Identité en construction

Les enjeux féministes ont sans contredit bien évolué depuis l’époque de ma mère, mais j’étais loin de me douter à quel point l’écart pouvait être grand entre les réalités de ma petite sœur âgée de 11 ans et les miennes, à 20 ans et pourtant… je n’ai que neuf ans d’écart avec elle! Récemment, je lui ai demandé de me parler des vidéos de musique qu’elle a l’habitude d’écouter pour voir comment elle voyait la chose. Elle ne savait pas trop quoi me dire à part le fait que les chanteuses étaient trop « sexy ». Le constat m’a surpris : je me suis rendue compte que j’avais moi-même de la difficulté à départir les bons messages des mauvais, puisque la sexualité n’est pas mal en soi.

Source: stylistic.com

Les manifestions des inégalités entre les femmes et les hommes sont beaucoup plus insidieuses qu’elles ne pouvaient l’être dans le temps de ma mère. Il devient difficile de se démêler entre les différents discours féministes véhiculés sur les réseaux sociaux, puisque les messages y sont bien souvent fragmentés. L’utilité du féminisme va même jusqu’à être remise en cause par plusieurs. Je suis, pour ma part, de celles qui vous diraient que l’on peut perdre nos acquis du jour au lendemain, mais également qu’il reste de nombreuses batailles à livrer.

Aujourd’hui, des petites filles comme ma sœur, qui sont nées dans une époque dite « technologique », ont comme référence ces vedettes américaines : Meghan Trainor, Britney Spears, Miley Cyrus… Je ne suis donc pas sans m’inquiéter quand je pense aux messages véhiculés notamment dans leurs vidéos. On y présente « l’idéal de beauté » auquel toutes femmes devraient aspirer : minces, grandes, jeunes, « sexy », etc. Répondre à ces standards..? Aussi bien dire mission impossible! Malgré tout, nous sommes déchirées entre la recherche de cette perfection et ce qui, personnellement, me semble plus juste à faire : travailler à s’accepter telles que nous sommes. Je ne suis pas en train de dire qu’il faut se négliger en tant que femmes, bien au contraire, mais il faut départir les choses que l’on fait par plaisir de celles que l’on fait par obligation. Nous pouvons passer des heures en salle d’entraînement si nous le souhaitons, mais je pense que nous devons être honnêtes et nous interroger sur ce qui nous pousse à le faire. Est-ce pour être mince ou pour être en santé?

Source : traduzic.com

En ce qui concerne l’hypersexualisation du corps de la femme, il faut se poser la question suivante : pouvons-nous réellement leur reprocher d’exhiber leur corps? Non. Toutefois, il y a une différence entre l’objectivisation de celui-ci et son appropriation. Pour moi, l’objectivisation c’est lorsqu’une personne est déshumanisée et réduite à l’état d’objet. Seul son physique est important, on ne tient pas compte de ce qu’elle est en tant qu’individu. Dans ce contexte, exhiber leur corps devient la seule façon d’obtenir ce qu’elles désirent.

Source : biancacash.com

Emma Watson a dit récemment que le problème n’est pas le corps de la femme, mais l’obsession que les hommes en ont. On nous fait croire que le seul moyen d’avoir du succès, de l’argent ou encore de l’amour est de faire valoir nos attributs. En réalité, se départir de cette croyance, c’est ça l’appropriation de notre pouvoir en tant que femme. C’est s’accorder le respect que l’on mérite et reconnaître les acquis que nous avons gagné avec le temps.

Mais alors, comment pouvons-nous freiner ce rythme effréné de cette recherche de la perfection? Il faut comprendre que tant et aussi longtemps que nous achèterons ces images, il y aura des gens pour nous les vendre. À nous de montrer l’exemple à ces jeunes femmes dont l’identité est encore en construction…