Souvent, dans les derniers temps, on m’a dit « Émilie, prends soin de toi » ou « Émilie, pense à toi en premier ». Et ce matin je suis arrivée à une conclusion qui m’a fait un peu peur… Je n’ai aucune idée comment faire. Je n’ai aucune idée comment penser à moi en premier, à travers l’école, le travail, les problèmes de la vie quotidienne, et tout ce qui me tourmente.

On rit bien ces temps-ci avec la fin de session et à quel point être étudiant c’est difficile, épuisant et comment ça peut drainer l’énergie. Plusieurs personnes m’ont dit « Tu vas t’ennuyer d’être à l’école quand tu entreras sur le marché du travail ! ». Et même moi, au CÉGEP, j’me disais que je n’avais pas hâte de finir, parce que j’étais bien, moi, à faire mes p’tits travaux, aller à mes cours et vivre ma vie à côté, sans avoir trop de responsabilités à part passer mes cours! J’ai toujours eu beaucoup de facilité à l’école, je suis travaillante et je me demande beaucoup à moi-même et aux autres. Naître perfectionniste, cela a ses inconvénients et ses avantages!

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Source: TheStudyingDinosaur

Et puis là, j’suis arrivée à l’université. La claque dans la face que j’ai eue! C’était toute une marche. La Émilie confiante en ses capacités, qui était stressée un peu mais qui s’en sortait bien avait complètement disparu.

La pression m’a changée. Déménager loin de ma famille, changer de travail, avoir cinq cours à l’université, jongler avec les travaux d’équipe, les examens et l’implication… Tout ça, c’était enrichissant, mais c’était un énorme fardeau pour moi. Chacun a ses limites et moi, je l’avais atteinte. Le système d’éducation, le monde du travail et nous-mêmes, on s’en demande beaucoup trop. Et moi la première, je ne me demande rien de moins que la perfection.

Dites-moi, comment nous sommes supposés ;
1. Manger sainement
2. Faire nos travaux à temps et sans trop procrastiner (et qu’ils soient de qualité)
3. Dormir assez chaque nuit
4. Gérer les travaux d’équipe qui sont, disons-le, presque toujours autant plaisants que de travailler dans une boutique le jour du Boxing Day
5. Travailler pour pouvoir payer nos vivres et pour pouvoir acheter ce qu’il faut pour le #1 (et aussi pour du café, parce qu’on ne respecte jamais le #3)
6. S’impliquer dans son milieu pour se démarquer
7. Trouver du temps pour relaxer et avoir ses moments à soi, parce que t’sais, pas le choix
8. Avoir un minimum de vie sociale
9. Étudier suffisamment pour les examens
10. Tout simplement aller aux cours
11. Trouver de la motivation quand on a de la difficulté à avoir de la motivation à sortir du lit (le point #3 est certainement le plus négligé)

Tout ça en étant le plus performant possible dans le plus de sphères possibles en ne mourant pas de stress.

mental breakdown

Source: MemeSuper

On nous a lavé le cerveau et conditionné à vouloir atteindre la perfection, à performer, à se dépêcher à entrer sur le marché du travail. On nous a conditionné à penser que nous étions définis par des bouts de papier, des chiffres et des lettres.

Cette société de performance me rend complètement folle. Et je m’en rends de plus en plus compte depuis que je suis à l’université. Pourquoi on se donne tout ce mal? Pourquoi on s’impose autant de stress pour recevoir quoi au final? Une note sur un bout de papier? Un diplôme? Une tape dans le dos de ton employeur? Une bourse?

Oui, c’est important de se démarquer, mais à quel prix? Ta santé mentale vaut plus qu’un « A » sur ton relevé de note et ta nuit de sommeil est plus importante que l’étude que tu es en train de faire. Ça ne t’entrera pas dans la tête de toute façon.

On se rend fou à vouloir être les meilleurs, avec la rapidité dans tout ce qu’on connaît aujourd’hui. On veut toujours aller plus vite, être mieux que son voisin et on se rend encore plus compte que nous sommes tous remplaçables.

Mais c’est correct, on ne changera pas le monde. La valorisation de la performance n’est pas d’hier et ne se terminera pas demain matin. Il faut juste décider de lâcher prise. De s’efforcer d’être la meilleure version de soi-même, de faire ce qu’on peut, dans le temps qu’on peut.

Si une soirée j’avais prévu étudier et que je suis tellement fatiguée que je finis par écouter Netflix avec des chips… et alors? Si je pensais avoir bien étudié pour un examen et que je n’ai pas une si bonne note que prévu…et alors?

Se prendre la tête, ça n’avance à rien à part s’épuiser à petits feux. En cette fin de session, je vous souhaite le meilleur des succès et d’être indulgents envers vous-mêmes. Vous le méritez. Arrêtez de vous mettre plus de pression qu’il est possible d’en porter. Arrêtez de croire que vous vous définissez par votre performance. Ce n’est pas une note sur un bout de papier qui définit votre valeur, pis vous l’savez.

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