Courir n'est pas naturel pour moi. Je ne mentirai pas. Même alors que je m'entraînais plus de 30h par semaine, la course était une de mes bêtes noires. Quand je courais, je m'imaginais me coucher sur le ventre dans les airs et nager. C'est ridicule. Oui, mais c'est la réalité. Puis, j'ai cessé de faire de la natation de compétition, en fait, j'ai momentanément cessé de faire du sport par moi-même, seulement lorsque je suis entourée d'amis. En vieillissant, mon approche au sport s'est vraiment transformée. Oui, je continue de la faire parce que j'aime cela, mais je n'ai plus d'esprit compétitif comme auparavant. Je ne veux pas gagner, même contre moi-même. Pendant toutes mes années de natation, je connaissais mes temps par coeur, mon nombre de kicks après mon plongeon de départ, mon nombre de coups de bras par minute, etc. Tout devenait une statistique. Moi qui n'aime pas les mathématiques, je calculais tout pour réussir à diminuer mon chrono. Je voulais atteindre un niveau de performance toujours plus haut. Je pensais à la natation même alors que je devais être en classe, je pensais à ma technique, aux compétitions à venir et à mes blessures. Je n'étais jamais plus heureuse que dans l'eau.

Je ne pense plus comme cela. À 19 ans, quand j'ai quitté le monde compétitif, j'ai changé. Drastiquement. Mais la natation avait laissé un souvenir indélébile dans ma vie et avait forgé ma personnalité, sans que je ne le sache.

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Maintenant, je m'entraîne parce que j'aime cela, parce que j'aime le sentiment que ça me procure. J'aime sentir mon corps en puissance, savoir que je peux le faire et que je peux repousser mes limites. Le temps? Il m'importe peu, sinon pas du tout. Gagner, je m'en fous. Complètement. Je le fais pour être bien. Et j'ai appris à aimer la course. Ce sport qui ne me disait rien adolescente fait maintenant partie de ma vie. Mon amour de la course a recommencé alors que j'étais en voyage en Jamaïque avec Virginie. On était parties avec nos sacs à dos sans itinéraire certain dans ce pays qu'on ne connaissait pas. On ne se connaissait pas tant non plus elle et moi à l'époque. J'ai alors appris qu'après une soirée de fête, Viv aime se reposer vers 16h. Je préfère bouger à ce moment-là de la journée. Ainsi, pensant une semaine, alors qu'elle s'étendait sur la plage pour lire, je partais courir pieds nus en maillot de bain jusqu'à ce que le soleil se couche. Et c'est devenu un moment magique. Ce moment que je voulais reproduire en revenant à Montréal. Mais ce ne fut pas facile. Montréal n'a pas la chaleur de Negril ou le confort du sable, je ne vivais pas le même sentiment de liberté quand je mettais mes écouteurs. 

Je devais trouver une solution.

J'habite le Plateau, j'ai donc décidé de trouver cet endroit qui me ferait sentir bien. Pour moi, c'est le Mont-Royal. Et je sais que je ne suis pas seule, c'est le lieu de prédilection de nombreux coureurs de Montréal. Chaque fois que je commence à gravir la montagne, je laisse derrière moi mes soucis et je me laisse aller, mes pieds me guident et je me sens bien.

Courir est devenu ma petite thérapie personnelle qui me montre, jour après jour, que le sport n'est pas compétition, mais plaisir. Purement. C'est à chacun de trouver sa manière de bouger, mais de le faire, d'oser avoir mal au début et de le faire sans trop se poser de questions. J'ai souvent l'impression qu'on a peur du jugement quand on parle de sports, parce que le sport est associé à la performance. Et si on s'en foutait? Si la performance n'avait pas d'importance puisqu'il est ici question de santé? Je ne suis pas une bonne coureuse. Et alors? Je le fais pour moi. Tout simplement.

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Le look:

Vêtements - Industry Active

Souliers - Brooks

Photo - Vince Leblanc

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