Non, ceci n’est pas une version trash d’un film de Xavier Dolan, mais bien l’histoire sordide d’une noune, dont l’identité n’a pas été révélée pour préserver le peu de dignité qu'il lui reste.

Papa, lis pas ça please.

Tout a commencé il y exactement un mois quand je me suis aperçue, les jambes écartées en petites bobettes de dentelle beige (j’ai un problème face aux couleurs de l’arc-en-ciel, je me ramasse toujours avec des sous-vêtements de couleur peau malgré moi), assise sur mon sofa jaune moutarde, mon laptop sur la bédaine (oui, vous êtes pas au courant encore, mais dans mes temps libres, je suis une Junior Bougon level 56), que des poils disgracieux dépassaient aisément de la mince couche du tissu, et des côtés aussi et…Well, tu sais de quoi je parle… Malgré des sourcils parfaitement épilés, parfaitement parfaits, ma noune elle, ne l’était pas, pis je m’en crissais un peu, comme dans l’expression  « rire dans sa barbe ».

Le fait est, c’était une semaine avant que je me sois foutue dans une situation où mes parties intimes participeraient peut-être enfin à ma vie amoureuse et que, depuis un certain-moyen-gros temps, ma vie sexuelle m’avait fait un gros finger avant de s’envoler en l’air jusque dans le sud, là ou elle doit probablement écouter du la porn sur la plage à sécher tranquillement au soleil en attendant un miracle.

J’ai donc fait ce que toute bonne personne sous l’emprise du sexe et prisonnière des standards de beauté (j’étais jeune et naïve, je vous le rappelle) aurait fait, et j’ai pris un rendez-vous dans un gros salon de coiffure-ongles-esthétique de riches dans le centre-ville pour retrouver un semblant de peau douce là où il faut.  Oui, j’allais, moi, Noémie Rousseau, me faire épiler la snatch à la cire dans le but de plaire sexuellement à un homme ET à moi, pour me féliciter personnellement d’avoir économisé 20 piasses sur les rasoirs. Pis en même temps, ça me donnait une excuse pour vivre un petit moment de détente comme mes amies d’Instagram.  Ben oui voyons, c’est évident que Selena Gomez va elle aussi chez l’esthéticienne, je pense pas qu’elle se promène avec une Frida Khalo de cachée dans ses shorts.

Bref, je me sentais fancy de vivre un moment si luxueux, moi qui ai tendance à pas fucker pis à me raser juste les bords à coup de Bic Soleil, je m’imaginais déjà être toute shine bright like a diamond, telle une annonce d’un pied et de son Amopé Pedi Perfect.

Une semaine plus tard, soit le vendredi après mon travail, j’étais au salon du cimetière des poils du people riche, là où les miens allaient bientôt se retrouver, assise à observer les femmes de Westmount se faire couper les pointes de leurs cheveux fraîchement teints, champagne à la main, Yorkshire sur les genoux.

J’étais en train de lire la nouvelle édition du Vogue Italie, quand la réceptionniste est venue me voir, m’offrant enfin une coupe en me demandant de la suivre, et comme je ne refuse jamais de l’alcool gratuit, j’ai dit oui, me ramassant par la suite dans une petite pièce aux lumière tamisées.

Je dois admettre que je commençais légèrement à freaker pis à regretter d’être venue, moi qui n’ai jamais montré mes parties à une étrangère sans diplôme universitaire auparavant, je me demandais si je correspondais aux critères de base d’une noune correcte t’sais. Non mais c’est vrai, jouez pas à ça avec moi, combien de fois on a pu se demander si cette partie-là de notre corps était normale? C’est sûr que je suis pas la seule qui a déjà googlé «anormal vagina» juste pour voir les pires, pour me rassurer intérieurement.

anormal vagina

En tout cas, moi je l’ai fait, mais j’ai rajouté «hairy» comme mot-clé en attendant l’esthéticienne qui me laissait me déshabiller dans l’intimité.

«C’parce que tu vas me voir toute écartée, c’pas tellement nécessaire que tu partes pour me laisser enlever ma jupe ».

Anyway. J’étais couchée sur le dos sur le petit lit lorsqu’enfin, la madame est arrivée.  Elle préparait la cire en me demandant ce que je voulais.

« J’aimerais ça avoir la coupe Rihanna si possible ».

Non mais pour de vrai, je’l-sais-tu moi, ce que je veux? Je veux juste une petite ligne ben droite, ben clean, pas comme quand j’essaie de faire ca moi-même pis que je finis imberbe parce que c’est jamais beau. Ou la fois où j’ai voulu tailler la première lettre de mon nom en poils comme la blonde dans Nip Tuck… Je veux juste pu que ça ressemble à une haie de cèdres de pauvre, bon.

La madame rit, elle doit me trouver fucking weird mais, dans le fond, c’est que je suis stressée.  Elle arrête enfin de gosser dans ses affaires pis elle me regarde, et je la regarde. On se regarde. On se reconnait.

NON NON NON NON NON NON NON.

C’est la mère de mon ex du secondaire III. Celui que j’ai trompé dans un party parce que j’ai frenché son ami sous l’influence de la vodka-orange (j’avais 15 ans pis c’était la première fois que je buvais).

Je peux vous dire que ça fait mal en tabarnak, se faire épiler le bikini, oh oui, ben plus qu’écouter une toune au complet de Dany Bédard. Ben plus.

Mon ex-belle-mère a tué ma noune, pis tous mes rêves aussi.

Vive Frida Khalo.

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