche pour me dire en pleine face; «Finalement je te trouve pas de mon goût pis je cherche pas une relation sérieuse, j’préfère qu’on en reste là.»

Oui, je l’avoue, c’est vrai, ça fait mal à la gueule, se faire dire par le gars qu’on fréquente qu’il veut pu nous voir.  Mais au moins, ce gars-là, il a eu le respect et la maturité de ne pas me faire perdre du temps avec des sentiments qui n’existaient pas de son côté.

Ok, c’est pas le bon, tant pis pour lui, bye.

Pas d’embrouilles, pas de questions, pas de sentiment de culpabilité, seulement des mots qui font mal à entendre. Point.

Affaire classée.

Mais moi, je dois être gâtée par les forces obscures de Cupidon parce que j’ai eu droit au package deal du gros lover qui me donne toute, toute, toute, sauf de la sincérité. J’ai eu droit à des «je suis tellement bien avec toi», à des textos remplis d’émoticônes qui veulent rien dire, aux «bonne nuit», «bonne journée», à des appels téléphoniques, aux dodos collés, et le plus important : du temps de qualité… Au début.

Je sais, c’était parfait… Jusqu’à temps que j’y donne mon corps, un soir, conquise par le tartare de thon du restaurant de fancy où il m’a amenée manger.

Le criss. 

Le fait est, j’avais sagement attendu avant de lui faire l’amour, au moins trois semaines, pour ainsi mieux diriger ses sentiments sur moi plutôt que ses pulsions sexuelles (j’ai lu ça dans un livre de psychologie sur les couples en secondaire II), moi qui, pas une once de soupçon sur ses fausses bonnes intentions envers moi (y’était ben cute), étais loin de me douter que ce soir-là serait la dernière fois que je le verrais.  

The heart wants what it wants and the graine wants pussy. That’s it.

C’est ça qui est arrivé.

Ben oui, maudite naïve.

Naïve.

Bon ok, je le suis. Je le suis parce que j’espère toujours que les excuses des garçons ont des bonnes raisons. Je leur invente des alibis pis des scénarios qui expliqueraient leur comportement de marde.

«Oui mais si…»

«Mais c’est peut-être à cause de…»

Je me dis que c’est pas de leur faute si leur cerveau fonctionne pas pareil comme le nôtre, qu’il faut seulement trouver un terrain d’entente, mais ça veut pas dire qu’on est obligé d’accepter toutes leurs conditions pis de nous prendre pour des connes. Non? Je mérite pas d’être prise pour acquise alors que tu me fais croire l’inverse. C’est chien. J’ai pensé aller dans une conférence pour les connes-naïves-célibataires-anonymes (CNCA) victimes d’un fuckboy, mais ça existe pas encore. J’aurais dû rester de marbre, frette comme un vieux popsicle oublié dans le fond du congélateur dans la cave de ma grand-mère. J’aurais dû, j’aurais dû…

Anyway, le mal est déjà fait, y’a ouvert la porte de mes sentiments, il m’a enfermée dedans, pis y’a crissé le feu, comme si j’étais un vulgaire Sims même pas de cheat code dont on voudrait se débarrasser pour avoir la grosse maison de la famille Goth.

Tu me laisses de cendres, la tête pleine de poussière et de mille et une question, à me demander ce que j’ai ben fait pour que tu te détaches de moi du jour au lendemain.

Crosseur.

Pourtant, t’étais ben content de la batch de sauce à spaghetti de la Mama (moi) que je t’ai préparé dans un gros pot de plastique (que tu m’as jamais redonné d’ailleurs) parce que t’es trop poche pour t’en faire toi-même. Pourtant, tu riais de mes jokes ultra-sarcastiques-avant-gardistes-attachantes même si toi t’étais pas si drôle, quand j’y repense. Pis t’étais ben content que je te fasse un massage à l’huile chaude (la partie juste avant que je t’ébouillante), hein? Hein?

Pis pour toutes les fois où j’ai souri avec ma face pis pleuré en même temps dans ma tête tellement c’est cave ce que tu pouvais dire des fois.  Et pour toutes celles où je voyais les photos de plottes que tu likais autres que les miennes parce que moi je porte pas ça, des strings bikini sur des plages en Thaïlande.  Et pour toutes les soirées où tu m’as dit «je te retexte j’vais checker sa j’sui bruler aujourd’hui» avec des fautes qui me font saigner du nez tandis que j’apprenais le lendemain que t’as fait une soirée de boys parce que finalement, j’ai jamais eu de nouvelles de toi dans ta soirée relaxe.

Dude, c’est quoi ça? MOI, je suis supposée fermer ma bouche gentiment, juuuuusqu’à temps que tu décides de m’appeler, quand TOI ça te chante, ce qui veut dire les lundis soirs pour te remettre d’aplomb de ta fin de semaine de brosse, c’est ça? Moi, ta bitch du lundi?

Moi, je suis pas assez importante pour qu’on passe du temps ensemble quand t’es fatigué de ta semaine, ou trop occupé, ou trop ci, ou trop ça.

Pourtant, je t’ai pas demandé le ciel, ni la lune, ni une mise à jour de ton statut Facebook.

Je t’ai juste dit que je voulais bâtir quelque chose de sincère, c’est tout. Ça me tente pas moi, de baiser juste pour baiser.

«Moi non plus», tu m’as dit.

Si tu voulais juste fourrer, pourquoi tu t’es pas inscrit sur Badoo comme tout le monde? 

C’est quoi? T’avais besoin d’un challenge intellectuel? Joue à Pokémon Go en te crossant.

Pis c’est moi qui rend les choses compliquées (évidemment je suis une femme), tandis que la seule chose que je t’ai demandé, c’est de la vérité.  Mais t’es juste un lâche, pis c’est pour ça que je suis fâchée.

Fâchée de me sentir niaiseuse pis pas respectée.

Fâchée d’avoir cru à tes sourires pis mes feelings de marde.

Fâchée d’être là à t’attendre chez moi depuis une heure, un autre lundi soir, pour que je t’écoute encore une fois m’expliquer tes mensonges du comment du pourquoi tu me traites comme une poufiasse.

T’es jamais venu ce soir.

Ça fait deux jours que j’ai pas eu de nouvelles de ta peau, deux jours que j’ai une boule de feu dans le ventre, deux jours que j’écoute du t.A.T.u  parce que c’est le seul fucking groupe qui me fait pas penser à des gars.

JE T’HAÏS. Je t’haïs tellement que je te souhaite de rencontrer un jour, quand tu vas être moins insignifiant, une fille vraiment méchante avec des rallonges laides pas de la bonne couleur et toutes croches avec des opinions de merde. Pis vous allez avoir des enfants caves qui seront même pas bons à l'école parce que tu sais même pas écrire pis que ta blonde elle, va parler comme une conne. C’est ça que tu mérites, que tu serves de leçon aux autres fuckers dans ton style.

Et ça, c’est un message de toutes les CNCA de l’univers. Tu passeras le message à tes semblables.

 

 

Ps: Bon bon, j'y souhaite pas vraiment des enfants caves, c'est à prendre au second degré ce que je dis, t'sé (c'est ca, l'humour). Mais j'y souhaite quand même une blonde méchante. Na na na. 

Accueil