Des fois, c'est dur d'être une fille

On en parle souvent ici et on n'est vraiment pas les seuls à le faire. Parfois, c'est difficile d'être une fille, même en 2016, même au Québec. Le catcalling, les commentaires déplacés sur notre physique, les jugements gratuits, les "obligations" d'être "belle", de se maquiller, se raser, s'épiler, porter des soutiens-gorge, devoir s'habiller "correctement" sinon on provoque........ et j'en passe.

Ce matin, mon collègue JP a confronté deux éboueurs qui faisaient des compliments déplacés à une fille qui marchait tranquillement dans la rue et, quand il a réagi, évidemment, les deux gars ne comprenaient pas le mal à complimenter une belle fille. Tantôt, une de mes amies a partagé sur Facebook ce qui lui est arrivé ce midi: elle s'est fait dire qu'elle avait une belle grosse poitrine. Elle l'a giflé sans réfléchir et il l'a frappée en retour. Traumatisant comme expérience. Ce genre de choses ne devrait JAMAIS arriver, ce n'est pas correct de complimenter quelqu'un qui n'a rien demandé sur son physique dans la rue. Facile à comprendre, il me semble.

Toujours aujourd'hui, ma collègue MJ m'a envoyé le projet SELF LOVE de la photographe américaine Jess Fielder. Elle a demandé à plusieurs femmes aux physiques différents et d'âges variés d'écrire sur un carton quelque chose de méchant sur leur physique qu'elles se sont déjà fait dire et, sur un autre, quelque chose de vrai et de positif par rapport à elles-mêmes SANS que ce soit lié au physique. Les visages de ces femmes s'illuminent lorsqu'elles tiennent le 2e carton. Par contre, là où je veux en venir, ce n'est pas que ce projet est une bonne idée et que c'est merveilleux, c'est le cas, bien sûr, mais ce qui me choque, ce sont les commentaires. Eh oui, les maudits commentaires sur internet. Sous les photos d'un projet qui vise à promouvoir la diversité et l'amour de soi-même, il me semble que ce n'est pas nécessaire de traiter une fille de baleine, de dire qu'elle prône l'obésité, qu'elle n'est pas en santé... Qu'est-ce qu'on en sait? Sérieusement. Sur une autre photo, une des femmes a le bras relevé et on voit son aisselle pas épilée. SCANDALE! Alors qu'il y a plusieurs commentaires sur les précédentes photos d'elle disant qu'elle est magnifique, quand on découvre une aisselle velue, c'est dont inacceptable, ça ne se fait pas, c'est laid, ce n'est pas féminin, pis toute. Hey, peut-on gérer notre propre poil et laisser les autres gérer le leur? Son corps, son choix. Si les médias nous disaient que c'est beau du poil sur une femme, on aurait honte de celles qui se rasent. Au final, on se laisse toujours dicter ce qu'on doit faire par la société. Comment ça se fait que le "vivre et laisser vivre" soit si difficile à appliquer? C'est pourtant si simple comme principe.

Source: Jess Fielder Photography

J'ai particulièrement aimé la citation utilisée par la photographe pour partager son album: «You Don't Have to Be Pretty. You don't owe prettiness to anyone. Not to your boyfriend/spouse/partner, not to your co-workers, especially not to random men on the street. You don't owe it to your mother. You don't owe it to your children. You don't owe it to civilization in general. Prettiness is not a rent you pay for occupying a space marked female.» - Erin McKean

Traduction libre: «Tu n'as pas l'obligation d'être belle. Tu ne dois pas de beauté à personne. Pas à ton chum/époux/partenaire, pas à tes collègues, surtout pas à des hommes inconnus dans la rue. Tu ne le dois pas à ta mère. Tu ne le dois pas à tes enfants. Tu ne le dois pas à la civilisation en général. La beauté n'est pas un loyer que tu paies pour occuper un espace marqué femme» - Erin McKean

Je pense que c'est important de continuer à en parler. On est tellement conditionné à penser ceci ou cela depuis la tendre enfance que, parfois, on commente sans réfléchir, que ce soit sur le web, en personne ou dans le dos de quelqu'un. J'espère qu'un jour, on sera capable de faire la part des choses et se concentrer sur le positif. Se complimenter, s'admirer et s'inspirer plutôt que de juger, dénigrer et insulter sans savoir. Tu peux choisir de te raser ou de rester naturelle, tu peux choisir de porter un bikini et le rocker sur la plage peu importe ta taille ou non, tu peux choisir de sortir en mini-jupe ou en décolleté sans devoir t'attendre à recevoir des commentaires désobligeants. Sois toi-même, pour toi, pas pour personne d'autre.