Mon corps est une véritable échappatoire : « si t’aime pas qui je suis, regarde ce que je suis. » Ça met un baume sur les perceptions négatives que j’ai de moi-même. Bel essai, mais au final, je ne me sens pas mieux.

Un jour au Cégep, j’étais assise à côté d’un gars inconnu qui m’a gratuitement dit: « une chance que tu es bien roulée, parce que sérieusement, ta face laisse à désirer ». Allo l’impertinent! Ce que tu ne sais pas, c’est que ma confiance et mon estime sont touchées par tes propos. Depuis trop longtemps, je me tape sur la tête toute seule, pas besoin de toi pour le faire.

Je me suis souvent arrêtée sur mon physique pour me valoriser. C’est la seule chose que j’ai longtemps estimée de moi. Là, je parle de mon corps, pas de ma face! On peut s’imaginer les répercussions sur la vie d’une jeune fille de la génération des milléniaux qui se valorise par son corps, ce n’est pas toujours rose.

En psychologie ont parle du soi idéal et du soi réel. En fait, si l’écart est prononcé entre les deux, tu risques d’avoir une estime de toi plus faible, c’est mon cas.

Je suis consciente du concept de s’aimer soi-même avant d’être aimé par les autres, mais ça m’a nui dans toutes mes relations. Je dégage l’assurance et la détermination, mais en dessous, il y a une petite fille qui ne désire que s’accepter comme elle est.

fenêtre, dimanche, extérieur

Assise-là, dans ma tête, figée. J’observe à travers mes yeux qui sont comme une fenêtre. De l’autre côté, tout semble si clair. Je suis prisonnière de mes pensées, je rêve à ce qu’il se trouve de l’autre côté. La fenêtre est coincée et je veux la casser, mais pas capable d’y arriver. J’ai tenté de voler au-dessus, mais mes ailes ne se déploient pas. Elles sont brisées, je suis blessée. J’étouffe, et ce, depuis trop longtemps.

On va se le dire, je suis née dans la ouate. L’environnement dans lequel j’ai évolué était favorable à mon épanouissement. Mes parents s’aiment et se respectent depuis au moins 33 ans, depuis leur mariage. Ma sœur, mon frère et moi n’avons manqué de rien, j’ai le luxe de dire que tout ce beau monde est en santé.

J’y pense, j’y pense sérieusement et peut-être trop. J’en reviens toujours à la même conclusion : c’est moi et moi seule qui me retiens. Mon éducation et les chances que j’ai eues dès ma naissance ne sont pas négligeables, mais il m’en faut plus. Mon milieu ne me définit pas, même qu’il m’influence et crée une certaine pression.

Une pression supplémentaire à réussir ma vie, comme mes parents, comme une vie Pinterest. Pour moi, il est inconcevable de penser que je pourrais me séparer d’un homme avec qui j’aurais des enfants. Un échec? Un jugement? Un obstacle à l’engagement? Peut-être... Oui.. Je sais.

Cet idéal est un terrain épineux pour moi, probablement l’opposé de ce que je suis. Je déplace de l’air, dérange, ont me juge facilement parce que je semble avoir le vent dans les voiles. Je suis impulsive, colérique, insécure, je ferme mal les pots, me compare constamment et je suis gaffeuse, une vraie.

Ma frontière entre l’idéal et la réalité est trop éloignée. La distance entre ce que je veux ÊTRE et ce que je SUIS est trop large.

fenêtre, prisonnière

Je chemine, je m’approche constamment de la fenêtre. J’ai hâte de trouver ce qu’il faut pour passer outre, mais je suis patiente. Tu vas voir, je vais réussir pis ce jour là, mes ailes vont se déployer et plus rien ne pourra m’arrêter. Parce qu’au final, je suis aussi drôle, souriante, attachante, dynamique, aimante et fonceuse.

Je t’aime cafard, tu fais partie de moi, tu es moi et je commence à t’accepter.

[Mlle Carfard]

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