Je. Me. Moi. On se fait souvent reprocher d'être une génération centrée sur elle-même. On l'entend, on se le fait dire. Je l'entends souvent. Je sais qu'une partie est vraie. Je ne vais pas nier qu'avec LeCahier, je parle souvent au «je», c'est le propre d'un blogue, je me vois souvent en photo et en vidéo et je cultive mon image au quotidien sur internet. Mais je pense souvent à vous aussi. Par contre, ce serait mentir que de dire que je ne pense pas à mon corps à chaque jour. Dans un texte, je vous expliquais qu'on est malade en gang (à lire ICI) et je le  pense vraiment. Je me fâche moi-même à me surprendre à monter sur la balance et à me féliciter de ne pas avoir pris trop de poids dans le temps des fêtes, je me surprends à parler de corps chaque jour avec quelqu'un. Ou presque. Sans me faire la réflexion que c'est le coeur du problème.

Et si on décrochait de soi.

Si le moi laissait place au nous plus souvent. Je suis vraiment mal placée pour parler, je ne vais pas cesser de faire des looks ici et de vous écrire au «je» comme dans un journal intime, mais dans ma vie, pour avoir un moi plus heureux, je sais que je dois penser à ceux que j'aime. C'est comme avec les cadeaux de Noël, je préfère de loin offrir un cadeau qu'en recevoir un. C'est bizarre, c'est tordu, mais c'est cela. De voir quelqu'un que j'aime ouvrir un cadeau me rend infiniment plus heureuse que d'en ouvrir un moi-même. Point. Et quand on apprend à décrocher de soi, on ouvre l'oreille à ceux qu'on aime, à l'autre et ultimement à plus grand que notre petit cercle.

Décrocher de soi, pour plusieurs femmes occidentales, c'est d'abord décrocher de notre corps. Ce corps qui est si important, je le conçois. Au courant du temps des fêtes, j'ai eu le malheur d'être témoin de deux décès de personnes proches de ceux que j'aime. La santé, c'est dorénavant ce que je souhaite avant tout. Mais ce corps, outre la santé, nous obsède souvent d'abord pour son apparence. Et ça, c'est de l'énergie tellement dépensée inutilement.

Et je suis coupable. Quand je vais au spa avec mes amies, avant de sortir, je me regarde toujours le ventre. Si j'ai le malheur de me sentir gonflée, j'y penserai plusieurs fois dans la journée. Et ça la gâte un peu. C'est con! Vraiment! Et je travaille fort pour que ça arrête. Parce que j'ai fait le premier pas. J'en suis consciente. J'ai aussi la chance d'avoir des amies qui me connaissent et qui savent quoi me dire (Viv est tellement la meilleure dans ce domaine). Mais en 2016: je veux décrocher de moi physiquement. Je veux que Camille se déroule entre les deux oreilles plus que tout parce que la petite Camille du secondaire, qui regorgait de rêve, qui n'en avait rien à foutre de son look, elle c'est celle que je veux encore être. Parce que j'étais fière d'avoir un sens critique, j'étais fière de m'impliquer en politique, j'étais fière d'écrire mes pièces de théâtre, j'étais fière  d'être qualifiée d'intello.

Et c'est étrange, mais j'ai une relation d'amour-haine avec mon métier. J'adore bloguer. J'adore la liberté qu'offre la plateforme et les opportunités qui viennent avec cette dernière. Mais quand on me dit « tu es blogueuse», je sens souvent le besoin de me justifier, d'expliquer mes choix, de dire que je suis avant tout femme d'affaires, que la passion me guide, que je suis réfléchie. Pourquoi le terme blogueuse peut sonner si péjoratif? À cause de l'ampleur du Moi dans ce boulot. Que je n'accepte pas encore totalement je pense...

Me voici donc sans retouche ni artifice, pour que je décroche de ce moi... aussi contradictoire que cela puisse être, la blogueuse en moi vous présente un nouveau look en lingerie, toute gênée. Je suis consciente d'être en contradiction sur ces photos avec ce que je dis... mais c'est cela mon métier: un métier dans le gris, toujours, toujours...

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Le look:

Sous-vêtements: Triumph

Photos: Eva-Maude TC

Lieu: La ruche blanche
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