Je sens encore la fissure dans mon ventre, elle est toute petite, pas plus grosse qu’un grain de riz. Le trou est là quand même et je sens le vent passer au travers.

Une fausse couche c’est abstrait, c’est invisible et intouchable. Comme les choses les plus intenses de la vie, on ne peut que la ressentir. Les autres ne la voient pas et ne la comprennent pas. Ce n’est pas de leur faute, on ne peut pas comprendre ce qu’on n’a pas eu à l’intérieur de soi. On ne peut que faiblement l’imaginer et arrêter son imagination au moment où les larmes nous montent aux yeux.

deuil périnatalSource : Ashton Bingham sur Unsplash

Je ne peux m’empêcher de me demander à quoi tu aurais ressemblé, comment nous t’aurions appelé. Aux pleurs que j’aurais pu entendre la nuit et la chance que j’aurais eue de pouvoir te réconforter au creux de mes bras avec l’intégralité de mon âme maternelle.

Les belles bedaines fleurissent autour de moi et chaque fois qu’elles croisent mon chemin, le pincement au cœur irradie jusque dans ma tête, jusque dans mes pieds. Dieu que ça pince!

Ça pince autant que les minis contractions que j’ai dû ressentir pour te laisser partir. Te laisser aller sans jamais avoir la chance de voir ton doux visage, bercer ton petit corps de bébé rond et toucher ta peau de pêche si parfaite et hydratée.

Je l’admets, je vous envie, je vous envie d’avoir cette chance de porter la vie et de pouvoir la faire naître. Je vous souhaite de tout cœur que l’expérience la plus vivante qui soit aille pour le mieux et se déroule bien, avec paix et confiance et surtout beaucoup d’amour.

Je crois que le seul moyen de se débarrasser de cette grande peine qui nous habite lors de la perte d’une grossesse, est d’accepter qu’elle nous habitera toujours un peu. La mettre en mots et la verbaliser fait partie de la guérison. Il ne sert à rien de vouloir la cacher, de l’enfouir, de l’engourdir et de nier son existence, car elle se fera ressentir un jour ou l’autre de toute façon.

Cette expérience, bien qu’incomplète, aussi courte fut-elle, fera partie du cheminement et de la croissance personnelle que peut nous apporter la vie. Il n’en tient qu’à nous d’en faire une force ou d’en faire un poids qu’on traîne.

Cette force se trouve dans la fissure, elle me rappelle de profiter de chaque instant, car rien n’est garanti et rien n’est éternel…sauf peut-être l’amour. L’amour qui permettra un jour, de mener cette expérience à terme.

maman et enfant
Source : Julie Johnson sur Unsplash

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