Ces matins tristesse...

Je me suis réveillée en me disant que je ne pouvais plus. J’ai mis un pied hors du lit en priant pour que le reste du corps suive. Je me suis approchée du miroir, et j’ai vu un reflet que je ne connaissais pas. C’est ça, je ne me reconnaissais plus.

Alors j’ai frappé si fort dans les airs que des larmes se sont mises à couler. J’ai eu mal. Pas à la main, mais à l’âme. J’ai eu mal de voir que ce que je devenais ne me ressemblait tellement pas.

J’ai laissé les larmes ruisseler sur mon visage, et j’ai continué à m’observer. Les yeux bouffis, les joues ravagées, je commençais seulement à redevenir moi. Fallait que je pleure un bon coup, que je sorte toute cette tristesse, cette rancœur, toutes ces choses qui m’ont fait mal à la tête.

C’est la première fois que je pleurais, de bon matin, avant même d’avoir ouvert mes rideaux. Comme si mon cœur avait attendu toute la nuit pour déverser sa tristesse par mes yeux.

Ce jour-là, je me suis dit que j’étais pathétique. Mais que j’avais le droit. Le droit d’être triste, malheureuse et de n’avoir envie de rien. Ce jour-là, je me suis aussi dit que, pour une fois, je pleurais par ma faute, sans aucune intervention extérieure. Je pleurais parce que j’avais changé et que mes actes ne me ressemblaient plus.

J’avais 17 ans, des parents séparés, des histoires à dormir debout et pourtant j’avançais. Sans être moi, sans avoir pris la peine de savoir comment je voulais vivre et qui je voulais être.

Aujourd’hui, j’ai 24 ans et je me rappellerai ce matin toute ma vie. Parce que j’ai parfois des matins comme celui-ci, ou j’efface d’un revers de main les grosses larmes qui perlent sur mon visage. Mais maintenant, en retirant ces traces de tristesse, je me regarde dans le miroir et j’arrive à sourire.

On a tous des matins difficiles. Des soirées où le sommeil ne vient pas, parce qu’un événement a chamboulé ta journée. C’est pas grave. Faut juste apprendre à le gérer. Du moment que tu te reconnais dans le miroir, du moment que tu n’as pas envie de frapper dans les airs pour disparaître, tout ira bien.