À quoi s'attendre quand... On est boulimique

Très cher blogue,

Je ne sais pas à qui m’adresser. J’ai un problème et je n’ose pas en parler à mon entourage de peur que tout le monde m’étiquette. Je suis boulimique. Pas intensément là… juste un peu. Genre 1 fois par semaine. Mais, bon, je sais que ce n’est pas un comportement normal. Avez-vous des conseils pour une fille comme moi qui voudrait s’en sortir sans devoir le crier sur tous les toits? Après tout, vous parlez souvent de la santé…
En espérant lire sur le sujet bientôt,

Une anonyme reconnaissante.

Chère anonyme reconnaissante,

Tu me prends un peu par surprise. Entre les problèmes de cheveux et de voyage, je dois avouer que je ne m’attendais pas à un message du genre. Par contre, je sais déjà que tu es sur le bon chemin puisque tu reconnais ton trouble et que tu souhaites t’aider. C’était le plus grand pas à franchir. Maintenant, on va décortiquer le tout ensemble. Ici, je vais parler aux filles, mais je tiens à préciser que le problème peut aussi toucher les gars.

La boulimie, c’est quoi ?
La boulimie est un trouble alimentaire complexe et grave. La victime va se gaver (hyperphagie) de nourriture de façon exagérée puis elle va tenter de se débarrasser de ce trop-plein de nourriture. On a souvent l’image de la fille qui va se faire vomir en cachette après le repas. Mais, selon les cas, la boulimie s’arrête simplement à la phase de gavage et peu de personnes le savent. Si la personne se rend à la deuxième phase ; la purge, elle peut se faire vomir, prendre des laxatifs ou même aller faire une activité physique de manière excessive immédiatement après avoir mangé pour se débarrasser de tout. Bon, là, lectorat, don’t panic, ce n’est pas parce que tu fais du sport après avoir mangé que tu es boulimique, on s’entend.

De manière simplifiée (on se rappelle que je ne suis pas psy) la boulimie, c’est un peu comme un cercle vicieux. La victime va vivre une situation désagréable qui la met dans une position de perte de contrôle, exemple : son copain vient de la laisser, elle se sent rejetée par des amies à l’école, elle pense avoir échoué un examen et cela la stresse, etc. Afin de se rassurer/noyer ses problèmes la personne va se gaver. Une fois que c’est fait, elle va se sentir coupable, puis elle va vouloir « brûler » son trop-plein de nourriture. De plus, j’ai lu à plusieurs endroits qu’un trait typique d'une boulimique est d’être manipulatrice. Attention, les personnes atteintes de boulimie ne sont pas des manipulatrices comme on peut l’entendre par ce terme. C’est simplement qu’elles vont faire en sorte que leur entourage ne se rende pas compte du problème pour éviter les jugements ou les représailles.

Les répercussions de la boulimie
Naturellement, on s’entend que la boulimie a des effets négatifs sur ses victimes. La boulimie peut mener à d'autres troubles psychologiques tout aussi graves comme la dépression. De plus, les personnes atteintes vont vivre un certain isolement. C’est normal, elles ne veulent pas en parler et elles vont cacher cet aspect de leur vie (c'est un peu ce que tu me décris Anonyme). Elles se préoccupent beaucoup de leur apparence physique. Pourtant, ce qu’il y a de paradoxal, c'est que les victimes qui désirent perdre du poids peuvent développer une hyperphagie chronique (gavage chronique) et prendre excessivement de poids. Tout le contraire du résultat espéré. De plus, tout dépendant de la façon dont les phases de purge sont exécutées, les répercussions peuvent être très dangereuses, voir désastreuses, pour le corps.

Quoi faire pour s’aider si on est boulimique
Anonyme, la première chose et la plus importante que tu dois faire est d’en parler à un professionnel. Si tu es au secondaire, il y a un psychoéducateur à ton école. Prends rendez-vous avec lui. Gâte-toi et vas le visiter pendant le cours que tu aimes le moins (tant qu'à manquer un cours hihi). Il se peut qu'il te réfère à un collègue plus compétent que lui pour aborder le sujet. Quoiqu'il en soit, il t'aidera à combattre le problème et il te donnera les moyens afin d'y parvenir. C'est son travail. Autrement, tu peux aller à ton CLSC et prendre rendez-vous avec le psychologue. Si tu es au collège ou à l’université, des ressources (tel un psychologue) sont aussi disponibles.

En attendant que tu puisses obtenir ton premier rendez-vous, voici ce que tu peux faire…
-Sors de ton isolement, ça ne sera certainement pas facile, mais si tu arrives à en parler à un proche (juste un) en qui tu as confiance, tu ne peux qu’être gagnante. Tu auras du soutien. Peut-être que sur le coup, ton confident ne saura pas comment réagir. C’est normal, mets-toi à sa place. Une fois l'information assimilée, ton proche va vouloir t’aider. Si tu manques de mots pour le faire, fais-lui lire cet article.
-Identifie les situations qui te mettent dans un état de gavage et évite-les.
-Identifie les aliments que tu ingurgites quand ça ne va pas et évite-les.
-Trouve un passe-temps dans lequel tu te sens bien et pratique-le.
-Fais des choses que tu aimes.
-Apprends à être moins exigeante avec toi-même.
-Lis La revanche des moches de Léa Clermont-Dion.

Crédit photo: Bruno Guérin pour Nightlife

Quoi faire pour aider un proche qui est boulimique
-Si la victime s’est confiée à toi, c’est qu’elle te fait énormément confiance. Laisse-là se confier.
-Ne la juge pas. On ne sait pas par quoi nos amies sont passées ni comment elles vivent certaines émotions. Si ton amie en est là, c’est parce que ça ne va pas.
-Rappelle-lui que tu es là pour elle.
-Aide-là à trouver de l’aide auprès d’un professionnel qui pourra intervenir auprès d’elle. Tu n'es pas psychologue.
-Ne lui demande pas de compte-rendu sur ses phases boulimiques. Elle risque de te mentir dans le but de ne pas te décevoir.
-Pratique des activités bonnes pour le moral avec elle. Par exemple, aller au cinéma, se faire faire les ongles, un cours de spinning ou de yoga, une journée au spa, etc.
-Essaie d’identifier avec elle les situations qui la mettent dans un état boulimique et évite-les.

Voilà Anonyme, j'espère que je t'ai un peu aidée. Si tu as été capable de nous écrire et d'admettre ton problème, c'est que tu es prête pour faire un changement positif dans ta vie et à t'aider. Je te souhaite bonne chance dans tes démarches! Tu en sortiras gagnante, je te le promets.