Je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais quatorze ans, j’étais en troisième secondaire. C’était la période de consolidation, période bénie ou l’on pouvait faire nos devoirs en toute quiétude. Puisque j’avais terminé les miens depuis belle lurette, je discutais tranquillement avec ma meilleure amie de la lettre que je voulais envoyer à un possible correspondant en Haïti. Je mettais l’accent sur le fait que je voulais lui envoyer des photos de notre ville et de notre école quand soudain, la fille derrière moi m’a apostrophée :

Tu ne comptes pas lui envoyer des photos de toi, j’espère? Il ne faudrait pas lui faire peur!

***

Autre temps, autres mœurs. Cette fois, c’était en cinquième secondaire. Un garçon (populaire, of course) est venu me voir pour me dire que les autres garçons avaient fait une liste des filles les plus laides de notre niveau, et que j’avais l’honneur d’être en tête de liste. Bravo, m’a-t-il dit avec un sourire moqueur.

***

Source image : Unsplash

Les gens ont leur manière de réagir à la méchanceté gratuite. Tout d’abord, il y a la personne qui hausse les épaules et qui s’en fiche. Ensuite, il y a la personne qui réplique du tact au tact. Enfin, il y a la personne qui fige, parce qu’elle ne sait pas quoi répondre. Hélas, je suis de cette dernière catégorie. Quand on m’attaque de manière malicieuse, les mots se bloquent dans ma bouche et mes jambes se mettent à trembler. C’est que je ne sais absolument pas comment réagir, les questions se bousculent dans ma tête. Comment peut-on être aussi désagréable? Qu’est-ce que j’ai fait de mal pour mériter de tels mots? Que dois-je répondre? Comme j’aimerais être cette personne qui réplique, qui sait trouver LA phrase parfaite pour clouer le bec de son interlocuteur! Puisque je ne serais jamais comme cela (les répliques assassines, ce n’est pas mon genre) je ne peux que travailler sur moi et me moquer de ce que les autres peuvent bien penser. De toute manière, les gens méchant ne le sont-ils pas parce qu’ils sont malheureux eux-mêmes?

P.S : Parfois, la vie se charge elle-même de nous venger. Quelques années plus tard, après un changement physique important, le gars qui m’avait traitée de laide au secondaire est venu me voir pour m’inviter au restaurent. Pour toute réponse, j’ai cité Julie Snyder du Banquier : cette offre est RE-FU-SÉE!

Source image principale : Unsplash

Accueil