La fête des pères approche. C'est une fête qui ne signifie rien pour moi et ça depuis toujours, car oui, je fais partie de cette catégorie d’enfants élevés par une mère monoparentale. Par choix ou par malheureux concours de circonstances? Peu importe. La vie a voulu que je grandisse sans papa, sans cette présence masculine. Tu as manqué beaucoup de choses, cher papa. Mes premiers pas, mon entrée à l’école, mes premiers matchs de soccer (tu aurais adoré, toi qui étais un fan), ma graduation, mon premier emploi. Sans compter toutes les fois où j’aurais eu besoin de tes conseils.

père

On dit que la confiance d’une femme se fait par le regard de son père. Moi, je l’ai bâtie toute seule. Tu serais fier de moi si tu me voyais aujourd’hui. Je ne me laisse marcher sur les pieds par personne. J’avance la tête haute, ignorant tous les commentaires négatifs à mon endroit. Plus jeune, j’ai eu à travailler mon petit côté tomboy. Ce côté de moi qui frappait en premier, posait des questions ensuite (c’est une image, je ne frappais pas réellement les gens). Simplement, j’étais tout le temps sur la défensive. Un réflexe de protection, car je ne voulais pas tout le temps demander à ma mère de me consoler. Je détestais la voir triste. Le moins elle était malheureuse, le moins je me sentais coupable d’être un fardeau pour elle. J’avais l’impression d’être un trop gros poids pour un seul parent, car tu le sais que ce n’est pas normal que maman s’occupe de tout. On est jeunes, mais pas aveugles.  

Je ris de cette remarque si souvent faite : « c’est normal si tu ne trouves pas de copain, tu n’as pas eu de père pour avoir un exemple masculin. » Je les choque davantage lorsque je leur apprends que je suis enfant unique. Eh non, même pas un frère pour me donner l’exemple. Ma vie est fichue, n’est-ce pas? Du moins, c’est ce que leur regard de pitié me fait ressentir. Et à chaque fois, je m’en fous éperdument. Sauf que, parfois, la carapace se fend, papa. Et dans ces moments-là, j’ai besoin de ton aide. Je regarde mes amis, mes cousins, et j’imagine ce qu’aurait pu être ma vie si tu étais resté avec nous. M’aurais-tu défendue lorsque maman n’était pas d’accord avec moi? Aurais-tu mis ton droit de veto sur le premier garçon que j’aurais amené à la maison?

Je ne le saurai jamais, mais comme je ne cesse de le répéter à tous ceux qui cherchent à me consoler : je me couche le soir sans le moindre traumatisme même si je-n’ai-pas-de-présence-masculine-dans-ma-vie.

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Tout ce message pour te dire, cher papa, que je vais bien malgré ton absence. La fête des Pères m’aide à me rappeler que, malgré tout ce qui m’est arrivé dans ma vie, j’ai réussi à m’en sortir sans toi et mes échecs ne sont pas dûs à ton absence. Je ne peux juste pas toujours réussir. La vie serait beaucoup trop facile sinon.

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