Présentement, je travaille dans une garderie comme éducatrice et intervenante. Non, ce n’est pas mon projet de carrière et ce sont les hasards de la vie qui m’ont temporairement menée ici, mais j’en suis fière.

J’ai récemment quitté mon lieu d’études et de travail abitibien pour le grand Montréal, devant recommencer à zéro mon embryonnaire carrière.

Fraîchement arrivée et déçue d’avoir peu de rappels pour des entrevues d’embauche, mon esthéticienne me suggère d’entrer en contact avec son frère recherchant une éducatrice pour un remplacement d’un mois. En y pensant bien, je me dis que ça peut donner un coup de main en attendant de trouver chaussure à mon pied et je n’ai aucune envie de retourner en restauration, même si c'est plus payant.

Étant bachelière en travail social, j’ai aussi un certificat en psychologie et un certificat en intervention jeunesse. Trois diplômes universitaires et ayant de la difficulté à trouver un emploi, je décide de tenter l’expérience de la garderie, en plus, j'adore les enfants. Alors pourquoi pas?

On m’octroie le groupe le plus désorganisé avec le mandat de le restructurer. Vas-y, donne-m’en du défi, j’aime ça!

Voilà que débute mon aventure comme éducatrice. Connaissant le développement de l’enfant et plusieurs techniques d’intervention auprès de cette clientèle, j’ai l’audace de croire que tout ira comme sur des roulettes. Eh bien, je l’avoue, je me suis trompée! Je n’aurais jamais cru que le plus ardu de cette profession serait de composer avec les parents et je ne m’étais aucunement préparée à cette réalité.

garderie éducatrice enfants soinsSource: Unsplash

La plupart des parents sont gentils, reconnaissants de cette honorable profession et nomment le courage que ça demande quotidiennement. Toutefois, il y a aussi ce parent qui te prend pour de la merde. Heureusement, ce sont des cas isolés, mais que ce soit un parent sur seize enfants, c’est déjà trop! Celui qui trop souvent te regarde de haut, te prend pour un deux de pique et qui n’est jamais satisfait.

C’est fascinant de constater à quel point certaines personnes peuvent manquer de respect envers ceux et celles qui s’occupent de leur enfant de 30 à 40 heures semaine. Je ne croyais pas cela possible avant de le vivre, et pourtant...

Ces personnes, dont je fais partie, stimulent le développement de ces enfants; changent leurs couches; ramassent leurs accidents; gèrent leurs crises; s’assurent qu’ils sont en sécurité; font tout pour qu’ils repartent à la maison avec le sourire aux lèvres; et surtout, s’attachent à eux d’un amour profond.

Je n’avais jamais imaginé que les éducatrices puissent autant se faire regarder de haut. Comme si la reconnaissance était optionnelle. À la longue, être exposée comme éducatrice à une telle attitude, ça finit par blesser et ça touche l’estime, même si tu sais pertinemment que tu fais de la bonne job. Pis là, on ne parle pas du salaire qui reflète cette réalité.

Après un mois de travail à la garderie, j’ai décidé de poursuivre avec le groupe jusqu’en juin pour éviter qu’il y ait trop de roulement de personnel. Cette décision a pour objectif que les enfants puissent garder un équilibre et éviter qu’ils se désorganisent à nouveau. Je le fais de bon cœur, avec plaisir, pour leur bien et parce que je les aime profondément.

Toutefois, moi je sais qu’il y a une fin, que cette expérience sera bientôt terminée. J’en sortirai grandie avec de nouveaux outils dans mon sac à dos. Quand je pense à mes collègues qui ont étudié dans ce domaine pour en faire leur profession, je ne peux qu’avoir un pincement au cœur sachant qu’elles manqueront probablement de reconnaissance tout au long de leur carrière.

J'ai surtout appris que les éducatrices de mes futurs enfants se mériteront un énorme respect. Non, je ne leur ferai pas la gueule si mon enfant a été mordu durant la journée, je vais au contraire avoir de la compassion envers leur gêne de m’en informer. Moi, je saurai qu’elles font tout pour éviter ce genre de situation, mais qu’au final, ça reste des enfants pis que ça fait partie du développement.

Je lui dirai merci quand elles m’appellent au travail parce que mon enfant est malade. Non, je ne serai pas fâchée parce qu’elles auraient dû m’appeler plus tôt ou qu’elles me dérangent. Je serai plutôt consciente qu’elles ont pris le temps de bien s’en occuper, qu’elles sont probablement aussi inquiètes et bouleversées que moi.

Non, je ne leur ferai pas part de mes insatisfactions devant les autres parents par peur qu’elles se sentent prises au piège. Je serai celle qui va les réconforter après un tel affront pour leur dire que je reconnais leur travail et leurs efforts, qu’elles ne méritent pas d’être traitées de la sorte.

S’il vous plaît, faites attention à vos éducatrices, elles méritent le respect comme si elles faisaient partie de la famille. Elles passent leurs journées avec vos enfants, elles sont leurs amies et sont signifiantes dans leur vie. Elles méritent de se sentir appréciées et d'être remerciées de tous leurs efforts.

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N’oubliez pas que certains enfants ne comprennent pas qu’être éducatrice puisse être un travail. Dans leur réalité, le travail équivaut à l’absence. Chaque changement dans la société commence par un choix personnel, c'est vous qui détenez le pouvoir de respecter votre éducatrice et de montrer le bon exemple des relations humaines saines. Les problèmes de vos enfants ne sont pas tous de notre faute, il faut parfois se regarder le nombril et arrêter d'accuser les autres.

À vous qui arrivez chaque soir avec le sourire et qui travaillent en collaboration avec votre éducatrice, je vous dis merci. Vous faites la différence. Continuez, car ça fait plus de bien que vous le croyez. Si vous comprenez que nous ne sommes pas parfaites, que nous faisons de notre mieux et que le plus important est que votre enfant soit aimé/respecté, vous êtes merveilleux. Sachez que votre enfant est chanceux de vous avoir, pis nous aussi. <3

- [ Mlle Cafards]

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